La Pêche à la Truite dans son Habitat

     L'aspect d'un plan d'eau peut varier énormément même sur une courte distance.

     Les insectes y sont répartis selon leurs besoins. Alors que certains insectes s'adaptent à de multiples habitats, d'autres ont des besoins très spécifiques. Mais la grande majorité de ces invertébrés sont très sélectifs dans le choix de leurs sites de croissance en fonction.

     > De la vitesse du courant,
     > De la profondeur de l'eau,
     > De la nourriture disponible, des propriétés physico chimiques de l'eau
     > De la nature du substrat.

     Un pêcheur habile considérera dans sa stratégie de pêche les éléments suivants:

     > Bien lire la surface du cours d'eau.
     > Identifier les obstacles naturels dispersés ici et là.
     > Comprendre l'interaction entre les différents courants.
     > Noter la pente d'écoulement.
     > Identifier le type de fond de la rivière et les lignes d'écume.
     > Bien choisir et bien présenter son artificielle.
     > Bien contrôler le comportement de l'artificielle lors de la dérive.
     > Repérer les émergences et les gobages.

    Il est plus facile en eau peu profonde d'interpréter le relief du lit du cours d'eau en regardant l'apparence de sa surface. La compréhension des divers types d'eau et de la distribution des insectes permet alors au pêcheur de choisir la bonne imitation.

Types d'habitats retrouvés en rivières

La Pêche à la Truite dans son Habitat

1) FOSSE : Une fosse est une dépression, plus ou moins forte, du lit de la rivière. Ce qui crée une fosse c'est habituellement une érosion accélérée qu'un site a subit au cours des années. Ce peut être dû aussi à un rétrécissement du cours d'eau en cet endroit ou encore à la présence d'obstacles comme une paroi rocheuse, des blocs imposants, des billots enchevêtrés, ou encore par l'action des glaces lors de la débâcle printanière. Un fosse peut aussi se développer en aval d'une courbe prononcée du cours d'eau (coude) ou de la rencontre de deux courants (île ou tributaire important).

     Les fosses sont plus ou moins profondes. L'eau s'y déplacement lentement et son écoulement est réduit.

     > À la tête de la fosse le courant est rapide et peu profond
     > Au centre, l'eau est ralentie et la profondeur est augmentée
     > À la queue de la fosse (seuil), la vitesse de l'eau s'accélère tandis que la profondeur diminue.

     Pour le poisson, la fosse sert de site de protection et de repos. À l'occasion elle lui sert de lieu d'alimentation et en période de fraie elle devient un lieu de reproduction.

2) CLAPOTIS :  Un clapotis est l'agitation de l'eau. Cette agitation est créée par les courants et le relief sous-marin. Le clapotis est plus ou moins profond et est produit, par des courants divergents à débits relativement importants et un lit parsemé de blocs ou de gravier grossier. Sa pente est raide et le courant rapide. Des blocs et du gravier sont souvent à découvert. La surface très agitée de l'eau reflète bien le relief du fond. Les clapotis peu profonds retiennent rarement des truites mais ils sont souvent des habitats d'où émergent de grandes quantités d'insectes aquatiques. Par contre, un clapotis plus profond est souvent un repaire de truites à l'affût. C'est dans les clapotis qu'une grande quantité d'oxygène est dissoute dans l'eau.


3) VÉGÉTATION :  Cette végétation peut être aquatique ou riveraine. La présence d'une végétation aquatique dans une rivière indique une eau alcaline, avec une biomasse plus ou moins importante, ou qui pourrait être polluée par des apports dommageables en phosphore.

    Les insectes peuvent utiliser cette végétation des cours d'eau alcalins (PH de 7 et plus), pour proliférer. Les poissons trouvent dans cette végétation une protection.

    La végétation riveraine (joncs. Roseaux, hautes herbes, arbustes, conifères et feuillus) donne de l'ombre qui abaisse la température de l'eau. Elle stabilise les berges et les protège de l'érosion tout en offrant aux insectes et aux poissons un couvert protecteur permettant de se camoufler et d'échapper aux prédateurs. C'est un site de repos offrant aussi de la nourriture. Lorsque la végétation riveraine est réduite ou éliminée il en va de même pour la truite.

4) COULÉE :  Une coulée (ou fosse en coulée) est une dépression moins importante du lit de la rivière. C'est cette partie de la rivière entre deux rides majeurs, où l'eau coule lentement (10 à 20 cm/sec.) en douceur. II y a peu ou pas de turbulence à la surface. La pente est faible et le lit est habituellement composé de gravier uniforme. Une coulée apparaît à l'occasion dans une faible courbe dans le cours d'eau. La rive intérieure de la courbe est peu profonde et a une pente légère alors que la rive extérieure est escarpée. C'est près de cette rive escarpée que les truites sont le plus souvent à l'affût.

5) EAU DE CUVETTES : Une cuvette est un volume d'eau temporairement ralenti dans un milieu d'eau vive. Cette cuvette d'eau calme est due à la présence de blocs autour desquels l'eau se déplace. Ces cuvettes donnent refuge aux truites leur permettant de se reposer. En plus des éléments de nourriture en dérive s'y concentrent à cause des remous.

    La pente accélère le débit avant que les obstacles (blocs, pierres ou billots) le ralentisse en causant des remous avant que cette eau dévale à nouveau plus rapidement.

    Les truites peuvent occuper toutes les cuvettes, mais les plus profondes et les plus volumineuses, possédant d'excellentes propriétés hydrologiques, sont les plus convoitées. Ces eaux turbulentes et bien oxygénées contiennent souvent une multitude d'insectes en dérive sous forme de nymphes, d'émergentes et même d'adultes ailés dans l'eau calme d'un remous... Un vrai restaurant !

Montées et Gobages

     Les notions de montées et de gobages peuvent être utilisées pour exprimer tout mouvement de la truite dans le but de s'alimenter. Par contre, à l'occasion, un comportement décelé à l'oeil sous l'eau comme à la surface peut être autre qu'un comportement d'alimentation comme celui d'une fuite due à la peur.

    Ces montées et gobages comportent un ensemble de messages que le pêcheur attentif aura à déchiffrer. Pour un même insecte il peut y avoir différentes formes d'attaques et de gobages. Cela dépend de la vitesse du courant, de la trajectoire utilisée par la truite, de la densité de l'éclosion et du comportement des différents insectes. L'observation et l'analyse des données sont les éléments stratégiques les plus importants pour établir un plan de match. Les comportements suivants sont de bons indicateurs de truites à l'affût.

Montées et Gobages

    > Truites qui perturbent la surface de l'eau.
     > Truites en suspension près de la surface de l'eau.
    > Truites en tenue non protégée.
    > Truites faisant des déplacements latéraux rapides (d'abord pour situer précisément la proie et la trajectoire d'interception avec sa vision particulière) ou en déplacement vers l'aval.
    > Truites pourchassant d'autres truites (car elle le fait pour assurer sa place dans la hiérarchie régissant l'accès aux meilleures places pour s'alimenter).
    > Truites positionnées autour d'un obstacle.
    > Truites en tenue dans l'axe du courant principal de la fosse (mais en dessous du courant plus rapide car elle peut surveiller des proies éventuelles avec moins d'efforts).
    > Truites en tenue près de la jonction de courants de différentes vitesses.
    > Truites en tenue à l'aval de la pointe de courants convergents (c'est un position d'attente de nourriture).
    > Truites qui maraudent en eau libre.
    > Truites apparemment immobiles dans un lac.
    > Truites près des berges d'un lac.

    En règle générale les truites immatures sont démonstratives tandis que les truites adultes agissent généralement de façon plus circonspecte à cause de la connaissance qu'elles ont du danger. Leurs signes d'activités sont donc plus subtils.

    Les grosses mouches sont gobées dans un tourbillon alors que les mouches plus petites sont aspirées. Une montée éclaboussée a lieu lorsqu'un insecte ailé est prêt à s'envoler (par exemple les trichoptères s'envolent rapidement lors de leur émergence et la truite doit les attaquer avec une grande vitesse car ils ne demeurent qu'un bref instant sur l'eau). Lors d'une éclosion importante la truite adopte une cadence dans ses gobages. Il importe alors pour le pêcheur d'adopter cette même cadence. La bulle d'air sur l'eau, suite à un gobage, signifie la prise d'un insecte en surface.

Pour se nourrir les truites suivent une séquence précise; en voici les étapes:

    1) La détection (mouvements latéraux).
    2) L'approche.
    3) La fixation.
    4) L'inspection.
    5) L'attaque.
    6) L'ingestion, le refus ou le ratage.
   7) Le retour au point d'affût.

Ferrage

     Il est bien connu qu'une truite ferme la gueule sur la mouche beaucoup plus tôt après l'avoir prise en eau rapide que le fait une truite en eau lente. Souvent, le poisson dérive sous la proie ou la mouche, s'élève tête première dans la colonne d'eau tout en fixant sa proie jusqu'à l'atteindre, l'inspecter, la prendre et plonger la gueule fermée pour éliminer la résistance de l'eau. Dans une eau lente la truite n'a pas besoin de fermer la bouche aussitôt après la prise comme en eau rapide. Il est donc évident qu'il est plus facile de ferrer une truite en eau rapide pour ces raisons.

    Lors d'une présentation de l'artificielle vers l'aval il est important de se rappeler la forme conique de la tête d'une truite. Cette particularité anatomique rend le ferrage à l'aval beaucoup plus difficile. En effet les possibilités pour que la truite prenne l'artificielle " du bout des lèvres " est beaucoup plus grande. Cette surface est plus petite et plus dure. Une présentation à angle par rapport à l'axe du courant ou encore une présentation qui oblige le poisson à se déplacer pour prendre la mouche facilitent le ferrage. Il est souvent utile de retarder légèrement le ferrage lorsqu'une truite prend notre mouche en aval de notre position.

Truites Difficiles

     Il n'y a pas de réponse facile pour résoudre l'énigme des truites sélectives ou difficiles. Pour espérer trouver un élément de solution, essayez les suggestions suivantes:
    1) Utilisez des mouches plus petites.
    2) Changez de modèle de mouche et contrôlez: sa grosseur, sa couleur, sa silhouette, ses matériaux, l'impression qu'elle donne sur l'eau, sa visibilité, le camouflage de l'hameçon et de l'avançon, sa dérive.
    3) Changez la présentation.
    4) Changez le stade imité par votre mouche (nymphes; émergentes adultes).
    5) Modifiez votre artificielle en altérant les matériaux.
    6) Changez la taille et/ou la longueur de l'avançon.
    7) Faites moins de faux lancers.
    8) Variez la dérive et la récupération.
    9) Utilisez une canne légère avec une soie légère.
    10) Utilisez une approche silencieuse et moins visible pour la truite.

    Un de ces choix sera certainement un élément important pour résoudre les problèmes reliés aux truites sélectives, dites truites difficiles. Un de ces choix deviendra le déclencheur de premier ordre tant recherché.

    Si un pêcheur identifie ce fameux déclencheur, sa sortie de pêche sera divine !

    Allez mes frères, pêchez en paix !

Référence

» Texte Claude H. Bernard.
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