La Chasse au MASKINONGE à la mouche par Mario Aubin

     Note : Les lignes que vous allez lire sont vraies; seuls les noms n 'ont pas été changés. Parole de vrais pêcheurs et surtout photo à l’appui ! Donc, les faux pêcheurs s'abstenir.

Bonjour,

     Je me présente Mario Aubin Directeur R.P.M.N. (regroupement des pêcheurs à la mouche du Nord), un maniaque de la pêche à la mouche et surtout du Maskinongé, vous allez comprendre pourquoi.

La Chasse au MASKINONGE à la mouche
     Dernièrement je concrétisais une promesse de longue date envers mon ami le Français Carmelo Ladelfa également directeur du R.P.M.N., d'aller avec moi à la chasse au maskinongé. Vous trouverez peut-être drôle l'expression «chasse» au maskinongé. Pour moi, pour avoir du succès au maskinongé, il faut le chasser et non le pêcher. Parce que le maskinongé c'est un chasseur il faut prendre le chasseur par la chasse. Et chasser le maskinongé, "le saumon des pauvres" à la mouche « OUF! » c'est toute une sensation! Croyez-moi! Je vous raconte maintenant notre aventure.

     Nous planifions l'excursion le lundi 10 octobre 1994, départ 11 h 00 am, canot sur le top de la voiture, moteur électrique et tout l'équipement de pêche et surtout deux mouches « spéciales » montées à la dernière minute. Question de ne pas en manquer, j'en avais environ 8 en tout. Pourquoi 8 mouches? Quand un maski prend la mouche, après le combat votre mouche vous pouvez lui dire adieu. Le nom de cette mouche? HA! La toilette? Peut-être que je vais vous la donner. Nous voilà prêts à partir en destination de la rivière Achigan.

     Arrivés sur les lieux, nous amarrons le canot, installons le moteur électrique, montons les cannes. Je mets mes bottes de pêche. Carmelo me regarde, "merde! J'ai pas apporté mes bottes ". Je lui dis "maudit français tu vas avoir des problèmes au pluriel, mais c 'est pas grave on va s'en sortir". On est sur la rivière. On part, Carmelo en avant du canot et moi je prends les guides du moteur.

     La rivière se lit comme suit : pas très large, 35 à 40 pieds, une profondeur moyenne de 6 pieds, sauf à certains endroits où il y a des fosses plus profondes allant jusqu'à 12 pieds; une eau assez claire, un courant lent. Le temps était nuageux quelques passages ensoleillés, la température était froide 5°C.

     Le montage des cannes : moi j'utilise une canne de 9 pieds, soie 8 flottante avec un bas de ligne de 6 livres test et ma mouche « spéciale ». Carmelo lui a une canne de 9 pieds 6 pouces avec une soie montée style torpille; un bout de soie 10 et le reste soie 8 flottante avec un bas de ligne en kevlar. Il utilise la même mouche que moi mais légèrement modifiée.

     Je descends le courant au centre de la rivière; je chasse à la traîne, je déroule ma soie environ 70 pieds en arrière et Carmelo fait des lancers en avant à 45° de chaque côté, là où il y a des nénuphars, des branches, des structures propices à avoir des maskinongés. Nous sommes descendus au moins sur une longueur de 3 km, aucune touche.

     À un endroit précis sur la rivière Achigan il y a une petite rivière qui se jette dedans suivi d'une grande bosse plus profonde. Je dis à Carmelo "prépare toi, attache ta tuque avec de la broche, c'est parti". On fait toute la fosse, aucun résultat, on continue la descente 4 km, rien à faire. Je dis à Carmelo "rentre ta soie nous faisons demi-tour".

     Il y a une chose qui est très déplaisante quand nous péchons à la traîne avec une soie flottante, ce sont les feuilles mortes, l'automne, qui dérivent sur la surface de l'eau; elles s'accrochent à la mouche et il faut constamment les enlever.

     En remontant le courant nous arrêtons à la petite rivière qui se jetait dans la rivière Achigan, question de prendre une bouchée et de se dégourdir les jambes. Nous faisons quelques lancers à quai, aucun résultat, il est environ 3 heures de l'après-midi.

     On repart en montant le courant. Carmelo voit un banc de petits poissons affolés et 50 pieds plus loin BANG! Ça y est : "Carmelo j'en ai un" ! OUF! quelle attaque! On accoste sur la rive, je débarque. Carmelo prend l'appareil-photo. Je dis à Carmelo "il reste au fond il ne veut pas venir". Et soudain il me déroule un bon 30 pieds de soie et fait un saut spectaculaire, complètement hors de l'eau. Pas besoin de vous décrire le visage de mon ami Carmelo face à ce spectacle. Suit un combat d'une trentaine de minutes, un maskinongé de 18 livres et de 38 pouces.

     Pouvez-vous imaginer avoir au bout de votre canne à mouche de quelques onces le « feeling » d'un maskinongé de 18 livres 38 pouces qui se débat comme un diable dans l'eau bénite? Et ce qui est le plus spectaculaire c'est quand il sort complètement hors de l'eau. Il y a de quoi en avoir les cheveux raides sur le coco.

     Après s'être remis de ces émotions fortes et avoir stabilisé notre taux d'adrénaline, on continue à monter le courant. Pas longtemps après, BANG! j'en ai un autre. Même scénario, 8 livres 30 pouces. C'est alors que Carmelo me dit "je crois que je vais changer de mouche". Je regarde mon ami dans les yeux avec un petit sourire en lui disant "je ne sais pas trop ce qu'elle a de particulier cette mouche, elle est de la vrai dynamite. On dirait que le maskinongé devient fou quand il la voit". C'est alors que mon ami Carmelo enlève sa mouche et met la même mouche que celle que j'utilise.

     On repart de plus belle en remontant le courant. BANG! Carmelo me dit "j'en ai un". Il me crie "vive le Québec libre!". Il était branché au septième ciel : un maskinongé! Je prends l'appareil-photo, fais quelques clichés, même scénario. Après un combat spectaculaire Carmelo me dit "amène la puise". Je lui dis "prends-le avec tes mains par la queue". Vous auriez dû voir le maskinongé repartir de plus belle et Carmelo prendre une petite douche à la Québécoise. Après les avoir sortis hors de l'eau, on les remercie de nous avoir donné ces belles heures de plaisirs et nous les laissons partir dans leur monde aquatique.

     C'est ainsi que se termine cette belle aventure que je ne suis pas près d'oublier. En passant, ma mouche spéciale c'est la Sénateur Muski. Je vous donne la toilette.

Sénateur Muski (TAMDEM)

HAMEÇONS : Mustad 79580 #2 (avant) Mustad 3399 #4 (arrière)
TANDEM : Fil d'acier «STEELON NYLON COATED WIRE» 30 Lbs de Berkley 3" de long
FIL : FIL-UNI, 6, rouge
CÔTES : Tinsel ovale argent
CORPS : Soie floche rouge
SOUS-AILES : Poils blancs (queue de chevreuil) sous-poils orange, sous-poils verts.
AILES : 2 hackle de selle grizzly
COIFFE : 7 fibres de plume de queue de paon
TÊTE : (Vernie) Fil rouge.

Sénateur Muski

références

» Texte Mario Aubin
» Pêche à la mouche Québec (Atos) Novembre 1994.

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