Chapitre VI; Rivières à Pêcher

RIVIÈRES À PÊCHER
     Après nous avoir lus jusqu'ici, votre désir le plus cher, nous le savons bien, c'est d'aller vérifier sur le terrain les conseils que nous vous avons donnés dans ce livre. C'est un désir bien légitime ! Nous sommes fiers d'avoir pu vous communiquer si fortement notre respect pour Salar et nous souhaitons que vous obteniez du succès à la pêche, en suivant nos recommandations. C'est pourquoi, dans les pages qui suivent, nous vous suggérerons de visiter quelques rivières que nous avons eu l'occasion de connaître.

     Loin de nous l'idée de décrire ici toutes les rivières à saumons du Québec et de l'Amérique du Nord! Nous ne les connaissons pas toutes et, même si c'était le cas, ce livre n'est pas un guide complet des rivières. Nous vous proposons plutôt des itinéraires (Bas-Saint-Laurent/Gaspésie, Côte-Nord, Saguenay, île d'Anticosti, baie d'Ungava, Maritimes, Terre-Neuve et Labrador), où vous trouverez des rivières accessibles et intéressantes à pêcher.

     Vous remarquerez que nous parlerons peu des réservations, des tarifs, des dates du début ou de la fin des saisons de pêche, des règlements quant au nombre de prises quotidiennes ou annuelles autorisées, etc. C'est volontairement que nous le faisons, car tous ces détails changent annuellement et nous ne voudrions pas vous induire en erreur en vous communiquant des renseignements qui ne seront peut-être plus vrais au cours de la prochaine saison de pêche. A la fin du livre, dans l'annexe intitulée : Adresses à connaître, nous vous indiquons où vous adresser pour obtenir les renseignements les plus frais concernant la gestion de chacune des rivières mentionnées (brochures gouvernementales gratuites sur la réglementation, sur les ZEC, sur les pourvoiries, des cartes, etc.). A vous, lorsque vous serez prêt à partir en excursion de pêche, de réclamer par téléphone ou par écrit l'information la plus récente. Un voyage de pêche bien préparé comporte déjà de meilleures chances de réussite!

A- MODES DE GESTION

MODES DE GESTION
     Mais, avant de vous parler de rivières, nous vous expliquons brièvement les différents modes de gestion en vigueur pour les rivières à saumons du Québec.

MINISTÈRE DU LOISIR, DE LA CHASSE ET DE LA PÊCHE (M.L.C.P.)

     Certaines rivières ou parties de rivières sont d'accès illimité quant au nombre de pêcheurs. Dans les secteurs contingentés, il ya l'obligation de réserver sa place. Exemples: Matane, Matapédia, Petit-Saguenay, Port-Daniel.

SOCIÉTÉ DES ÉTABLISSEMENTS DE PLEIN AIR DU QUÉBEC (S.E.P.A.Q.)

     Depuis juin 1985, le M.L.E.P. s'est délesté de la gestion de plusieurs rivières à saumons, surtout dans la réserve faunique de l'île d'Anticosti ainsi que dans la péninsule gaspésienne, en les confiant à la S.E.P.A.Q. Il faut donc vous renseigner auprès de cette société d'État à but lucratif pour savoir à quoi vous en tenir concernant chacune des rivières sous sa responsabilité. Exemples: Matapédia, Patapédia, Sainte-Anne, Saint-Jean, etc.

LES ZONES D'EXPLOITATION CONTRÔLÉE (Z.E.C.)

     Toutes les ZEC-saumon offrent des portions de rivières où le nombre des pêcheurs est illimité et d'autres où il y a un contingentement du nombre des saumoniers. Pour les secteurs contingentés, les réservations peuvent être faites quelques mois à l'avance ou bien 48 heures avant le séjour; pour la pêche dans les portions de rivières où il n'y a pas de contingentement des pêcheurs, l'inscription obligatoire se fait au poste d'accueil désigné de la ZEC-saumon en question. Exemples: York, Dartmouth, Bonaventure, Grande-Rivière, Sainte-Marguerite, Laval, Godbout, Grande-Trinité, Moïsie.

SOCIÉTÉ DE GESTION

Il n'en existe qu'une, celle qui gère les rivières Cascapédia (la Grande et la Petite).

ASSOCIATIONS RÉGIONALES

     Dans le cas de plusieurs rivières, particulièrement celles en voie de résurrection, de restauration et de réaménagement, des associations régionales de saumoniers ont décidé de s'occuper de l'accès à la pêche. Pour savoir lesquelles, il vous suffira de vérifier s'il n'y a ni gestion gouvernementale, para-gouvernementale ou de gestion par une ZEC-saumon, par une pourvoirie ou par un club privé. Quelques exemples: la Gouffre, la Ouelle, la Rimouski, la Mitis, Jacques-Cartier, etc. Cependant, il peut arriver, surtout sur la Côte-Nord, que certaines rivières soient à accès totalement libre (sans gestion aucune).

POURVOIRIES

     L'accès aux rivières où il existe des pourvoiries est, presque toujours, très contingenté. Évidemment, il vous faut obtenir une réservation à l'avance pour y pêcher.

CLUBS PRIVÉS

     L'accès est limité aux membres seulement, ou aux propriétaires privés, ainsi qu'à leurs parents et amis. Exemples: des portions de la Moïsie, de la Saint-Jean, de la Godbout, de la Grande-Cascapédia, de la Matapédia, etc.

AUCUN GESTIONNAIRE

     L'accès est totalement libre. Il peut s'agir de rivières qui ne sont pas officiellement classées comme rivières à saumons (ex.: la Trois-Pistoles, la Portneuf), ou bien des rivières surtout situées sur la Basse-Côte-Nord.

B- La Jacques-Cartier

     La rivière Jacques-Cartier, située à quelque 50 km (30 mi) à l'ouest de la ville de Québec, est actuellement la rivière à saumons la plus à l'intérieur des terres. La présence actuelle du saumon atlantique dans cette rivière, située à des centaines de kilomètres de l'Atlantique, a toute une histoire, que nous devons vous raconter brièvement.

LA JACQUES-CARTIER
     En 1976, trois «fous braques» du saumon (François de B. Gourdeau, Romain Boivin et André-A. Bellemare) se réunissaient dans le sous-sol de la maison de Boivin, à Charlesbourg, pour préparer la création de l'Association des pêcheurs sportifs de saumons du Québec (AP.S.S.Q.). Dès la première réunion officielle du groupement, Guy-Noël Chaumont, de Sainte-Foy, alors intégré au groupe des membres fondateurs, était particulièrement intéressé à promouvoir des projets de restauration de rivières à saumons dans l'est du Québec (surtout pour les rivières jacques-Cartier et Grande-Escoumins). Chaumont avait mis la main sur des documents de 1955, dans lesquels le juge Napoléon Beaudet (de Charlesbourg) demandait, à titre de membre de la Société Provencher, la restauration de la jacques-Cartier.

     À l'instigation de l'AP.S.S.Q., des groupes populaires ont rapidement été créés pour réintroduire le saumon atlantique dans la jacques-Cartier, la Gouffre, la Noire, la Petit-Saguenay, la Mars, l'Escoumins, la Franquelin, la Aux Rochers, la Ou elle, la Trois-Pistoles, la Rimouski, la Mitis ... pour ne nommer que celles-là! Mais, revenons à notre jacques-Cartier.

     À compter de 1979, l'AP.S.S.Q. a passé le flambeau au Comité de restauration de la jacques-Cartier (C.R.J.C.), qui a réussi ce que bien des personnes jugeaient impossible: réintroduire le saumon atlantique après une absence de près d'un siècle. Juste retour des choses: c'est Guy-Noël Chaumont qui a pris le premier saumon à la mouche (d'un poids de 3 kg, 6 lb 8 oz), le dimanche 10 juillet 1983, au pied du barrage de la Domtar à Donnacona.

     C'est à 11 h15, le samedi 13 juillet 1985, que le premier saumon a franchi la passe migratoire construite dans le barrage de la Domtar à Donnacona (un gros géniteur pesant 4,5 kg -10 lb). Depuis, c'est par centaines que les géniteurs remontent annuellement cet important cours d'eau.

     La Jacques-Cartier, longue de plus de140 km (90 mi), est alimentée par 23 rivières, d'une longueur totale de 730 km (450 mi), elles-mêmes alimentées par 72 lacs. C'est donc dire que le bassin hydrographique de la Jacques-Cartier est huit fois plus important que celui de la rivière Matane. En juin 1986, le géomorphologue André Boudreault révélait l'existence de quelque 200 fosses dans le cours principal de la Jacques- Cartier; il évaluait à 5 590 le nombre de saumons adultes qui pourraient revenir en rivière et à 2980 celui des saumons qui pourraient être consacrés annuellement à la pêche sportive! Quel chemin fantastique parcouru depuis 1976!

     Déjà, la réintroduction du saumon atlantique dans la Jacques-Cartier a eu des effets bénéfiques pour d'autres rivières, situées encore plus à l'ouest. Ainsi, en septembre 1985, Pierre Vachon, d'Orsainville, prenait un saumon de 1 ,8 kg (4Ib) dans la rivière Batiscan (à quelque 6 km - 3,5 mi au sud de Saint-Narcisse). En septembre 1985, Jacques Juneau, de Pointe-du-Lac, capturait un saumon pesant 4,1 kg (9 lb) dans le Saint-Maurice, alors qu'il cherchait à prendre des truites brunes, à l'aide d'une Casual Dressed Nymph, dans le secteur du rapide des Forges. À la même époque, Marcel Richer, de Saint-Marc-des-Carrières, capturait du saumon dans la rivière Sainte-Anne (Portneuf), au pied du barrage d'Hydro-Québec situé à la hauteur de Saint-Alban. Les représentants du M.L.C.P. qui ont étudié les saumons atlantiques que les pêcheurs ont bien voulu leur rapporter, ont admis que ces derniers avaient été introduits comme alevins dans la Jacques-Cartier, quelques années plus tôt, et qu'ils avaient« manqué» l'embouchure de leur rivière d'origine, à leur retour. De tels événements, à part tous ceux dont nous n'avons pas entendu parler, ébranlent fortement les affirmations catégoriques de certains biologistes à propos de l'impossibilité de réintroduire le saumon atlantique à l'ouest de la Jacques-Cartier. .. Qui sait si, un jour, on ne retrouvera pas Salar dans la rivière du Sud (Montmagny), la Batiscan, la Sainte-Anne, le Saint-Maurice ou la Saint-François (de Sherbrooke à Pierreville, en passant par Drummondville)!

     Et qui peut actuellement dire que le saumon atlantique ne reviendra jamais dans la rivière Saint-Charles, qui coule en plein milieu de l'agglomération urbaine de Québec? Car, ne l'oublions pas, Salar y était encore présent dans le dernier quart du siècle dernier! C'est joseph Boivin, de Sainte-Monique-des-Saules (aujourd'hui un quartier de Québec), qui était gardien et guide pour la célèbre famille Livernois, de Québec; les Livernois possédaient une des meilleures fosses à saumons de la Saint-Charles, à cette époque-là, celle à la jonction de la petite rivière Lorette et de la Saint-Charles.

     Quoi qu'il en soit, il faut évidemment vous attendre à ce que la pêche sportive soit restreinte, contingentée et très contrôlée dans les rivières en voie de restauration, particulièrement durant les premières années de leur résurrection ou réaménagement. C'est ce qui survient dans le cas de la Jacques-Cartier, bien qu'il soit permis d'y pêcher depuis 1985.

C- RIVIÈRES DU BAS-ST-LAURENT & DE LA GASPÉSIE

     La Gaspésie! Le seul fait de mentionner ce nom fait rêver les citoyens des centres urbains du Québec, eux qui sont obligés de vivre dans un environnement d'asphalte, de béton, d'acier et de verre, avec tout ce que cela comporte de pollution, de bruit, de stress.
     La Gaspésie! Pour des millions de Québécois des centres urbains, c'est un pays différent dans la province: les grands espaces, les montagnes, la mer, les vallées, les forêts. Un contexte bien différent, en effet, de la rue Sainte-Catherine de Montréal, de la rue Saint-Jean de Québec, du boulevard des Forges de Trois-Rivières, de la rue King de Sherbrooke, de la rue Racine de Chicoutimi ... Voilà pourquoi, depuis plus d'un demi-siècle, les Québécois habitant les centres urbains sont attirés parle «tour de la Gaspésie»,au même titre qu'ils le sont par un voyage dans les Rocheuses de l'Ouest canadien.

     La Gaspésie! Pour des milliers d'adeptes de la pêche à la ligne et de la chasse, ce sont les ruisseaux et les rivières aux eaux cristallines, les forêts habitées par l'orignal, le chevreuil et l'ours.

     Mais la Gaspésie, dans l'esprit de dizaines de milliers d'adeptes de la pêche à la mouche, c'est l'un des paradis pour la pratique de leur activité de plein air favorite, car la Gaspésie est synonyme de pêche du saumon: les saumoniers savent qu'ils y trouveront deux douzaines de rivières fréquentées par Salar. Elles sont parmi les plus belles du monde, parmi les plus productives.

     Ici, nous ferons un rapide tour de la Gaspésie (incluant le Bas-Saint-Laurent, évidemment !...), nous arrêtant pêcher dans environ la moitié de ces rivières de la péninsule; nous irons d'ouest en est, en passant par Gaspé-Nord, pour revenir vers le point de départ en contournant la péninsule par le sud.

La Ouelle

LA OUELLE
     Dès le début de ce périple sur la rive sud du Saint-Laurent, vous rencontrez une première rivière à quelque 160 km (100 mi) seulement à l'est de Québec. La rivière Ouelle, qui coule sur une distance d'environ 70 km (45 mi) entre Sainte-Perpétue (Montmagny/L'Islet) et Rivière-Ouelle (Kamouraska), est d'une beauté à vous couper le souffle.

     Depuis le début des années 1980, la Société d'aménagement de la rivière Ouelle (S.A.D.R.O.) s'est attelée à la tâche d'aménager les berges de cette rivière pour la rendre accessible, après avoir conclu des ententes avec les propriétaires riverains.

     C'est le secteur de la Ouelle situé au sud-ouest de la localité de Saint-Pacôme qui est le meilleur (fosses Le Cran Rouge, La Cavée, L'Hydro). Prenez la sortie 450 de l'autoroute no 20, rendez-vous jusqu'à l'église de Saint-Pacôme, tournez sur la rue Galarneau jusqu'au bout et engagez-vous sur un chemin privé pour rejoindre ces excellentes fosses. Mais nous aimons bien également aller prospecter des fosses de la Ouelle près de Saint-Gabriel-Lallemant et de Saint-Onésime.

     La Ouelle contient de gros saumons géniteurs, quoique la majorité des prises sont des madeleineaux.

LA TROIS-PISTOLES

     À mi-chemin entre Rivière-du-Loup et Rimouski, vous croiserez la rivière Trois-Pistoles, qui contient des saumons! C'est un secret de Polichinelle, dans cette région-là, évidemment...

     Au moment d'écrire ces lignes, la pêche du saumon n'y est pas structurée et la Trois-Pistoles est accessible sans contrainte. Des amis de cette région prétendent qu'on y récolte entre 100 et 150 saumons par saison!

     Depuis le début des années 1980, l'Association de chasse et pêche des Basques de Trois-Pistoles tente l'aménagement de la rivière.

LA RIMOUSKI

     Tout juste avant de pénétrer dans le centre-ville de Rimouski, coule la rivière du même nom. On y prend de très gros saumons, dont certains pèsent de 14 à 18 kg (30 à 40 Ib)!

     Les fosses de la Rimouski sont très peu nombreuses, sur une courte distance entre l'embouchure et le pied d'un barrage de rétention d'eau situé dans Rimouski. Les adeptes de la pêche à la mouche y sont légion. Depuis le début des années 1980, l'Association des pêcheurs sportifs de saumons de la rivière Rimouski travaille à l'aménagement de ce magnifique cours d'eau, surtout dans son cours supérieur, qui pourrait devenir un concurrent de la Matane: une passe migratoire a été construite dans le barrage La Pulpe, durant l'automne de 1986, ce qui permet aux saumons d'accéder à une partie du cours supérieur de la Rimouski, où ils trouveront de bonnes frayères.

LA MITIS

     À peu près à mi-chemin entre Rimouski et Matane (un peu à l'est de Mont-Joli), c'est la rivière Mitis qui attirera votre attention. Cette rivière est en voie de réaménagement depuis 1965, alors que le gouvernement provincial a introduit le saumon en amont (au sud) du barrage de la localité de Price. Mais ce n'est que depuis 1977 que la Mitis, anciennement «clubbée», est accessible. La pêche se pratique en canot et à pied dans la portion située au sud de la localité de Sainte-Angèle-de-Mérici.

     La Société d'aménagement des ressources de la rivière Mitis (SAR.R.M.) se préoccupe de l'avenir de la rivière. À proximité, vous pourrez visiter le Centre d'interprétation du saumon atlantique (C.I.SA) où, en plus de renseignements sur le saumon lui-même, vous trouverez de l'information concernant la pêche sportive du saumon à la mouche ainsi que sur plusieurs rivières à saumons du Québec.

La matane

     Ah, la Matane! Nous pourrions vous en parler pendant des heures et des heures ... Qu'il nous suffise de vous souligner qu'en 1949, la Matane a été la première rivière à saumons «publique» du Québec, c'est-à-dire la première prise en charge par le gouvernement provincial pour la rendre accessible au plus grand nombre possible d'adeptes de la pêche à la mouche.

     Il n'est pas exagéré de dire que la plupart des saumoniers actuels du Québec ont découvert leur «vocation» en pêchant dans les fosses de la Matane. Avant le déclubbage de la Matane, fort peu de Québécois avaient eu la chance de pratiquer la pêche du saumon atlantique à la mouche: s'ils n'étaient pas guides pour les clubs privés, ils devaient se contenter de regarder pêcher les «messieurs» dans les rivières de la Gaspésie, lorsqu'ils voyageaient sur les routes bordant les fameuses rivières clubbées ...

     Au fil des ans, la Matane est devenue la rivière à saumons la plus fréquentée du Québec: c'était. Jusqu'à tout récemment, celle qui était la plus rapprochée des grands centres urbains du coeur et de l'ouest du Québec. Mais, depuis le début des années 1980, à cause de l'aménagement et de la restauration ou de la résurrection de rivières à saumons, le saumon s'est rapproché de plus en plus du coeur du Québec.

     La Matane contient 83 fosses identifiées ... et plusieurs qui ne le sont pas! Pas nécessaire de retenir les services d'un guide: la rivière coule tout à côté de la route ou à fort peu de distance de la route. Au coeur de la ville de Matane, près du pont enjambant la rivière, vous verrez le barrage Mathieu-d'Amours; c'est à côté de ce barrage qu'est située la passe migratoire permettant aux saumons de franchir l'obstacle et vous pourrez pénétrer dans un édifice attenant à la passe migratoire pour observer la montaison des saumons à travers une baie vitrée.

     En début de saison, c'est la ruée des pêcheurs sportifs, surtout dans la fosse située immédiatement sous le pont, au pied du barrage Mathieu-d'Amours (où une très forte proportion de prises annuelles de saumons dans la Matane sont faites ... avant que les saumons n'aient pu franchir cet obstacle majeur et se répartir dans les fosses publiques situées en amont).

LA CAP-CHAT

     Quel bijou de rivière que cette. Cap-Chat! Son eau est aussi limpide que le dry gin le plus pur. Elle est toute petite: sa largeur moyenne est de 30 m (100 pi). Mais, le décor dans lequel elle coule est impressionnant. Une excellente route gravelée longe la rivière sur 25 km (quelque 15 mi) de longueur. La rivière compte 35 fosses identifiées, qui sont presque toutes pêchables à pied; il faut parfois traverser la rivière pour aller pêcher de l'autre côté et le courant est quelques-fois fort.

     La pêche y est bonne à compter du début de juillet. Les meilleures fosses? Celles situées dans la portion centrale de la rivière.

     En raison d'un déboisement intensif à la source de la rivière par les compagnies d'exploitation forestière, le niveau de l'eau baisse rapidement, l'eau se réchauffe: les saumons prennent difficilement la mouche que vous leur offrez et les pêcheurs s'éloignent de la Cap-Chat. Les saumons sont énormes, pesant souvent 14 kg (30 lb) et plus!

la Sainte-Anne

LA SAINTE-ANNE
     La rivière Sainte-Anne, qui coule dans le parc provincial de la Gaspésie avant de se jeter dans le fleuve au niveau de la localité de Sainte-Anne-des-Monts, est d'une beauté quasiment indescriptible. Elle dévale d'abord les pentes des monts Chies-Chocs (qui constituent comme «l'épine dorsale» de la péninsule gaspésienne). Dans la région du Gîte du Mont-Albert (à quelque 55 km ou 35 mi au sud-est de Sainte-Anne-des-Monts) la rivière est ombragée par les flancs du mont Albert (1 125 m - 3,700 pi au-dessus du niveau de la mer). L'eau est vive, fraîche, cristalline. La largeur de la rivière dépasse rarement quelques mètres (quelques dizaines de pieds) et les fosses sont profondes et ténébreuses.

     C'est une rivière à très gros saumons (de 9,14 ou 18 kg - 20, 30 ou même 40 lb de pesanteur!). Malheureusement, à la suite de désastres écologiques (survenus au début des années 1970 à cause de l'existence des mines de cuivre à la source de la rivière), les prises ont diminué dans une forte proportion.

     Certaines fosses ne peuvent être pêchées qu'en canot et il faut un canot pour en traverser d'autres.

     Si vous voulez faire une excursion de pêche mémorable dans la Sainte-Anne, tentez d'obtenir une réservation pour séjourner à l'auberge ou dans un des chalets du Gîte du Mont-Albert, ou bien dans l'un des chalets du Petit-Sault.

La York

LA YORK
     Bien des saumoniers d'expérience n'hésitent pas à qualifier la rivière York de «plus belle rivière à saumons du monde». Nous devons admettre que leur affirmation est proche de la réalité ... L'eau y est d'une clarté étonnante. Voir des saumons pesant 18 kg (40 lb) et plus, à vos pieds, il y a de quoi vous impressionner et accélérer votre rythme cardiaque, même lorsque vous avez plusieurs années de pêche sportive du saumon à votre actif ...

     Nous invitons les touristes voyageant en Gaspésie, même s'ils n'ont pas encore commencé à pêcher le saumon, à visiter les fosses de la York, le long de la route no 198 entre Murdochville et Gaspé. Bien souvent, les fosses sont situées immédiatement à côté de la route ou bien à quelques minutes de marche du chemin.

     Les gros saumons géniteurs de la York arrivent très tôt en saison dans les fosses ... et les pêcheurs aussi! Mais, vers la fin d'août, il y a toujours une autre montaison de gros saumons alors que les pêcheurs locaux sont moins nombreux et qu'il ne reste plus que les touristes: à vous d'en profiter!

LA DARTMOUTH

     La Dartmouth se jette également dans le fond de la baie de Gaspé, tout comme la York, dont elle est pourtant si différente sous certains aspects; la Dartmouth a été déclubbée en 1977. Les saumons y sont aussi impressionnants que ceux de la York.

     La pêche se fait à gué seulement; il n'y a pas de guide disponible. Une chute superbe est située à la fosse Gorge et vous pourrez y voir le spectacle des saumons tentant de la franchir. Les meilleurs fosses? Tent, Ladder, Breeder, Big Salmon ... où les saumoniers ont tendance à se regrouper, tout comme les saumons! Peut-être parce que ces fosses sont les plus productives et qu'elles sont si faciles d'accès. Mais il existe tant d'autres fosses à explorer dans la Dartmouth!

La Saint-Jean

LA SAINT-JEAN
     La rivière Saint-Jean, qui coule d'ouest en est, est située à mi-chemin entre Gaspé (au nord) et Prével (au sud). Même s'il y existe encore des propriétés privées, la Saint-Jean est accessible au public.

     Une excursion de pêche dans le secteur amont est toute une expérience! Jusqu'au début des années 1980, c'était traditionnellement l'endroit où il en coûtait le plus cher au Québec pour pêcher le saumon. Il faut dire que l'hébergement se fait dans des camps luxueux (appartenant autrefois à un club privé) et que chaque pêcheur jouit des services de deux guides et d'un canot! Dans ce secteur, pour les 19 fosses sur une distance de 34 km (21 mi), le nombre de pêcheurs admis est infime. Les pêcheurs sont divisés en groupes de deux, chaque groupe pêchant en rotation les trois parcours. Le pêcheur, avec ses deux guides, descend plusieurs kilomètres (milles) de la rivière dans l'un des fameux «canots de Gaspé» ; les guides, l'un en avant et l'autre en arrière du canot, se servent de grandes perches de 3 à 3,6 m (10 ou 12 pi) de longueur pour «pôler» l'esquif. C'est un spectacle impressionnant.

     Les saumons de la Saint-Jean, de taille moyenne (de 3,6 à 7,2 kg - 8 à 16Ib), sont toutefois nombreux et prennent habituellement bien la mouche.

     Nous vous soulignons, en passant, que c'est dans le secteur amont de la Saint-Jean (particulièrement dans les fosses Little Indian et Big Indian) qu'a été tourné le célèbre film «Noblesse oblige» du cinéaste André Boucher, de Charlesbourg (mettant Gilles Aubert en vedette). Ce film a été l'un des tout premiers, au Québec, à montrer en détailles réactions du saumon devant les mouches sèches présentées par un saumonier (avec de saisissantes prises de vues sous-marines).

la bonaventure

LA BONAVENTURE
     La rivière Bonaventure, longue d'environ 100 km (environ 60 mi), prend sa source dans le parc de la Gaspésie et se jette dans la baie des Chaleurs, à Bonaventure. Les Indiens Mic-macs l'appelaient Wagamet (mot qui signifie «eaux limpides »); ils avaient absolument bien choisi l'appellation de cette rivière!

     Chaque année, de gros saumons sont récoltés dans la Bonaventure; en juin 1951, Walter Molson, de Montréal, y prenait un saumon pesant 22 kg (48Ib) avec une Lady Amherst montée sur un hameçon no 2/0. Mais, généralement, ce sont des saumons d'un poids de 3,6 à 5,4 kg (8 à 12 lb) que prennent les saumoniers: ces saumons sont gros et courts comme des obus et ils sont d'une vigueur et d'une combativité rarement vues ailleurs, nous vous prions de nous croire!

    La Bonaventure, c'était autrefois le club des Molson en Gaspésie. Depuis 1980, à la suite de pressions exercées par l'Association de chasse et pêche Gasparo Inc., c'est une ZEC, dont la gestion a été confiée à l'Association des pêcheurs sportifs de la Bonaventure, Inc. Il existe des propriétés privées, de l'embouchure jusqu'à la rivière Hall (approximativement 8 km - 5 mi de parcours).

     Ceux qui n'ont jamais vu la Bonaventure de près seront surpris de son importance, surtout dans sa partie amont; nous considérons que c'est une plus grosse rivière que la Matapédia. La Bonaventure se pêche en canot et à pied. Mais, attention: en juin, la pêche se pratique presque exclusivement en canot, car le niveau de l'eau est élevé; en juillet et août, plusieurs fosses peuvent être pêchées à pied, mais nous vous suggérons quand même d'emporter votre canot. Si vous n'avez jamais navigué sur la Bonaventure, nous vous suggérons fortement de réserver les services d'un guide avec son canot (même si vous possédez un canot...). C'est une grosse rivière et mieux vaut y accéder en toute sécurité.

LA GRANDE-RIVIÈRE

     À une centaine de km (60 mi) au sud-est de Gaspé coule la Grande-Rivière, une magnifique rivière très méconnue. Cette rivière, aux eaux d'une limpidité exceptionnelle, a toujours été le club privé de la famille des milliardaires américains Claflin, de Boston (propriétaire de droits seigneuriaux sur une importante partie de la rivière, les berges et le lit de la rivière); jusqu'en 1980, cette famille louait, par bail de droits exclusifs de pêche du saumon signé avec le gouvernement québécois, la portion de la rivière sur laquelle elle ne possédait pas les droits seigneuriaux. Lors du déclubbage de la Grande-Rivière en 1980, le gouvernement provincial a créé une ZEC.

     William H. Claflin laisse les membres et les utilisateurs de la ZEC pêcher dans sa propriété privée, mais uniquement lorsque lui-même, ses parents et amis y ont terminé leur séjour annuel de quelques semaines; pendant qu'il est là avec son groupe, les membres et utilisateurs de la ZEC ne peuvent pêcher que dans la portion de la Grande-Rivière déclubbée en 1980. Claflin, lors de la création de la ZEC, s'est entendu avec les gestionnaires bénévoles pour partager les frais de gardiennage.

     Malheureusement, la Grande-Rivière ne peut supporter une forte pression de pêche, car le nombre des fosses accessibles est limité; c'est encore plus vrai quand le groupe Claflin est là.

LA GRANDE-CASCAPEDIA

     La Grande-Cascapédia est peut-être l'une des rivières les plus productives au Québec et aussi l'une des rares rivières où l'on récolte encore annuellement des saumons d'un poids très impressionnant. Cette rivière, dont une bonne partie appartient privément à de richissimes individus, a été déclubbée en 1982 (la portion publique était antérieurement louée à des clubs privés). C'est une rivière où il se fait une pêche de super luxe (avec deux guides par canot, pour un ou deux pêcheurs dans l'embarcation). Il existe cependant une possibilité de pêcher à pied dans une portion de la rivière, en amont.

LA PETITE-CASCAPEDIA

     C'est depuis 1945 qu'a été constitué en réserve de pêche du saumon tout le tronçon de la Petite-Cascapédia fréquenté par le saumon, soit une longueur d'environ 19 km (12 mi), de la fosse Thompson jusqu'à la fosse Fourches.

     C'est une rivière à eau claire (comme la Bonaventure), qu'on peut descendre en canot; la plupart des fosses sont pêchées en canot, d'autres à pied dans l'eau. On peut y prendre de gros saumons.

     La Petite-Cascapédia, assez curieusement, est peut-être plus renommée pour les truites de mer (ombles de fontaine ou truites mouchetées anadromes) ; on capture les truites de mer surtout dans les branches est et ouest de la rivière.

la Patapédia

LA PATAPÉDIA
     Descendre la Patapédia en canot, tout en y pêchant le saumon, voilà une excursion de rêve.

     Une partie de cette rivière, située à la pointe sud-ouest de la péninsule gaspésienne, forme la frontière entre le Québec et le Nouveau-Brunswick. En 1975, elle était encore l'apanage d'un club privé très sélect; mais, à la suite de pressions exercées sur le Québec par le Nouveau-Brunswick, il y a eu déclubbage.

     La Patapédia est accessible aux saumoniers sur une cinquantaine de km (quelque 30 mi) de longueur. Dans le bas de la rivière, sur 26 km (16 mi), on y pratique la pêche en canot pendant trois jours d'affilée: il faut prendre sa réservation plusieurs mois à l'avance et l'on obtient alors une réservation pour deux pêcheurs à la fois pendant trois jours.

     Les usagers emportent leur équipement de camping et leur canot: aucun équipement n'est loué (sauf des refuges, en des points déterminés) et aucun service de guide n'est disponible. On se sert d'un canot, pour aller d'une fosse à l'autre, et l'on pêche à pied. La rivière est une suite de rapides (peu violents, sauf deux ou trois), surtout dans la première journée de la descente, mais il faut quand même posséder une bonne connaissance du maniement d'un canot en rivière (surtout lorsque l'eau est haute, tôt en saison ou après des journées de pluie). Il faut absolument descendre quotidiennement une portion de la rivière, car d'autres groupes suivent derrière (l'un du Québec, l'autre du Nouveau-Brunswick, et ainsi de suite).

    Au matin du premier jour de l'excursion, le départ se fait au millage 23. Au millage 17 de la rivière, un abri peut être loué par les saumoniers qui ne veulent pas emporter une tente; les canoteurs peuvent passer la nuit dans l'abri, puis repartir le lendemain pour pêcher dans les fosses situées entre le millage 17 et le millage 11, où ils trouveront un deuxième abri, qu'ils peuvent louer s'ils le désirent. Enfin, le troisième jour de l'excursion, ils pêchent dans les fosses entre le millage 11 et le millage 7, là où ils quittent la rivière pour revenir à la civilisation.
LA MATAPÉDIA
     Les saumons de la Patapédia, lorsqu'ils échappent aux filets des pêcheurs autochtones (posés à l'embouchure de la rivière Ristigouche, dans laquelle se jette la Patapédia), sont très impressionnants: il n'est pas rare d'en prendre pesant9 kg (20 lb) et plus. Mais, depuis le début des années 1980, à cause de la politique du Nouveau-Brunswick d'obliger les saumoniers à remettre à l'eau les gros saumons pesant plus de 2,3 kg (5 lb), les sportifs québécois fréquentant la Patapédia sont obligés de faire de même.

LA MATAPÉDIA

     Au terme de ce périple dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, nous nous attarderons à cette majestueuse Matapédia, qui coule dans la vallée du même nom tout à côté de la route qu'on emprunte pour faire le tour de la Gaspésie.

     Jusqu'en mai 1971, cette rivière était clubbée. Cette rivière est accessible à pied ou en canot. En fait, vous pourrez vous organiser selon vos propres moyens et il ne vous en coûtera pratiquement rien; ou bien, vous pourrez payer plus cher et exiger plus de services et plus d'exclusivité (dans un secteur particulier de la rivière, baptisé Glen Emma).

     La rivière, qui couvre un peu plus de 48 km (30 mi) (entre le lac Au Saumon, au nord-est de Causapscal, et la baie des Chaleurs, au sud de la localité de Matapédia) a 104 fosses bien identifiées; 31 sont de propriété privée et non accessibles au public et les 73 autres peuvent être pêchées par le public. Ainsi, en amont de Causapscal, les fosses no 99 à no 104, sont accessibles pour la pêche quotidienne; c'est aussi le cas des fosses 2, 4, 20, 21 et 62 à 98. On peut pêcher à pied dans certaines fosses, tandis qu'il est nécessaire d'aller en embarcation dans d'autres. En certaines périodes, il est préférable de retenir les services d'un guide expérimenté, car la rivière peut-être traîtresse. Aucune réservation n'est nécessaire pour pêcher dans les fosses mentionnées précédemment; il n'existe aucune limite au nombre des pêcheurs. En début de saison, lorsque la pêche est à son meilleur et alors que les saumons qui mordent sont très gros (9, 14 et même 18 kg - 20, 30 et 40 lb de pesanteur), les saumoniers sont nombreux; mais, c'est moins achalandé lorsque la pêche devient difficile.

     Les pêcheurs qui recherchent le calme, la tranquillité, l'exclusivité et veulent multiplier leurs chances de récolter des saumons, peuvent accéder aux fosses no 41 à no 61 inclusivement, mais à un coût nettement supérieur. Il s'agit du secteur Glen Emma de la Matapédia, où le nombre des saumoniers est limité: il faut obtenir une réservation longtemps à l'avance et le tarif imposé inclut les services d'un guide et d'un canot par pêcheur.

D- RIVIÈRES DE CHARLEVOIX & DU SAGUENAY

LA GOUFFRE

LA GOUFFRE
     Avant la crise économique de 1929, la rivière du Gouffre de Charlevoix était très recherchée par les pêcheurs sportifs bien nantis de l'agglomération urbaine de Québec, surtout par les pêcheurs à la mouche, qui y récoltaient des saumons atlantiques et des grosses truites mouchetées. Puis, ce furent la Dépression, la Crise, la Deuxième Grande Guerre et la rivière du Gouffre tomba dans l'oubli ... sauf auprès des braconniers!

     Mais, en 1978-1979, Daniel Bradet, un enseignant à la polyvalente de Baie-Saint-Paul et maire du village de Saint-Urbain (puis député libéral de Charlevoix à l'Assemblée nationale du Québec, à compter de 1985), entreprenait de « ressusciter» la Gouffre. Des sentiers d'accès aux fosses ont été aménagés, dans le secteur amont de la rivière, sur la berge ouest (terrains privés appartenant à la Société des missions étrangères S.M.E.- ou «Séminaire de Québec»).

     L'Association de conservation de la vallée du Gouffre Inc. (AC.V.G.) ont identifié 160 fosses sur tout le parcours de la rivière. Mais, de 1979 à 1987, à la suite de négociations ardues avec les propriétaires riverains dans la région de Saint-Urbain, l'AC.V.G. n'a réussi à aménager que 52 fosses. La plupart des fosses se pêchent à pied sec et toutes se pêchent à pied.

     La rivière du Gouffre, qui coule dans la «Suisse miniature» qu'est la région de Charlevoix, n'est qu'à 100 km (60 mi) au nord-est de la ville de Québec. Elle prend sa source au lac des Coeurs (à 823 m - 2 700pi d'altitude); elle draine 1010 km2 de territoire, où l'on dénombre 1851acs et 35 affluents. Elle coule sur 71 km (44 mi), du nord au sud, avec un parcours très sinueux, pour se jeter dans le Saint-Laurent au niveau de la localité de Baie-Saint-Paul. La rivière n'est généralement large que d'une trentaine de mètres (1 00 pi), mais elle accueille des saumons parfois impressionnants (jusqu'à 1 0 ou 12 kg - 20 ou 25 lb). Le lit de la rivière est généralement foncé et l'eau a une teinte brunâtre, ce qui empêche souvent les saumoniers de détecter la présence des saumons dans les fosses. Les prises annuelles sont bien peu nombreuses.

LA NOIRE

     Plus à l'est sur la route 138, à l'extrémité est de la localité de Saint-Siméon, coule la petite rivière Noire. Elle n'est pas reconnue officiellement comme une rivière à saumons; mais des pêcheurs à la mouche qui prennent la peine de la descendre à pied, y récoltent annuellement quelques saumons et des ombles de fontaine anadromes (truites de mer). Il y aurait lieu pour vous d'aller faire quelques lancers dans cette minuscule rivière ignorée de la presque totalité des pêcheurs sportifs, sauf par les membres de l'Association de conservation et de protection de Saint-Siméon.

LA PETIT-SAGUENAY

     À partir de Saint-Siméon de Charlevoix, si vous circulez sur la route 170 en direction de Chicoutimi, vous longerez la berge ouest de la grande rivière Saguenay. Certains affluents de cette imposante rivière accueillent des saumons, mais ils sont malheureusement ignorés de la majorité des saumoniers.

     La rivière Petit-Saguenay, qui se jette dans le fjord du Saguenay au village de Petit-Saguenay (à peu près à mi-chemin entre Saint-Siméon et Ville de la Baie), est l'un de ces affluents que vous devriez explorer. Elle a été constituée en réserve faunique gouvernementale depuis 1966, mais sa gestion a été confiée à l'Association de chasse et pêche du Bas-Saguenay Inc., de Petit-Saguenay.

     Au total, 13 km (8 mi) de la rivière Petit-Saguenay sont accessibles aux saumoniers, de l'estuaire jusqu'aux bornes de la fosse Les Chutes (fosse no 26), en aval du barrage. La Petit-Saguenay se pêche à pied; les 10 fosses du cours inférieur sont accessibles à partir des chemins qui la longent, tandis que les 15 fosses en aval sont accessibles via des sentiers au pied des caps qui bordent cette rivière encaissée. Aucune réservation à l'avance n'est nécessaire pour pêcher les fosses no 2 à 25 inclusivement; le jour même, vous obtenez un droit d'accès à la pêche en vous présentant au poste d'accueil de l'association, à Petit-Saguenay. Quant à la fosse no 26, elle doit être réservée.

     Les saumons de la rivière Petit-Saguenay subissent malheureusement des torts considérables depuis les années 1970. D'abord le braconnage, qui a fait chuter les prises de 80 à 90 pour 100. Puis, à l'automne de 1981, des propriétaires riverains ont fait creuser un chenal d'écoulement de 1 m (3 pi) de profondeur et de 1 500 m (4920 pi) de longueur, au centre de la rivière, pour combattre la menace d'inondations; à l'aide de machinerie lourde, ils ont tassé toutes les obstructions naturelles (les roches) sur les berges de la rivière ... En 1984, un comité de remise en valeur du saumon dans la Petit-Saguenay a été créé par des représentants d'un groupe d'organismes de la région pour intégrer la restauration de la rivière au projet de développement du parc national du Saguenay. Une rivière, donc, qui prend du mieux.

LA SAINT-JEAN

     Celui qui n'a pas encore visité la localité de Anse-Saint-Jean, à 13 km (8 mi) au nord-ouest de Petit-Saguenay, n'a pas vu l'un des plus beaux villages du Québec. D'ailleurs, le verso des billets de banque canadiens de 1000 $ représente une partie de ce village. Remarquez que c'est plutôt difficile de le constater parce que ces billets de 1 000 $ ne traînent pas dans toutes les bourses au Québec ...

     La petite rivière Saint-Jean, qui n'a pas plus de 10 km (6 mi) de longueur et une trentaine de mètres (100 pi) de largeur, coule en plein milieu de la localité, de l'ouest vers l'est, pour se jeter dans la grande rivière Saguenay. À première vue, cette rivière à l'eau colorée, sinueuse et coulant en cascades, n'est pas impressionnante. On y compte 10 fosses et l'on y récolte annuellement plusieurs dizaines de saumons pesant entre 3,5 et 4,5 kg (8 à 10 lb). Cette rivière appartient à des propriétaires privés. À la fin du siècle dernier, la compagnie d'exploitation forestière Price Brothers a acheté la propriété du lit de la rivière aux habitants de la localité, qui avaient antérieurement acquis des droits sur cette portion du Québec. Cependant, certains citoyens refusèrent de céder les droits de leurs ancêtres aux membres de la famille Price, de telle sorte que les successeurs des frères Price possèdent maintenant 6 des 10 fosses de la rivière, tandis que les successeurs de Hercule Gagné en possèdent deux, tout comme ceux de Nazaire Bouchard. Toutes ces fosses sont louées aux saumoniers qui réservent leur droit d'accès longtemps à l'avance.

     La pêche du saumon dans la petite rivière Saint-Jean est une pêche de qualité; c'est-à-dire que, contrairement à ce qui survient sur d'autres rivières, les sportifs ne sont pas obligés de se battre pour se tailler une place dans la fosse de leur choix. La rivière, qui ressemble à quelques-unes qu'on trouve sur l'Île d'Anticosti, se pêche à pied, même à pied sec dans le cas de quelques fosses.

À MARS

     Depuis juin 1983, des centaines de saumoniers, regroupés dans l'Association des pêcheurs sportifs de saumons de la rivière À Mars (A.P.S.S.R.M.), tentent de faire revivre cette rivière, qui a été pillée par des «développeurs» pendant des dizaines d'années. La rivière À Mars, qui prend sa source dans la région du grand lac Pikauba de la réserve faunique des Laurentides (au nord-ouest du parc provincial des Grands-Jardins), coule en direction sud-nord vers la rivière Saguenay, où elle se jette au niveau de Ville de la Baie (située à quelque 20 km -12 mi - au sud-est de Chicoutimi).

     Ce sont les dirigeants de la compagnie d'exploitation forestière Price Brothers qui possédaient les droits de pêche du saumon dans cette rivière, de 1891 jusqu'à 1914. Ils y capturaient annuellement une quarantaine de saumons de fort belle taille, comme en fait foi le registre des membres et invités du club; en 1894, on ya pris 90 gros saumons. On pêchait alors jusqu'à la chute Castule, soit sur quelque 35 km (22 mi) de la rivière À Mars. Au cours des années qui suivirent la Première Grande guerre, différentes interventions humaines rendirent la montaison des saumons presque nulle: un barrage a été construit à 2,7 km (1,7 mi) de l'embouchure (Scierie Roméo Tremblay et Fils). À 12 km (7,5 mi) de l'embouchure, un autre barrage a été établi, sur l'une des chutes de la Passe des Murailles (tout à côté du centre de plein air Bec-Scie). La compagnie d'exploitation forestière Consolidated-Bathurst, qui avait acquis tous les territoires et les droits de la Price Brothers, avait abandonné la pêche du saumon dans la rivière.

     De nos jours, une faible population de saumons réussit à se maintenir dans la zone accessible de 2,7 km (1,7 mi). Mais, à l'automne de 1985, à la suite de négociations tri-partites (Ville de la Baie, Consolidated-Bathurst et A.P.S.S.R.M.), on a construit une passe migratoire et un chalet d'accueil au niveau du barrage de la Scierie Roméo Tremblay et Fils; des ensemencements massifs d'alevins ont été faits dans la rivière, ce qui devrait ramener une bonne population de gros saumons, comme autrefois.

la Sainte-Marguerite

LA SAINTE-MARGUERITE
     De l'autre côté de la grande rivière Saguenay, dans une vallée parallèle au fjord, coule la superbe rivière Sainte-Marguerite sur quelque 65-km (quelque 40 mi), entre Sainte-Rose-du-Nord et Sacré-Coeur. Elle est captivante, puisqu'elle ressemble parfois à la Sainte-Anne, parfois à la Cap-Chat, à la Matane, à la Saint-Iean ou à la York et à la Jupiter, .. Vous serez surpris de la clarté de son eau, qui vous laissera apercevoir le saumon dans un grand nombre des 65 fosses accessibles.

     Elle est située à 280 km (175 mi) à l'est de Québec, en passant par la route 138 et en bifurquant sur la route 172 (après avoir traversé le Saguenay sur le bac entre Baie-Sainte-Catherine et Tadoussac). Le poste d'accueil principal de la ZEC Sainte-Marguerite est au centre du village de Sacré-Coeur; un autre est situé tout en haut de la rivière, près de Sainte-Rose-du-Nord.

    Chaque année, on y fait des captures dont le poids excède les 13,5 kg (30 lb) ; les prises pesant plus de 9 ou 11 kg (20 ou 25 lb) ne sont pas rares. Le poids moyen des saumons y est de 4,5 kg (10 lb), ce qui classe la Sainte-Marguerite parmi les rivières à gros saumons. À la fin des années 1970, alors que la Sainte- Marguerite était le club privé de l'aluminerie Alcan, il ne restait qu'une soixantaine de saumons suries frayères après la saison de pêche sportive; en 1986, après la récolte de plus de 500 saumons par les sportifs, il restait encore quelque 700 géniteurs sur les frayères!

LA ​SAINTE-MARGUERITE
     Depuis juin 1980, soit depuis que la population régionale a hérité de l'ancien club privé et l'a transformé en ZEC, les bénévoles ont travaillé d'arrache-pied pour éliminer le braconnage en rivière, le braconnage à l'embouchure, la pêche commerciale au filet et à fascines. 

     Durant les premières années d'existence de la ZEC, les saumoniers provenant de l'extérieur de la région ont été déçus de la gestion de cette rivière; la Sainte-Marguerite a alors été abandonnée aux « locaux» et aux adeptes du canot-camping. Mais, depuis quelques années, la situation a été redressée et les saumoniers sont revenus.

     La signalisation des fosses, le long de la route 172, est peut-être ce qui existe de mieux au Québec dans ce domaine-là. La rotation des saumoniers dans les fosses est respectée  scrupuleusement. Les embarcations motorisées sont interdites dans la rivière. Des guides sont disponibles. On peut même louer des cannes à pêche!

     La rivière est divisée en quatre secteurs: deux où le nombre des pêcheurs n'est pas limité et deux autres où il l'est, en alternance. La saison de pêche va du 1er juin au 31 août (truite de mer: du 1 er septembre à la mi-octobre). Pour pêcher dans un secteur où le nombre de pêcheurs est limité, il faut une réservation à l'avance; pour la pêche dans les secteurs non contingentés, il suffit de s'inscrire au poste d'accueil. Vous pouvez pêcher 85 pour 100 des fosses à gué; il est permis d'utiliser une embarcation dans près de la moitié des fosses (Je canot est totalement interdit dans certaines fosses, alors qu'il est nécessaire dans d'autres). La presque totalité des fosses sont situées à côté de la route 172 et vous n'avez pas à marcher pendant bien longtemps pour vous y rendre. La Sainte-Marguerite, tout compte fait, est l'une des plus intéressantes rivières à saumons de la province.

     Depuis 1987, la Régie inter-municipale de développement de la vallée de la rivière Sainte-Marguerite a établi un village pour des vacances familiales. À quelque 10 km (6 mi)de là, un terrain de camping a été aménagé (en plus de celui à Sacré-Coeur).

E- RIVIÈRES DE LA CÔTE-NORD

     Dans l'esprit d'un trop grand nombre de Québécois, la Côte-Nord est encore une vaste étendue d'épinettes noires peuplée de mouches noires, de brûlots et de «frappe-à- bord", où il n'y a rien à faire ou à voir. Cette région est trop souvent perçue comme tellement difficile d'accès qu'on la croit réservée aux plus courageux des aventuriers.
     Cette image de la Côte-Nord était peut-être vraie jusqu'à la Deuxième Grande guerre. Maintenant, elle est bien loin de la réalité. D'ailleurs, à mesure que passent les années, de plus en plus de touristes ont l'occasion de visiter cette portion du Québec et d'en propager une vision plus réaliste. Et ces touristes, surtout des adeptes de la pêche sportive, savent maintenant fort bien qu'on ne va pas sur la Côte-Nord sans emporter des mouches ... à truites et à saumons!

     Quelque 60 pour 100 des rivières à saumons officielles du Québec sont là, sans compter tous les cours d'eau où remontent des saumons et dont on ne parle pas trop fort ...

     Prétendre que la Côte-Nord offre aux touristes autant d'équipements et d'activités que d'autres destinations touristiques reconnues de la province, ce serait mentir. Ce qu'offre la Côte-Nord, ce sont des territoires vierges, peu exploités, qui constituent un pays totalement différent à l'intérieur du Québec. Des territoires habités par des gens vrais, sincères, accueillants, avec lesquels il faut apprendre à communiquer. Des territoires parsemés de localités qui n'ont pas trop à envier aux villages du sud-ouest de la province et où vous trouverez hôtels et restaurants et autres services essentiels.

DES RIVIÈRES « INCONNUES»

     Oh, évidemment, ces rivières ne sont pas toutes aussi faciles d'accès les unes que les autres: plusieurs sont encore clubbées et beaucoup d'autres (surtout sur la Basse-Côte-Nord) ne sont accessibles que par voie aérienne ou maritime. Donc, ici, nous ne nous arrêterons pour pêcher que dans une demi-douzaine de ces rivières, les plus accessibles, en allant d'ouest en est (sur la Haute et la Moyenne-Côte-Nord).

     Mais, si nous étions à votre place, nous arrêterions pour pêcher à la mouche dans à peu près n'importe quel cours d'eau de la Côte-Nord qui se jette dans le Saint-Laurent, même dans les ruisseaux paraissant les plus anodins. Vous y aurez des surprises! Ces cours d'eau, qui n'ont pas encore été déclarés officiellement comme rivières à saumons, gardent souvent de bonnes populations de saumons et de grosses truites de mer. Évidemment, avant d'accéder à ces cours d'eau, vous aurez pris soin de vérifier s'ils sont de propriété privée, s'ils sont clubbés ou bien s'ils sont accessibles au public en général.

la grande-escoumins

LA GRANDE-ESCOUMINS
     À l'est du Saguenay, la première véritable rivière à saumons est la Grande-Escoumins, qui coule dans la localité de Les Escoumins. Cette rivière est en restauration depuis la fin de 1977, à la suite d'une campagne d'animation menée, dans la localité et dans la région, par l'Association des pêcheurs sportifs de saumons du Québec (AP.S.s.Q.).

     La Grande-Escoumins contenait de nombreux et gros saumons avant qu'on ne se mette à y faire flotter des « pitounes ».

     Surveillez donc cette rivière, située àquelque 250 km (environ 160 mi) au nord-est de Québec, qui peut accueillir du saumon dans les premiers de ses quelque 80 km (50 mi) de longueur (des gros saumons géniteurs pesant jusqu'à 13,6 kg-30 lb)! Lorsqu'elle sera accessible aux saumoniers, elle deviendra rapidement un grand point de ralliement.

LA PORTNEUF

     À une distance de quelque 65 km (40 mi) à l'est de Les Escoumins, en continuant sur la route no 138, vous traverserez la rivière Portneuf, près de la localité du même nom.

     En avril 1980, l'ancien ministre péquiste Lucien Lessard (ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche du Québec) annonçait que son ministère allait étudier la possibilité de développer la Portneuf, un cours d'eau impressionnant. L'embouchure de cette rivière est ensablée à cause de l'érosion des berges due à la coupe de bois intensive pratiquée depuis longtemps à proximité de tout le bassin de drainage de cette rivière. Les études du MLCP concernant le développement du potentiel de la Portneuf déboucheront-elles sur quelque chose d'intéressant? Pourtant, avant l'arrivée des compagnies d'exploitation forestière, cette rivière fut une excellente rivière à saumons.

     Bien qu'aucune prise sportive de saumons ne soit officiellement inscrite pour la Portneuf, depuis le début des années 1970, au moins une centaine de saumons y sont récoltés annuellement. À vous d'aller l'explorer!

LA LAVAL

     La réputation des saumons de la rivière Laval (située à quelque 11 km -7 mi à l'est de Forestville) n'est plus à faire. Les saumoniers expérimentés ont toujours prétendu, non sans raison, que les saumons de la Laval étaient parmi les plus gros au Québec: de 1982 à 1986, le poids moyen des saumons qui y ont été récoltés sportivement était de 8,5 kg (18 lb et trois quarts)! La quantité moyenne des prises a été de 40 annuellement, pendant ces années-là.

     La rivière Laval, qui prend sa source dans le lac du même nom, coule en direction nord-sud sur 42 km (26 mi) avant de se jeter dans le fleuve. C'est une rivière très sinueuse, encaissée dans des montagnes, qui n'est pas sans rappeler la Patapédia, d'autant plus qu'il est préférable de la descendre en canot pour y pêcher les 67 fosses qu'elle contient. Une rivière à eau brunâtre et à fond foncé, comme dans le cas des eaux des autres rivières des alentours. Son débit est relativement faible, comparé à celui des autres rivières.

     Étant donné qu'elle dévale dans une vallée encaissée, la Laval est sujette à des fluctuations de débit assez importantes et assez rapides, à l'occasion de fortes pluies. Elle devient alors traîtresse pour le canoteur manquant d'expérience; elle devient désagréable pour le saumonier manquant de patience, puisque l'eau devient très sale lorsque le ruissellement des eaux de pluie érode la falaise (la pêche est grandement perturbée, pour des périodes plus ou moins longues, compte tenu de la durée des précipitations), ce qui expliquerait son faible taux de fréquentation.

     Les saumons sont parfois difficiles à détecter pour un saumonier inexpérimenté; si le saumonier ne possède pas un canot ou s'il n'est pas un canoteur accompli, il risque de rater les meilleures fosses. Voilà pourquoi bien des saumoniers en reviennent déçus. Si vous êtes un saumonier doué d'une patience d'ange, la Laval est la rivière tout indiquée pour vous. Bien souvent, vous serez seul à y pêcher dans un grand nombre de fosses et les immenses saumons vous procureront des émotions dont vous vous souviendrez longtemps.

     Autrefois club privé de la compagnie Anglo-Canadian Pulp & Paper Mills, la Laval a été constituée en réserve faunique, le 4 mai 1966. En 1980, sa gestion a été confiée par le MLCP à l'Association de chasse et pêche de Forestville, mandataire de la ZEC-saumon Laval.

     Là où la rivière coule loin d'une route ou d'un chemin, des sentiers ont été aménagés pour permettre aux saumoniers d'accéder à pied à bon nombre de fosses. Ces 67 fosses sont bien identifiées, soit le long de la rivière (pour les canoteurs), soit dans les sentiers (pour les randonneurs). Les fosses sont généralement petites (environ 30 m -1 00 pi de longueur) et la moitié d'entre elles sont classiques, tandis que les autres ont un lit de gravier grossier.

     Les saumons pénètrent dans la Laval vers la fin de mai ou le début de juin et ils sont presque tous arrivés à la fin de juin; le meilleur temps de pêche est avant la mi-juillet.

LA BERSIMIS

     La plupart des saumoniers n'ont jamais osé pêcher dans la rivière Bersimis, à mi-chemin entre Forestville et Hauterive/ Baie-Cerneau, même si elle est attirante, car ils sont à peu près tous convaincus que cette rivière a été concédée aux Montagnais. Or, il n'en est rien! Au printemps de 1987, un porte-parole officiel du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche du Québec nous a confirmé que rien ni personne ne pouvait interdire aux saumoniers de fréquenter la Bersimis; rien, dans les lois et règlements, ne confirme que cette rivière serait réservée exclusivement aux autochtones. Tout au plus le MLCP accorde-t-il aux Montagnais des réserves indiennes de Les Escoumins et de Bersimis un permis annuel pour poser un nombre très restreint de filets, dans une portion réduite de la rivière située à l'embouchure, afin de capturer seulement quelques saumons pour leur subsistance; mais, les autochtones ne semblent avoir aucun intérêt à ce que tous les saurnoniers de la province connaissent exactement les limites qui leur sont imposées par les autorités gouvernementales. Donc, vous auriez tout avantage à explorer le cours supérieur de cette rivière si méconnue, mais pourtant si productive.

     Selon Napoléon-A. Comeau (dans La vie et le sport sur la Côte-Nord), aucune restriction n'était imposée aux Montagnais quant à la récolte du saumon, à la fin du siècle dernier.

     Dès la levée des tentures dans l'estuaire, à la fin de juillet, on pratiquait la pêche surtout la nuit au flambeau, à l'aide de harpons. Comeau nous apprend que, durant l'été de 1871, dans la nuit du 15 août (fête annuelle des Montagnais), le vieux chef Jean-Baptiste Eslo organisa toute une pêche: 47 canots y prirent part et on rapporta 900 saumons ...

La Godbout

LA GODBOUT
     La rivière Godbout, alimentée par des centaines de lacs, dévale les montagnes en violentes chutes et cascades dans le sens nord-sud, sur une distance de 72 km (45 mi). C'est l'une des meilleures rivières à saumons du Québec, avec une remontée annuelle de quelques milliers de saumons.

     Jusqu'à l'été de 1980, la Godbout était le royaume de membres de la célèbre famille Molson et la chasse gardée des membres du club privé Cap Nord Properties Inc. Mais, après le déclubbage, la famille Molson n'a gardé que 5 km (3 mi) de la rivière (propriété privée); depuis l'été 1987, à la suite d'une entente entre la ZEC et le club privé, la ZEC gère une petite partie du club au profit de ses membres et des saumoniers de l'extérieur. L'association locale des pêcheurs, Les Castillons Inc., a obtenu la gestion exclusive de 60 km (37 mi) du cours supérieur de la Godbout (devenue une ZEC). Plus haut, la rivière traverse le territoire d'un pourvoyeur en chasse et pêche, qui gère la pêche du saumon près de ses camps luxueux.

     Dès le début de la saison de pêche jusque vers la fin de juillet, les saumons ont toujours été entassés dans le club privé des Molson. Une série de très violentes cascades (460 m -1 500 pi de longueur environ) empêchaient les saumons de remonter tant que le niveau de l'eau n'avait pas considérablement baissé. Dès que le courant se faisait moins violent dans cette espèce de chute, les gros géniteurs accédaient le plus rapidement possible à leurs frayères, tandis que les saumons moyens et les madeleineaux s'attardaient un peu dans les fosses de la ZEC. Or, à la suite de longues négociations impliquant le club privé, ainsi que la ZEC et le pourvoyeur (en plus des différents ministères provinciaux concernés), on a aménagé la «chute des Molson» et on y a établi une passe migratoire pour permettre aux saumons de monter beaucoup plus tôt en saison dans la portion de la rivière Godbout gérée par la ZEC et le pourvoyeur.

     Selon les autorités gouvernementales québécoises, un millier de saumons sont pris à la mouche par les saumoniers annuellement dans la Godbout (poids moyen de 4,5 kg -10 lb). Quelque 75 pour 100 des prises étaient faites, jusqu'en 1985, dans le parcours du « club privé» et il s'agirait des plus gros saumons.

     Le chemin forestier qui longe la Godbout est très carossable sur les 32 premiers km (20 mi); vous pourrez y aller avec votre voiture. Des travaux sont faits pour aménager le chemin forestier en amont, afin de rendre une plus grande portion de la rivière accessible.

     La pêche en canot est permise sur certaines fosses. D'ailleurs, pour pêcher dans certaines fosses, l'utilisation du canot est essentielle, ne serait-ce que pour traverser de l'autre côté de la rivière. Des guides sont disponibles. Des saumoniers expérimentés découvriront d'excellentes fosses non identifiées, entre les fosses les mieux connues.

     En 1985, à l'occasion du 5e anniversaire de la ZEC, l’association a publié une brochure de 80 pages fourmillant de renseignements utiles. Chaque fosse de la rivière est présentée avec une photographie et des commentaires. Chaque saumon pris durant les cinq années précédentes y est présenté (date, heure, poids, nom de la fosse, nom de la mouche, nom du pêcheur); par ordinateur, on a identifié les fosses les plus productives (dates, heures).

La Grande-Trinité

La Grande-Trinité
     La Grande-Trinité, d'une longueur de 74 km (46 mi), était le club privé de la compagnie d'exploitation forestière Domtar jusqu'à sa «libération». En mai 1976, par le ministre libéral Claude Simard, de Sorel, alors titulaire du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Le déclubbage a fait suite à des manifestations et des occupations illégales, durant les années précédentes, par le M.R.R.S.E.N. (Mouvement de récupération des rivières à saumons de la Côte-Nord), dont faisait partie Lucien Lessard (qui allait devenir, quelques années plus tard, ministre péquiste du Loisir, de la Chasse et de la Pêche).

     Dans la rivière Grande-Trinité, située à 35 km (22 mi) à l'est de Godbout, les saumons (dont une forte proportion sont des madeleineaux) arrivent surtout en fin juin et début de juillet; ils sont nombreux et la majorité sont pris au pied du barrage de retenue d'eau de la municipalité de Baie-Trinité, en plein milieu de la localité. En fait, les 14 premières fosses des 41 que compte la rivière sont dans le secteur no 1, au pied du barrage; ce sont des chaudières derrière les roches principales. Ces fosses, on peut les pêcher de la berge ou à partir de trottoirs (dans la majorité des cas).

     Les 27 fosses du secteur de pêche no 2 (à part plusieurs autres, non identifiées) sont accessibles par une route de gravier longeant la rivière et le nombre des pêcheurs est illimité. Les meilleures fosses? L'Indienne, L'Écluse (accessibles par la route 138, à l'ouest de Baie-Trinité), La 9 Milles et La 22 Milles (accessibles par une route gravelée, à l'est du barrage). Mais, les saumoniers de la région ont tous l'habitude de se concentrer sur ces fosses-là, même s'il y en a d'autres aussi bonnes à pêcher ailleurs, et ils oublient souvent de faire la rotation ...

    La rivière Grande-Trinité, qui fut la première « ZEC-saumon » ... avant même la création des ZEC et qui a servi de modèle aux autres ZEC du même domaine, n'est officiellement devenue une ZEC .. qu'en février 1987!

AUX ROCHERS

     Depuis 1983, à la suite de pressions auprès du gouvernement provincial, la Corporation de développement touristique de Port-Cartier s' occupe d'émettre des droits d'accès à la pêche du saumon dans la rivière Aux Rochers. Cette rivière, qui coule dans le sens nord-sud, prend sa source dans une série de grands lacs situés à l'intérieur de la réserve faunique Sept-Îles/Port-Cartier, et dévale vers le fleuve dans une série de cascades et de chutes violentes.

     Dès l'embouchure de la rivière, existe une chute impressionnante et infranchissable pour les saumons; on peut l'apercevoir de la route no 138, à Port-Cartier, puisqu'un belvédère a été aménagé à cet endroit.

     Le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche fait capturer les saumons au pied de la chute, pour les remonter vers les frayères dans un camion-réservoir. Pour la pêche, on a aménagé huit fosses en bas de la chute; les places disponibles sont réservées à l'avance et la rotation des pêcheurs dans les fosses se fait sur une base semi-journalière.

la Moïsie

la rivière Moïsie
     Longue de quelque 360 km (225 mi), la rivière Moïsie, qui se jette dans le Saint-Laurent à l'est de Sept-Iles, est parfois large de plusieurs centaines de mètres (verges). C'est un cours d'eau tumultueux dévalant entre des montagnes abruptes de proportions gigantesques. La Moïsie ressemble comme une jumelle à la rivière Jacques-Cartier et à sa vallée, mais en plus gros, en plus impressionnant, en plus sauvage encore. Ce qui n'est pas peu dire.

     Vous pouvez vous imaginer que les saumons qui remontent un tel cours d'eau sont des« grosses faces ». Des colosses prêts à affronter des éléments exceptionnels. Les saumons de la Moïsie sont réputés dans le monde entier, parce qu'ils sont gros et parce qu'ils sont nombreux (certains porte-parole locaux des saumoniers osent mentionner le chiffre de 10 000 à 12 OOO!; le nombre de prises se situe annuellement au-delà de 2 000 et les gros saumons pesant jusqu'à 18 kg - 40 lb ne sont pas rares).

     On pêche la Moïsie essentiellement en embarcation motorisée sur presque toute la longueur de son parcours, sauf peut-être à quelques rares endroits. Excepté pour la portion inférieure de la rivière (de chaque côté du pont de la route no 138 et le bas du club privé Moïsie Salmon Club), le reste de la rivière n'est accessible qu'en hélicoptère et, en de rares endroits, en hydravion; on comprend pourquoi presque tout l'amont de la Moïsie est l'apanage des pourvoi ries (très luxueuses et aux tarifs relativement élevés).

     À partir de son embouchure et jusqu'au sud du pont de la route 138, la Moïsie est une ZEC, dont la gestion a été confiée à un regroupement de saumoniers locaux: l'Association de protection de la rivière Moïsie (A.P.R,M.), qui fait elle-même partie de l'Association des gestionnaires de la rivière Moïsie (A.G.R.M.) regroupant la ZEC, les pourvoyeurs et le club privé.

     Le Club de pêche du saumon de Moïsie (Moïsie Salmon Club ou Club Adams) est l'un des plus vieux et des plus riches clubs privés d'Amérique du Nord pour la pêche du saumon; il est propriétaire de terrains et des droits de pêche sur un secteur de 19 km (12 mi) de la rivière. Il n'est absolument pas question que ce club privé abandonne ses terrains et ses droits et qu'il change son statut.

     Depuis 1986, les sections médianes de la rivière Moïsie et de la rivière Nipissis (autrefois détenues par bail par les clubs privés) sont devenues des pourvoiries. Ces pourvoiries ne sont accessibles que par la voie des airs et offrent des services de qualité exceptionnelle à leurs clients (avec des tarifs en conséquence ...). Une autre pourvoirie détient des droits exclusifs de pêche dans la Haute-Moïsie.

     Dès le début du mois de juin, on pêche dans la rivière tout à côté du terrain de camping situé près du pont de la route no 138 (environ 40 km - 25 mi à l'est de Sept-Iles). À ce moment-là de la saison, on capture, en assez forte proportion, des «saumons noirs», c'est-à-dire des saumons qui ont remonté laMoïsie durant l'été précédent et qui dévalent maintenant la rivière pour retourner dans l'océan et s'y engraisser de nouveau. Ce qui attire les pêcheurs sportifs, à cet endroit-là et à ce moment-là de la saison, c'est la possibilité de pêcher à la cuiller à la traîne; on peut parfois observer des centaines d'embarcations transportant des pêcheurs à la traîne! La Moïsie est la seule rivière à saumons (à part celles du Grand Nord) où il est possible de pêcher à la cuiller.

LA SAINT-JEAN

     Une cinquantaine de kilomètres (30 mi) avant d'arriver à Havre-Saint-Pierre, vous rencontrerez la rivière Saint-Jean, un cours d'eau aussi impressionnant que la Moïsie. Les 18 premiers kilomètres (11 mi) sont une seigneurie appartenant, en propriété privée, à de richissimes Américains. Depuis 1987, le haut de la Saint-Jean (anciennement le club privé de la compagnie d'exploitation forestière Donohue) est devenu une pourvoirie à droits exclusifs gérée par l'Association de protection de la rivière Saint-Jean (A.P.R.S), les tarifs varient entre quelques dizaines et quelques centaines de dollars par jour par pêcheur.

     Les saumons y sont présents en très grand nombre et de belle grosseur. Puisque les routes d'accès sont actuellement inexistantes le long de la Saint-Jean, il faut accéder à la rivière en canot motorisé; rendu aux fosses qu'il veut pêcher, le saumonier débarque et pêche à pied.

F- RIVIÈRES DE LA BASSE-CÔTE-NORD

RIVIÈRES DE LA BASSE-CÔTE-NORD
     Nous ne vous avons pas parlé des rivières de la Basse-Côte-Nord et des pourvoiries qui peuvent vous y accueillir. C'est que la route no 138 ne s'y rend pas encore (en 1988) et qu'il est coûteux d'y accéder. Mais, si vous recherchez le calme, la tranquillité, l'exclusivité, le luxe pour le gîte et la bouffe, une haute qualité de pêche et si vous disposez des ressources pécuniaires suffisantes, vous pourrez toujours consulter le répertoire annuel des pourvoiries pour la région administrative no 9 du Québec et faire ensuite votre choix pour une excursion dans cette partie-là de la province.

G- RIVIÈRES D'ANTICOSTI

     Le simple fait de mentionner le nom de l'île d'Anticosti fait rêver les sportifs: dans leurs rêves, ils voient des rivières regorgeant de saumons et des forêts fourmillant de cerfs de Virginie. Ceux qui n'ont pas encore visité cette immense île de 7943 km2 (3 067 mi2) gisant en plein milieu du golfe du Saint-Laurent, la considèrent encore comme un paradis lointain, inaccessible. Ils sont prêts à croire tous les mythes, toutes les légendes qui ont cours à son sujet.

RIVIÈRES D'ANTICOSTI
    Dès que l'on met le pied sur l'île, on est un peu déçu: Anticosti est une forêt d'épinettes noires rabougries à perte de vue, traversée par quelques routes gravelées et bordée de grèves inhospitalières. Mais, lorsqu'on a l'occasion d'y séjourner à quelques reprises, on se laisse facilement prendre par l'hypnotisme que cette île exerce.

     Cette île, créée de sédiments voilà quelque 500 millions d'années, était pratiquement inhabitée par les humains et les animaux sauvages (sauf les poissons et les oiseaux) jusqu'à la fin du siècle dernier. C'est à cette époque que Henri Menier, un millionnaire français ayant fait fortune dans la fabrication du chocolat, l'acheta pour en faire son royaume personnel. Il y amena des habitants, qu'il considérait comme ses serfs, et y introduisit quantité d'animaux sauvages. À la mort de Menier, ses successeurs ne surent garder le royaume dans le même état et durent s'en départir. Ce fut ensuite le règne des compagnies d'exploitation forestière jusqu'en 1974, alors que le gouvernement provincial du Québec expropria l'île pour quelque 25 $ millions, pour éviter que cette partie merveilleuse du Québec ne tombe entre les mains de millionnaires étrangers qui en auraient fait le plus important et le plus exclusif des clubs privés de chasse et pêche du monde. Depuis lors, le gouvernement québécois a cédé la gestion de l'île à une société d'État et à des pourvoyeurs privés en chasse et pêche, qui y reçoivent une clientèle pécuniairement à l'aise dans des établissements de très haute qualité.
RIVIÈRES D'ANTICOSTI
    Les rivières à saumons d'Anticosti ne ressemblent en rien à celles que nous connaissons généralement dans le Québec continental. Elles sont minuscules, peu profondes et l'eau y est d'une limpidité exceptionnelle. En fait, on qualifierait probablement ici de «ruisseaux» ces rivières (au nombre d'une cinquantaine, dont une douzaine ayant une certaine importance sont exploitées sur une base régulière). Ces rivières sont tellement différentes de celles du Québec continental qu'il faut les aborder d'une manière spéciale.

     C'est l'endroit idéal pour employer de l'équipement ultra-léger: de petites cannes en fibres de graphite de 7 pieds ou 7 pieds et demi de longueur, pour propulser des soies no 4, no 5 ou no 6; les mouches, par comparaison à celles qu'on emploierait normalement pour pêcher dans les rivières du Québec continental, doivent être plus petites. Dans bien des circonstances, si vous faites un lancer de plus de 8 m de distance (25 pi), vous accrocherez votre mouche dans les arbres de la rive opposée de la rivière! Mais, toute menues qu'elles soient, les rivières d'Anticosti accueillent généralement d'importantes populations de saumons.

     Ces saumons sont plutôt de taille modeste: dans la catégorie des 2,75 à 4,5 kg (6 à 10 lb). Les prises atteignant 5,5 kg (12 ou 131b) sont mémorables. Les madeleineaux de 1,35 à 1,8 kg (3 à 4 lb) sont assez fortement représentés.

     On peut pêcher bon nombre de fosses de chaque rivière à pied sec, à partir de la berge, et l'emploi des cuissardes sera peut-être pratique pour traverser certaines fosses ou pour pêcher dans d'autres, plus profondes et plus larges.

     Laissez-nous vous assurer que la récolte d'un saumon pesant quelque 4,5 kg (10 lb), à l'aide d'une minuscule canne à moucher, c'est du sport! En fait, il ya autant de plaisir à le faire que de prendre des saumons pesant de 9 à 11 kg (de 20 à 25 lb) avec une canne ordinaire pour pêcher le saumon (canne de 9 pieds de longueur propulsant une soie no 9 ou no 10).

     En 1973-1974, à Anticosti, les saumoniers pouvaient capturer 5 saumons par jour, sans limite quant au nombre total des prises. En 1974-1975, la limite quotidienne des prises a été abaissée à 4 saumons par jour, puis à 3 quotidiennement en 1975-1976, avec, cette fois-là, une limite de 10 saumons en tout par séjour de pêche. De nos jours, la limite quotidienne des prises autorisées est de 2 saumons et de 10 par saison ...

     Certains d'entre vous croiront que les saumoniers se tournent les pouces pendant une bonne partie de leur séjour, à cause de telles restrictions, puisqu'ils seraient obligés d'arrêter de pêcher très tôt chaque jour. Ce n'est pas toujours le cas ... Le problème des rivières d'Anticosti est le suivant: même si la montaison des saumons est bonne (et la pêche excellente) après de violents orages ou plusieurs journées de pluie, qui haussent suffisamment le niveau de l'eau en rivière pour «appeler» les saumons de la mer et pour faire bouger ceux qui étaient prisonniers depuis trop longtemps dans certaines fosses, il arrive aussi, dès que reviennent le beau temps et la sécheresse, que le niveau de l'eau baisse rapidement dans les rivières et que la pêche redevient encore difficile. Heureux celui qui arrive au bon moment, c'est-à-dire lorsque les orages font rage et que la pluie tombe à verse! Mais, lorsque le soleil est radieux et le ciel bleu, lorsqu'il n'y a aucun nuage à l'horizon (ce qui survient fréquemment et longtemps à Anticosti ...), le saumonier trouve le temps bien long. 

     La pêche du saumon dans les rivières d'Anticosti est coûteuse. Il faut comprendre que les investissements qui y sont faits par les gestionnaires sont hors de proportion avec ceux qu'on doit normalement faire pour les aménagements dans le Québec continental. D'autre part, les rivières de l'île, quoi que vous puissiez en penser, ne peuvent subir une pression de pêche excessive. Si vous avez les ressources pécuniaires suffisantes pour séjourner à Anticosti, les rivières les plus intéressantes à fréquenter sont la Jupiter, la Chaloupe, la Saumons, la Loutre, la Bell, la Box et la Dauphinée; vous pourrez éventuellement récolter des saumons dans les rivières MacDonald, Patate, Bec-Scie et Sainte-Marie.

H- RIVIÈRES DU NOUVEAU-QUÉBEC

     À la fin des années 1950 et au début des années 1960, quelques sportifs aventureux (surtout des propriétaires de petits hydravions de brousse) se mirent à fréquenter les immenses régions du Nouveau-Québec, jusque-là pratiquement inexploitées pour la pratique des activités de chasse et pêche sportives. Les Indiens et Inuit, qui y habitaient depuis des millénaires, étaient alors presque les seuls à y faire régulièrement la pêche et la chasse. Avant l'invasion des sportifs, les seuls Blancs qui avaient fréquenté ces régions septentrionales avaient surtout été de hardis explorateurs, des militaires, des scientifiques, des missionnaires et des fonctionnaires de divers paliers de gouvernement. À leurre tour dans le sud, tous ces gens-là ont parlé à qui voulait les entendre des ressources fauniques du territoire.

RIVIÈRES DU NOUVEAU-QUÉBEC
     C'est surtout la possibilité de chasser le caribou qui a attiré les sportifs aventureux dans le nord du Québec. Mais ces chasseurs ont emporté avec eux cannes et moulinets, pour jouir au maximum des ressources fauniques de ces régions vierges. Quelques-uns d'entre eux, doués du sens des affaires, décidèrent d'établir des entreprises de pourvoirie en chasse et pêche pour accueillir des clients du monde entier, qui commençaient à rêver d'expéditions dans cette contrée.
 
     Au début des années 1970, les dirigeants du ministère fédéral des Affaires indiennes et du Nord canadien, devant l'intérêt manifesté par les chasseurs et pêcheurs pour des expéditions dans la région de la baie d'Ungava, rachetèrent quelques pourvoiries établies par des Blancs et en créèrent d'autres, pour permettre aux autochtones d'exploiter commercialement les ressources fauniques de leur territoire de manière à assurer le progrès socio-économique de leurs communautés. Grâce à des reportages envoûtants publiés dans les revues spécialisées à grand tirage, un nombre grandissant de sportifs bien nantis, à la recherche d'expériences hors de l'ordinaire, ont pris la direction de ces régions autrefois inconnues.
 
     Les saumoniers, quant à eux, se retrouvaient au septième ciel: imaginez qu'ils avaient la possibilité de prendre jusqu'à 5 saumons par jour, sans limite quant au nombre des prises et quant au nombre de jours de pêche!
 
     Mais, malheureusement, le rêve fut de bien courte durée! Car, dès la fin des années 1970, certains fonctionnaires d'autres ministères canadiens et québécois firent découvrir aux Inuit la possibilité d'amasser plus rapidement et plus facilement de l'argent, en pêchant au filet dans le fleuve Koksoak (passant à côté de Kuujjuaq, anciennement Fort Chimo). Ainsi, pendant quelques brèves semaines de pêche au filet, en 1980 et 1981, les autochtones capturèrent plus de 15 000 saumons géniteurs annuellement... Il va sans dire que les prises sportives de saumons, qui dépassaient le nombre de 3000 chaque année, à la fin des années 1970, dégringolèrent rapidement et n'atteignirent plus que le millier, au début des années 1980, car les filets bloquant l'embouchure du Koksoak empêchaient les saumons de remonter dans les affluents de ce cours d'eau (dans la Caniapiscau, dans la rivière Aux Mélèzes, dans la Du Gué et dans la Delay notamment).
 
     Encouragés par la demande en provenance du sud (chaînes de magasins d'alimentation, poissonneries, grands hôtels, restaurants, etc.), les Inuit étendirent leurs activités de pêche commerciale au filet à d'autres rivières de la baie d'Ungava et achetèrent les prises faites par d'autres autochtones ne possédant pas de permis de pêche commerciale. Ainsi, pour satisfaire la demande, les filets bloquèrent l'embouchure du fleuve Whale, un autre immense cours d'eau de la région.
 
     Nous vous rappelons qu'en 1982 des biologistes québécois ont découvert qu'une très forte proportion des saumons fréquentant le fleuve Koksoak (et ses affluents Caniapiscau, Aux Mélèzes, Du Gué et Delay) étaient des saumons estuariens, c'est-à-dire des saumons croissant dans l'estuaire du fleuve Koksoak et venant frayer en eau douce, sans jamais séjourner dans la mer. La zone estuarienne du Koksoak va de quelques kilomètres en amont de Kuujjuaq jusqu'à l'embouchure ... exactement là où les Inuit pêchaient au filet! C'est donc dire que les autochtones n'ont pas exercé uniquement un prélèvement sur des populations de saumons de passage, mais qu'ils ont récolté continuellement les géniteurs sur leur aire d'engraissement. Il ne faut donc pas se surprendre qu'un  nombre décroissant de saumons remontent annuellement les rivières de la région de la baie d'Ungava pour y frayer.
 
     Si vous décidez d'aller pêcher le saumon dans les rivières de la région de la baie d'Ungava, sachez qu'il s'agit de véritables fleuves, souvent larges de 200 à 300 m (650 à 1 000 pi). Bien souvent, les saumons sont répartis sur toute la longueur et toute la largeur des cours d'eau en question: chaque grosse roche dans l'eau (et ce n'est assurément pas ce qui manque dans les rivières du Nouveau-Québec!) retient des saumons. Là-haut, les saumoniers pêchent souvent à la traîne et il y a fort peu de chances qu'ils «jiggent» même en pêchant avec des leurres métalliques (il est permis de pêcher le saumon avec des leurres métalliques jusqu'au 31 juillet). Il faut souligner que les sportifs récoltent bien plus de truites mouchetées, de truites grises, de ouananiches, d'ombles chevaliers que de saumons atlantiques. Dans les rivières moins larges que les fleuves Koksoak, George ou Whale (par exemple, dans leurs affluents), vous pourrez souvent pêcher à pied et même à pied sec: chaque cran de la berge casse le courant et les saumons ont l'habitude, comme dans les rivières de la Gaspésie et de la Côte-Nord, de se tenir dans le «tranchant» de l'eau créé par un tel obstacle. Évidemment, vous pourrez pêcher au pied des nombreux rapides (soit à pied à partir des rochers de la berge, soit après avoir bien ancré l'embarcation). Chose certaine, les pourvoyeurs et leurs guides connaissent fort bien les repaires usuels des saumons dans ces cours d'eau et vous y conduiront.
 
     L'avantage qu'il y aurait pour vous d'aller pêcher le saumon dans les rivières du Nouveau-Québec, c'est de vivre une expérience hors de l'ordinaire, dans un environnement inhabituel, d'où vous rapporterez des souvenirs et des photographies exceptionnels. Vous y jouirez du calme, de la tranquillité, de la quiétude de ces lieux ... non achalandés! Vous aurez des dizaines et des dizaines de kilomètres de rivière à votre entière disposition. Mais, c'est sûr, vous devrez consentir à payer le prix fort pour connaître cette expérience et ces sensations.

I- AUTRES PROVINCES

RIVIÈRES DU NOUVEAU-BRUNSWICK

     Les rivières du Nouveau-Brunswick ont presque toujours été les plus productives de toutes celles des provinces de l'est du Canada, même si la majorité des saumons qui y sont pris sont des madeleineaux.

     Il existe bien au-delà de trois douzaines de rivières à saumons au Nouveau-Brunswick, mais n'oubliez pas que la presque totalité des prises sportives sont faites dans trois bassins hydrographiques seulement: ceux de la Ristigouche, de la Miramichi et de la St.-John.

     La Ristigouche, une rivière à gros saumons, est pratiquement toute gérée par des clubs privés, tout comme ses tributaires, l'Upsalquitch et la Kedgwick. Il faut être bien nanti pécunairement pour faire partie de ces clubs ou entretenir de bonnes relations avec les membres des clubs pour y pêcher. Il y a bien quelques pourvoyeurs qui accueillent des clients (réguliers ...) et leurs tarifs sont élevés.

     La Miramichi, elle, offre des parcours de pêche au grand public; évidemment, les meilleures fosses appartiennent à des clubs privés ou à des pourvoyeurs. Il ya des montaisons régulières de saumons (surtout des madeleineaux), du mois de juin au mois d'octobre, alors que la saison de pêche sportive y prend fin.

     Quant à la St. John, où les saumons sont plus gros que ceux de la Miramichi, mais plus petits que ceux de la Ristigouche, elle doit être pêchée à partir d'une embarcation. Plusieurs fosses de ses principaux tributaires, la Tobique et la Naswaak, sont accessibles aux pêcheurs à pied.

     Les autorités du Nouveau-Brunswick autorisent les saumoniers à récolter les saumons noirs, durant les mois d'avril et mai. Cette pêche est beaucoup moins attirante, puisque les saumons se nourrissent lors de leur redescente vers la mer: ils prennent alors facilement les grosses mouches traînées derrière les embarcations.

     N'oubliez pas que les non-résidents, même lorsqu'ils pêchent dans les fosses accessibles aux grand public, doivent absolument utiliser les services d'un guide local, au tarif de quelques dizaines de dollars quotidiennement ... Le Nouveau-Brunswick vend des permis de pêche hebdomadaires ou saisonniers aux saumoniers non-résidents.

RIVIÈRES DE LA NOUVELLE-ÉCOSSE

RIVIÈRES DE LA NOUVELLE-ÉCOSSE
     Le territoire de la Nouvelle-Écosse ne compte que deux douzaines de petites rivières à saumons. Toutes les fosses y sont accessibles au grand public, y compris aux saumoniers non-résidents; le coût du permis annuel de pêche du saumon, pour ces derniers, n'est que de quelques dizaines de dollars annuellement. Évidemment, vous devez vous attendre à y trouver beaucoup de sportifs simultanément, surtout durant les deux périodes de pointe de la saison (juin/juillet, puis septembre/octobre).

     En été, les rivières à fréquenter sont surtout celles qui se jettent dans l'Atlantique: la Medway, la LaHave et la St. Mary's, entre autres.

     En automne, ce sont surtout les rivières se jetant dans la baie de Fundy qui offrent les meilleures possibilités de pêche, particulièrement la Stewiacke. Quelques rivières du Cap Breton, comme la Margaree, reçoivent des saumons frais autant en début d'été qu'en automne.

     Ne vous attendez pas à une qualité de pêche exceptionnelle dans les rivières de la Nouvelle-Écosse. Mais, puisqu'il en coûte si peu cher pour y pêcher, pourquoi ne pas les fréquenter au cours de vos grandes vacances dans les Maritimes avec les membres de votre famille?

ÎLE-DU-PRINCE-ÉDOUARD

     Il n'y a que trois toutes petites rivières à saumons dans l'Île-du-Prince-Édouard : la Moreil, la Midgell et la West River. Seulement quelques dizaines de saumons y sont officiellement récoltés annuellement. Depuis la fin des années 1970, les citoyens collaborent avec les autorités gouvernementales pour aménager les rivières, ce qui commence à donner des dividendes.

RIVIÈRES DE TERRE-NEUVE ET DU LABRADOR

RIVIÈRES DE TERRE-NEUVE ET DU LABRADOR
     Si vous êtes plus aventureux et désireux de vous distinguer de la masse, il vous est possible de connaître des expériences un peu hors de l'ordinaire en vous éloignant des régions habituellement fréquentées par les autres Québécois: dans ce cas, pourquoi ne pas prévoir une excursion de pêche du saumon dans les rivières de Terre-Neuve et du Labrador?

     À Terre-Neuve, par exemple, on dénombre bien au-delà d'une centaine de rivières à saumons, ce qui a de quoi attirer et satisfaire grand nombre d'adeptes: imaginez donc que, dans un territoire plus sauvage et bien moins étendu que le Québec, on y trouve plus de rivières à saumons qu'au Québec. ..et beaucoup moins de monde!

     Vous trouverez là tous les types de rivières (petites, moyennes et grosses); mais, généralement, elles sont petites ou moyennes et il n'en existe que quelques-unes que nous pouvons qualifier de grosses. La majorité des rivières sont situées sur la côte sud et ouest de Terre-Neuve (les rivières les plus importantes sont la Humber, Serpentine, Codroy, Crabbes, Portland Creek, River of Ponds). Dans le centre-nord de Terre-Neuve, nous vous suggérons de pêcher dans les rivières Exploits et Gander.

     La pêche y est surtout bonne de la fin juin à la fin juillet. Habituellement, les saumons y sont petits; toutefois, dans la Humber, en début de saison, vous pourrez prendre des saumons détaille un peu plus respectable. Parlant de la Humber: notre guide Vaughan Cross (de Nichosville, près de Deer Lake) soutient qu'en une seule journée de fin juin 1983, il s'est pris 400 saumons pour 500 pêcheurs dans cette rivière! Quel spectacle fantastique que de pêcher au pied de la chute sur la rivière Humber (avec son guide obligatoire, dans une chaloupe louée du gouvernement provincial) et de voir constamment des saumons sautant hors de l'eau dans leurs tentatives de franchir l'obstacle; tout à côté de vous, dans les autres embarcations, il y a presque toujours des saumoniers aux prises avec un saumon ...

     Vous pouvez y aller avec votre véhicule et votre équipement, à partir de Sydney (Nouvelle-Écosse); vous embarquez sur un paquebot de CN Marine (sept heures de traversée jusqu'à Port-aux-Basques). Vous pouvez toujours rejoindre Terre-Neuve par voie aérienne et, à partir de Saint-Jean, louer un véhicule; n'oubliez pas qu'il vous faudra absolument louer de l'équipement pour le camping (tente, tente-roulotte, «campeur» ou une roulotte motorisée, incluant tout le nécessaire pour y faire la bouffe). Le territoire, peu habité, n'offre peut-être pas toutes les infrastructures d'accueil que les touristes sont habitués de trouver dans d'autres régions du pays; vous êtes beaucoup plus laissé à vous-même et vous devez apprendre à subvenir à vos besoins, à composer avec la nature.

     Les routes principales ne sont pas bien nombreuses et très peu de routes secondaires pénètrent à l'intérieur du territoire; il existe rarement des chemins le long des rivières à saumons: en fait, vous pêchez dans les rivières de chaque côté des ponts qui les enjambent (vous avez le droit, sans débourser quotidiennement d'argent, avec votre permis provincial saisonnier très peu coûteux, de pêcher dans toutes les rivières à saumons que vous croisez, sans les services d'un guide obligatoire, à la condition que vous ne dépassiez pas 0,4 km ou un quart de mille de distance de chaque côté du pont). C'est le même permis saisonnier de pêche du saumon qui est aussi valable au Labrador; en déboursant un léger supplément, vous pourrez acheter un permis familial. Puisque les terrains de camping provinciaux sont peu nombreux, il vous faudra souvent camper sur des terrains publics non aménagés près des rivières.

     Si vous avez l'esprit vraiment aventureux, pourquoi ne pousseriez-vous pas une pointe jusqu'au Labrador? Vous accéderez au Labrador en vous embarquant, à partir de Sainte-Barbe, sur un petit traversier qui fait régulièrement la navette entre Terre-Neuve et Lourdes-de-Blanc-Sablon, au Québec (un peu plus d'une heure de traversée). Blanc-Sablon est la dernière localité du Québec; à la limite est de la municipalité, c'est le début du Labrador terre-neuvien. Les rivières à saumons du Labrador terre-neuvien sont nombreuses, mais il n'y en a que deux qui soient accessibles par voie terrestre (en provenance du Québec et de Lourdes-de-Blanc-Sablon, soit une route longue de quelque 50 km - environ 30 mi): ce sont la Forteau et la Pinware.

     Ces deux rivières regorgent de saumons. Vous y pêchez en respectant les mêmes règlements que ceux en vigueur sur l'île de Terre-Neuve. Sur chaque rivière, une pourvoirie peut vous accueillir, si c'est votre choix. Si vous y allez selon vos propres moyens, c'est évidemment en camping sauvage. Ces rivières sont peu fréquentées par les saumoniers; le meilleur temps de la saison va de la mi-juillet à la mi-août. Vous y trouverez beaucoup de plaisir à y pêcher ... malgré l'existence des milliards de mouches noires!

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