La Merglet

     Yan fabrique le corps en poils de chien roux acajou ; ce sont ceux de son beau setter irlandais. Le montage se pratique sur un hameçon tige longue n° 12, le corps est gros, je dirais même gras, il occupe presque toute la longueur de la hampe. La collerette triple est constituée de trois plumes de perdrix mouchetées de marron. Elle est repartie vers la tête de la mouche et occupe un bon tiers de la hampe. Pour moi cette imitation est une phrygane expirante ou une mouche de bouse de vache. Le seul reproche que l'on puisse lui faire, c'est sa fragilité due aux hackles de perdrix qui sont très cassants. Mais, quelle allure sur l'eau, au moindre souffle de vent les barbes aériennes de la collerette vibrent, c'est un véritable semblant de vie. Le poil assure la sustentation et la perdrix donne la vraisemblance.
 
     Je puis vous garantir que cette horrible plumeau, mou, velu, est un des meilleurs spent que je connaisse. Je me demande quand l'homme aura fini d'inventer des mouches ?

     Sitôt que Manuel a vu ce monstre, il a immédiatement pensé que l'on pouvait à partir de ce montage, imiter des mouches de mai en changeant les matériaux. Sitôt dit, sitôt fait.

     Corps en poil de chien jaune beige, deux grandes plumes de canard teintes en jaune en tête, la troisième au milieu du corps étant une perdrix claire mouchetée. L'hameçon dans ce cas étant à tige longue n° 8 ou 10 - et les cerques composés d'une bonne pincée de fibres de hackle de canard.
La Merglet
La Merglet (rouillée en breton) est la mouche préférée de Yan le Kéreour qui pèche une petite rivière pierreuse située de l'autre côté de la colline. Je le soupçonne d'avoir découvert cette fantaisie en extrapolant à partir de nos vilaines noyées.

En voici le montage

    C'est une mouche de mai au corps velu, ce qui est anormal, aux cerques trop nombreux, à la collerette assez opaque, mais qui pourtant, en tant que spent, grâce à la mollesse de ses hackles est très prenante. Je ne sais si c'est la perdrix qui lui confère sa réussite, le canard ou bien son corps en poils ; seules les truites, ses victimes pourraient nous le dire. Personnellement, je ne la trouve pas tellement supérieure aux modèles classiques imitant des imagos mais elle est plus réaliste comme spent, ses hackles s'étalant très bien sur l'eau. Comme la « Merglet » elle est aussi fragile et résiste mal aux dents des truites. Enfin vous pouvez l'essayer, sa confection simple ne demande que quelques minutes.

référence

» Courtoisie T.O.S.
» Atos, Mars 1983.

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