Conclusion

Il existe quelquefois des situations qui nous rappellent certains illogismes dans ce monde de la pêche à la mouche. Prenons pour exemple le fait que le pêcheur britannique pêche abondamment avec des mouches sèches quand il pratique son art pour la capture de truite, et qu'il les néglige quand il pêche le Roi des eaux.
Bien sûr, il utilise fréquemment la mouche sèche quand il pêche en Amérique ou en Russie, mais il poursuit rarement l'expérience une fois revenu dans ses terres natales. Peut-être faut-il en mettre la faute sur la nature même de cette activité en Grande-Bretagne. Essentiellement traditionalistes, les accompagnateurs et les guides recommandent rarement cette pratique. Il suffirait souvent à un nouveau de conseiller cette pratique pour ne plus être invité et même se voir accuser de sacrilège ou être pris pour un quelconque braconnier ésotérique. Certains amis français en savent quelque chose!
Vous me direz qu'il est logique pour le saumonier québécois et même nord-américain de prétendre à cette technique, puisque les eaux qu'il fréquente sont le plus souvent très claires, particulièrement en Gaspésie et en Haute-Côte-Nord. J'abonderai dans ce sens et plus encore, en prétendant que ce dernier aime passionnément cette technique parce qu'il n'y a pas de plus grand bonheur que de voir Salmo se révéler à la mouche, d'en voir l'attaque, d'en sentir la surprise, d'en reconnaître la colère, d'en vivre le courage et d'en combattre l'ardeur. Et tout au bout, de jouir de cette capture.
Il nous faut également reconnaître que, si les techniques de présentation et l'utilisation des mouches sèches y comptent pour beaucoup, la qualité de l'équipement auquel le pêcheur a accès de nos jours lui donne le loisir de les développer.
Et quel développement!
Le Québec a toujours été une terre fertile en créateurs et en artistes. Le domaine du montage de mouches n'y fait pas exception.
Cependant, il nous faut dire que, trop souvent encore, le monteur essaie de cacher ses créations, de garder pour lui Il sa mouche miracle Il et s'en fait voler la paternité, un jour ou l'autre. Cela s'est produit par le passé, se produit plus souvent que vous ne le pensez encore aujourd'hui et se produira encore demain. Beaucoup de Québécois se sont vus lésés dans leurs droits d'auteur alors que d'autres s'appropriaient certaines paternités, à leurs dépens.
La meilleure façon d'éviter tout cela est de diffuser notre savoir et nos trouvailles.
D'ailleurs pourquoi garder une mouche pour soi?
Pour garder la chance de prendre plus de poissons et s'enorgueillir d'être meilleur pêcheur qu'un autre? Détrompez-vous, votre mouche n'est pas meilleure qu'une autre, car pour capturer un saumon, il y a plusieurs facteurs à considérer.
Est-ce qu'il y a du saumon dans la fosse?
Le saumon est-il actif?
Quelle est la couleur de l'eau?
Quelle est la vitesse de l'eau?
Depuis combien de temps le saumon est-il dans la fosse?
Est-ce qu'il y a beaucoup de mouches qui sont passées au-dessus du saumon?
Le saumon me voit-il?
Comment est ma présentation?
De quelle couleur est ma mouche?
Est-ce que ma mouche passe dans le champ de vision de Salmo?
Est-ce que ma mouche l'intéresse?
Le saumon est-il actif?
Quelle est la couleur de l'eau?
Quelle est la vitesse de l'eau?
Depuis combien de temps le saumon est-il dans la fosse?
Est-ce qu'il y a beaucoup de mouches qui sont passées au-dessus du saumon?
Le saumon me voit-il?
Comment est ma présentation?
De quelle couleur est ma mouche?
Est-ce que ma mouche passe dans le champ de vision de Salmo?
Est-ce que ma mouche l'intéresse?
Il ne faut jamais, au grand jamais, oublier que le saumon n'est que de passage dans cette fosse et que ce n'est pas votre mouche qui prend le saumon, mais celui-ci qui prend votre mouche, et de plus, seulement quand cela lui fait plaisir!
Sur une fosse, il arrive souvent que tous les pêcheurs de la rotation pêchent avec la même mouche, de la même grosseur; tous présentent leur mouche au même endroit. Alors pourquoi le saumon prend-il celle de Jean, alors qu'il a ignoré celle de Yves, d'Alexandre et de Maurice? Simplement parce que celle du chanceux est passée au bon moment.
Pourquoi ne pas se rappeler ce dicton: «Est-elle bonne parce que les gens en mangent, ou les gens en mangent-ils parce qu'elle est bonne ?» Pour moi, plus une mouche est utilisée, plus elle a de chances de prendre du poisson. Il ne faut jamais oublier les paroles de ce bon vieux Richard Adams. Lorsqu'on lui demande quelles sont les trois meilleures mouches à saumon, sa réponse est toujours la même, et ce depuis plus de cinquante ans: «La première, une GREEN HIGHLANDER, la seconde, une GREEN HIGHLANDER; et la troisième, sûrement une GREEN HIGHLANDER.»
Donc, plus une mouche est utilisée, plus ses chances d'être sélectionnée par Salmo salar sont bonnes. La carrière d'une mouche semble éphémère; peu de mouches passent l'épreuve du temps. Fait facile à prouver, car année après année, de nouvelles créations font leur apparition sur les rivières à saumon du Québec, et très peu d'entre elles franchissent la deuxième année, comme les joueurs de hockey recrues. Dans la majorité des cas, une mouche n'est productive ou n'est utilisée qu'une saison, soit que le pêcheur l'oublie dans sa boîte, parce qu'il a pendant l'hiver créé une nouvelle mouche et que celle de l'année précédente est oubliée. D'autres fois, la mouche n'est productive qu'une saison, sur une seule rivière, dans un temps défini de la saison et à certaines heures seulement.
N'ayez pas peur de dévoiler vos secrets et de faire connaître vos créations, car vos mouches pourraient s'avérer efficaces pour d'autres saumoniers pêchant dans des rivières que vous ne fréquentez pas. Il ne faut jamais oublier que le saumon remonte la rivière et que la mouche, elle, ne peut que la descendre!
