CHAPITRE I

IL FALLAIT UN DÉBUT

​IL FALLAIT UN DÉBUT
     Nous ne savons pas depuis quand l'homme pêche à la mouche!

     Le premier écrit occidental conservé pouvant nous éclairer sur la pêche à la mouche sèche, nous le trouvons dans "Natura animalius", écrit par Claudius Aelianus; ce livre date de deux cents ans après Jésus-Christ.

     L'auteur y raconte comment les habitants des rives du fleuve Astraeus, entre les villes de Tessalonia et Bérés, en Macédoine, s'y prennent pour capturer les poissons. Il ne connaît pas le nom de ces poissons, mais comme il le mentionne, ils sont tachetés et se nourrissent de mouches portant le nom de Hippurus. Ces mouches, qui ne se retrouvent pas n'importe où, ont la couleur d'une guêpe, mais bourdonnent plutôt comme une abeille. Le poisson prend la mouche à la surface de l'eau et, comme Aelianus le dit: «Tel le loup qui chaparde un agneau du troupeau, ou comme l'aigle qui enlève une oie de la ferme, ceci fait, il regagne sa place

     Et il rajoute: «Bien que les pêcheurs connaissent les agissements du poisson, ils ne se servent point de ces mouches, beaucoup trop fragiles, qui perdent leurs couleurs naturelles et leurs ailes dès que la main les touche. Pour les remplacer, ils enroulent autour d'un hameçon une laine de couleur pourpre, par-dessus laquelle ils chenillent deux plumes qui poussent sous la barde d'un coq et dont la couleur est celle de la cire.» Aelianus nous dévoile aussi que la ligne doit être tressée en crin de cheval et que ces pêcheurs utilisent d'autres appâts artificiels, principalement blancs ou noirs, ou d'autres couleurs, et deux laines, une rouge et une bleue. De plus, sa liste des équipements parle du liège, d'une canne à main fabriquée d'une branche de cornouiller.

     Aelianus avoue qu'il n'a pas vu par lui-même ces pêcheurs en action, mais qu'il rapporte tout cela par ouïe-dire. Quelle description précise cependant! Le nom de la mouche propre à cette rivière; le poisson tacheté (une truite sans aucun doute); l'imitation de la mouche et aussi la façon de monter la mouche artificielle. La mouche que Claudius Aelianus décrit ressemble à s 'y méprendre à la SOLDIER PALMER que nous connaissons aujourd'hui.

SOLDIER PALMER (# 001); Fil de montage: noir 6/0 ou 8/0; Côtes: laminette dorée; Palmure: daguettes de coq, rouges; Corps: laine pourpre; Tête: noire.

     NOTES: Dans la description de la toilette originale, la couleur donnée pour les daguettes de la palmure est rouge (red). Cependant il faut savoir que, dans le monde des éleveurs de coqs de pêche, le rouge est un brun tirant sur le roux, car il n'y a pas de rouge naturel chez les volailles. La couleur pourpre était obtenue en teignant avec une décoction de canneberge. 

     J. Edson Leonard classe cette mouche avec les BIVISIBLES et les HACKLES, c'est-à-dire les mouches chenillées avec des daguettes ou des lancettes sur toute la longueur du corps. De plus, pour ceux que cela intéresse, la traduction du mot "palmer" est "cheniller" l'un derrière l'autre.

     Dans son hypothèse sur les origines de la pêche à la mouche, Skues rapporte qu'en 1897, lors d'un voyage en Bosnie, en Europe centrale, il trouve une technique assez semblable à celle décrite par Claudius Aelianus, ce qui lui fait dire: «Les Vikings dans les premiers temps du christianisme ont ramené avec eux de la Macédoine ou de la Baltique cette façon particulière de prendre du poisson, jusqu'en Angleterre. »

     Pendant les siècles qui ont suivi, peu de choses semblent avoir été écrites sur les mouches et la pêche à la mouche. Il doit bien exister quelques manuscrits qui traitent du sujet. Nous n'y avons cependant pas accès. Nous savons que les Chinois, les Japonais, les Égyptiens, les Romains et les Grecs pratiquaient la pêche à la ligne comme divertissement, mais nous connaissons peu de choses sur les mouches qu'ils utilisaient. Le premier écrit qui nous renseigne vraiment sur les mouches, la façon de les monter et de les utiliser, est "The Treatise of Fishing with an Angle". Ce livre fut écrit entre 1406 et 1450 par Dame Juliana Bernes, mais ne fut publié qu'en 1886.

     Dans cet écrit, Dame Juliana nous décrit douze toilettes de mouches, donc trois sont des mouches sèches. Elle donne deux versions de la RUDDY FLY et de la YELLOW FLY, et une version de la BLACK LEAPER.

     Dame Juliana disait que la RUDDY FLY était une mouche à utiliser au début du mois de mai. Aujourd'hui, les mouches qui se rapprochent le plus de cette très ancienne mouche sont la RED SPINNER et la GREAT RED SPINNER.

RUDDY FLY (alternative "A") (# 002); Fil de montage: beige 6/0 ou 8/0; Ailes: 2 segments d'une primaire de colvert. - Les attacher dos à dos, à 90° avec le corps de la mouche; Palmure: daguette de chapon, rouge; Corps: laine, teinte en rouge; Tête: beige.

     NOTES: Dans la description de la toilette originale de cette mouche, le fil de montage est du chanvre, d'où la couleur beige. La couleur donnée pour la daguette est rouge (redde). Cependant, il faut savoir que, dans le monde des éleveurs de coqs de pêche, le rouge est un brun roux, car il n'y a pas de rouge naturel chez les volailles. La couleur rouge est obtenue en teignant avec une décoction de cochenille.

RUDDY FLY (alternative "8") (# 003); Fil de montage: beige 6/0 ou 8/0; Ailes: 2 segments d'une primaire de colvert.- Les attacher dos à dos, à 90° avec le corps de la mouche; Corps: laine, teinte en rouge; Couronne: daguette de chapon, rouge; Tête: beige.

     NOTES: Dans la description de la toilette originale de cette mouche, le fil de montage est du chanvre, d'où la couleur beige. La couleur donnée pour la daguette est rouge (redde). Cependant, il faut savoir que, dans le monde des éleveurs de coqs de pêche, le rouge est un brun roux, car il n'y a pas de rouge naturel chez les volailles. La couleur rouge est obtenue en teignant avec une décoction de cochenille.

     La YELLOW FLY est une mouche que les pêcheurs du XIVe et XV" siècles employaient au mois de mai. De nos jours, nous pourrions sans doute la remplacer par la LITTLE YELLOW MAY DUN.

YELLOW FLY (alternative "A") (# 004); Fil de montage: beige 6/0 ou 8/0; Ailes: 2 segments d'une primaire de colvert.- Les attacher dos à dos, à 90° avec le corps de la mouche; Palmure: daguette de chapon, rouge; Corps: laine, teinte en jaune; Tête: beige.

     NOTES: Dans la description de la toilette originale de cette mouche, le fil de montage est du chanvre, d'où la couleur beige. La couleur donnée pour la daguette est rouge (redde). Cependant, il faut savoir que, dans le monde des éleveurs de coqs de pêche, le rouge est un brun roux, car il n'y a pas de rouge naturel chez les volailles. La couleur jaune est obtenue en teignant avec une décoction de garance et de quercitron.

YELLOW FLY (alternative "8") (# 005); Fil de montage: beige 6/0 ou 8/0; Ailes: 2 segments d'une primaire de colvert.- Les attacher dos à dos, à 90° avec le corps de la mouche; Corps: laine, teinte en jaune; Couronne: daguette de chapon, rouge; Tête: beige.

     NOTES: - Dans la description de la toilette originale de cette mouche, le fil de montage est du chanvre, d'où la couleur beige. La couleur donnée pour la daguette est rouge (redde). Cependant, il faut savoir que, dans le monde des éleveurs de coqs de pêche, le rouge est un brun roux, car il n'y a pas de rouge naturel chez les volailles. La couleur jaune est obtenue en teignant avec une décoction de garance et de quercitron.

     Il est conseillé dans le Treatise d'employer la BLACK LEAPER au mois de mai aussi. Une CADDIS FONCÉE peut de nos jours remplacer cette mouche.

BLACK LEAPER (# 006); Fil de montage: bleu 6/0 ou 8/0; Palmure: daguette de chapon, rouge; Côtes: frange d'une plume de la traîne du paon; Corps: laine teinte en noir; Tête: bleue.

     NOTES: Dans la description de la toilette originale de cette mouche, le fil de montage est du chanvre, d'où la couleur beige. La couleur donnée pour la daguette est rouge (redde). Cependant, il faut savoir que, dans le monde des éleveurs de coqs de pêche, le rouge est un brun roux, car il n'y a pas de rouge naturel chez les volailles. La couleur noire est obtenue en teignant avec une décoction de sumac; le bleu, avec une décoction de tiges de sarrasin.
Page 2 sur 32