Le Lancer de Puissance par Gilles Aubert

    À la pêche à la mouche, il est souvent nécessaire d'atteindre une distance maximale avec ses lancers, que ce soit pour déposer une mouche sèche dans une ligne de courant éloignée ou pour couvrir le plus de «terrain» possible dans sa prospection à la mouche noyée, à la nymphe ou au streamer. Dans de telles circonstances, que vous péchiez à gué ou dans une embarcation, plus vous exécuterez de longs lancers, plus vous aurez de possibilités d'avoir des touches.

     Pour arriver à atteindre ces distances maximales, il est nécessaire de bien maîtriser les techniques du lancer de puissance par lesquelles les mouvements de propulsion imprimées à la canne sont assistés de mouvements simultanés de tirées de la main libre sur la soie. Cette technique de lancer est appelée «double haul» par les anglophones, à cause de la double tirée que la main libre doit appliquer sur la ligne au début de chaque mouvement de lancer arrière et avant. Ceci impose quelques changements dans la manière habituelle d'exécution.

Mouvement arrière

le lancer de puissance
     Le lancer arrière débute en ayant une longueur d'environ 15 m (50 pi) de soie étendue devant soi; en plus, il faut dérouler 5 ou 6 m (15 à 20 pi) de soie supplémentaire du moulinet et la laisser reposer à ses pieds. La canne tenue à l'horizontale, la main gauche (pour un droitier) va saisir la soie près du premier anneau-guide (figure 1A). La main droite commence à remonter la canne pour soulever graduellement la soie de la surface de l'eau et, en même temps, la main gauche tire la soie vers le corps (1B).

     Au moment où la presque totalité de la soie est relevée de la surface, la main droite imprime à la canne un mouvement rapide vers le haut et vers l'arrière, alors même que la main gauche accentue sa tirée vers le bas sur la soie (figure 2). Pendant que la soie s'élève et s'allonge vers l'arrière, on remonte la main gauche (qui retient toujours la ligne) vers le haut, près de la main droite (3A). Pendant que la soie complète son extension vers l'arrière, les deux mains s'étirent ensemble vers le haut et vers l'arrière, pour gagner le maximum de portée, avant de marquer une courte pause (figure 3B).

Projection avant

le lancer de puissance
     Le lancer avant débute de la même façon que celui arrière, c'est-à-dire en amorçant doucement le mouvement de la canne vers l'avant (figure 4). On doit alors enchaîner en accélérant le mouvement de la canne et, en même temps, en effectuant de la main gauche une bonne tirée vers le bas sur la soie (figure 5). Cette combinaison de poussée de la canne et de tirée de la ligne accélérera la vitesse de propulsion de la soie et permettra d'atteindre une plus longue distance de lancer.

     Le lancer se complète par un arrêt de la canne en direction de la cible, et par un relâchement de la prise de la main gauche sur la soie (figure 6A). La vitesse même de la soie qui voyage vers l'avant entraînera la longueur supplémentaire déposée aux pieds du moucheur à travers les anneaux-guides de la canne, pour finalement s'étendre en totalité à l'avant pendant que la canne est abaissée à l'horizontale (6B).

     Il faut se souvenir que main et canne, autant lors des mouvements vers l'avant que l'arrière, devraient toujours demeurer bien alignées. Le bras droit doit être bien étendu, le plus en extension possible, pour que la soie voyage très haut dans les airs. Pour atteindre une distance maximale, il faut effectuer une série de faux-lancers, soit des mouvements de la canne à la verticale sans que la soie touche l'eau, pour sortir la bonne longueur de soie avant de la propulser à l'endroit désiré.

     En fin de lancer avant, notez qu'il est important de se pencher vers l'avant et d'allonger le bras le plus possible. La coordination de tous ces mouvements d'une plus grande amplitude que ceux appliqués lors d'un lancer régulier est d'une importance capitale pour réussir un lancer de distance. La clef du succès : la synchronisation, laquelle s'obtient par la pratique.

Références

» Texte & Photo: Gilles Aubert (Mars 1999).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.

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