Améliorez votre Lancer par Gilles Aubert

    Ce n’est pas l’équipement qui fait nécessairement du pêcheur un excellent moucheur. Certes, celui qui a une bonne canne avec la soie appropriée et un bas de ligne d’une bonne longueur et diamètre adaptés à l’artificielle sélectionnée est favorisé. Mais pour obtenir des lancers délicats et précis, et aussi pour atteindre de grandes distances, la maîtrise de la mécanique du lancer est la clé du succès. Il faut que chaque étape des mouvements de va-et-vient soient bien synchronisés, c’est-à-dire rythmés, précis et contrôlés.

Lancer arrière : maîtrise indispensable

Améliorez votre Lancer
     Sachant que ce sont les mouvements de la canne et le contrôle de la soie vers l'arrière qui constituent l'élan préparatoire au lancer avant, il est nécessaire de bien comprendre et d'exécuter correctement ces manœuvres. Si le lancer arrière n'est pas bien exécuté, il devient pratiquement impossible de compléter un bon lancer avant En fart, c'est au cours du lancer arrière que se produisent la plupart des erreurs de ceux qui éprouvent des difficultés à pêcher convenablement à la mouche.

     Pour bien saisir la mécanique, il est bon de décortiquer chacune des trois étapes qui constituent le principal secret d'un bon lancer arrière, sort le début de relevé plutôt lent de la canne s'enchaînant sur une accélération brusque et se terminant par un accompagnement au ralenti, terreur de la plupart des débutants consiste à effectuer tout le mouvement d'un geste ample et brusque. Il faut au contraire que chacune des trois étapes de déplacement de la canne et de la ligne sort bien rythmée vers le haut et vers l'arrière, avec emphase de la projection entre 2 h et 12 h, le tout devant se passer en souplesse. Pendant cette opération, il est très important que la main libre garde la tension sur la soie afin de toujours appliquer une pression sur la canne.

Étape 1 : le chargement:
     La soie déposée sur l'eau, la pointe de la canne près de la surface, le lancer arrière s'amorce plutôt lentement par un mouvement de remontée de tout l'avant-bras, ceci dans le but de soulever une bonne partie de la soie de la surface de l'eau et de se servir de son poids pour charger la canne. Sur une horloge imaginaire, ce mouvement du bras s'effectuerait de 3 h (position horizontale) à un peu moins de 2 h (environ 45°). Ici, une autre erreur commune consiste à essayer d'effectuer la projection proprement dite dès le départ, avant que la soie sort bien tendue pour un chargement adéquat de la canne.

Étape 2 : la projection:
     À la fin de l'étape de chargement (position 2 h), le mouvement du bras vers le haut et l'arrière s'accélère énergiquement jusqu'à élévation de la canne en position verticale (12 h), cette projection accélérée étant le point crucial du mouvement de propulsion de la soie vers l'arrière.

     Lors de cette projection arrière, la soie doit s'élever puis se déployer derrière vous. Pendant ce déploiement il se forme une boucle dans la soie et son diamètre dépend de l'amplitude du mouvement de la canne. Pour que la soie forme une boucle correcte, il est essentiel que le passage de 2 h à 12 h (la projection accélérée) s'effectue en ligne droite.

     À la fin du mouvement de projection accélérée vers l'arrière, il est important de freiner l'élan du bras et de la canne aux environs de 12 h. L'arrêt de la canne permet ainsi à la soie de se déployer parallèlement à l'eau. Avec de la pratique, vous apprendrez à sentir la position correcte de la canne.

Étape 3 : accompagnement et pause:
     À la fin de cette projection, la plupart des moucheurs marquent le temps d'arrêt avec la canne à la position 11 h tandis que d'autres préfèrent bloquer le mouvement à la position 12 h. Personnellement avec une canne à action rapide je préfère arrêter l'élan vers midi, mais il est vrai que l'action de la canne, la vitesse et la direction du vent le diamètre et la longueur du bas de ligne de même que la grosseur et le poids de la mouche ont une influence sur l'amplitude du mouvement de canne à privilégier. Cependant retenez qu'il ne faut pas déporter la canne trop loin vers l'arrière, car la soie aura tendance à tomber trop bas.

     Le temps de déploiement de la soie peut être accompagné par une continuité au ralenti du mouvement du bras vers l'arrière, de la position 12 h jusqu'à la position 11 h au maximum. Tout en maintenant la canne immobile, on marque alors une pause. Celle-ci et l'absence de mouvement de la canne permettront à la soie de s'étendre bien droit à l'arrière pour que la canne puisse être chargée de son poids en prévision du moment de projection vers l'avant Vous sentirez la légère traction sur la canne lors du déploiement complet de la soie. Si vous n'enregistrez pas cette réaction, c'est que votre impulsion a été trop molle.

Des images

Améliorez votre Lancer
     Pour bien illustrer les mouvements d'accélération et d'arrêt de la canne, lesquels favorisent le déplacement rectiligne de la soie vers l'arrière, imaginons le scénario suivant. Vous êtes assis sur une moto qui file à plus de 75 km/h, et soudain un obstacle surgit devant vous. Instinctivement vous freinez. Certes la moto s'arrête, mais vous en êtes quitte pour un vol plané vers l'avant Par contre, si vous avez le temps d'anticiper il vous sera possible d'appliquer les freins plus en douceur, ce qui vous permettra de demeurer bien en selle sur l'engin. De la même façon, le moucheur conserve le contact entre sa canne et sa soie en terminant son mouvement de projection arrière par un accompagnement ralenti jusqu'à l'arrêt complet à la position 11 h.

     Plus la canne s'arrête loin vers l'arrière, plus la boucle formée par la soie qui se déploie sera de grand diamètre... et non parallèle à l'eau. Plus la boucle est étroite, tout en étant parallèle à l'eau, moins la soie perdra de vitesse et plus vous obtiendrez des lancers à de grandes distances. Si la boucle formée pendant le lancer arrière est de faible diamètre, la résistance de l'air sera réduite, ce qui permet d'augmenter la vitesse de la soie et d'appliquer une bonne pression sur la canne qui jouera encore mieux son rôle de ressort. De plus, le lancer sera exécuté plus facilement sans effort supplémentaire.

     Pour obtenir des lancers plus délicats à la pêche avec des mouches sèches, des pêcheurs expérimentés forment intentionnellement une boucle plus ouverte; ils font souvent de même lorsqu'ils utilisent des streamers, et aussi lorsqu'ils pêchent avec le vent dans le dos. Apprenez à synchroniser tous vos mouvements lors des différentes situations de pêche! Il va sans dire que cette maîtrise ne s'acquiert qu'avec la pratique et la répétition.

ET LE LANCER AVANT

     L’exécution de la projection avant du lancer ne s'amorce que lorsque la boucle de la soie s'est résorbée par un allongement complet de la soie à l'arrière; c'est pendant le moment de pause avec la canne tenue immobile que cet allongement de la soie s'est complété. Notons aussi que dans le lancer à la mouche il faut constamment garder en tête que la soie a tendance à suivre chacun des mouvements du scion de la canne. Si celui-ci oscille d'un côté à l'autre pendant le moment de pause, la soie prendra une forme de serpentin plutôt que de s'allonger bien droit à l'arrière. Au départ du lancer avant subséquent, la canne devra d'abord vaincre l'inertie de redressement de ces courbes avant d'effectuer la projection, et vous perdrez ainsi une partie de la puissance et de la précision du lancer.

     Le lancer avant représente presque une copie conforme, mais inversée, des étapes de mouvement déjà décrites. Il s'amorce par un chargement de la canne assuré par un début de mouvement plutôt lent du bras vers l'avant, de 11 h à 12 h environ. Cette première étape s'enchaîne sur le mouvement de projection accélérée de 12 h à 2 h et se termine par un accompagnement au ralenti, assuré par l'allongement et l'abaissement du bras (vers 3 h) au fur et à mesure du déploiement vers l'avant et de la chute de la soie vers la surface.

     Ce sont là les étapes du mouvement de lancer de base. Ce n'est qu'une fois ces étapes bien maîtrisées que l'on devrait chercher à obtenir des lancers à de grandes distances. Pour y arriver, il faut alors faire un ou deux faux-lancers et appliquer ensuite la technique de la traction simultanée de l'autre main sur la soie pendant chaque mouvement de projection accélérée. Pour accélérer le déplacement de la soie dans les airs, le corps pivote également au niveau de la taille, les hanches et les jambes jouant un rôle essentiel pour transmettre un maximum de puissance.

Références

» Texte & Photos: Gilles Aubert (Mai 2001).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.

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