Le Lièvre

     Il est relativement aisé d'observer ce petit mammifère dans son habitat naturel en raison de son abondance, variable selon les années, ainsi que de sa distribution. En effet, sa capacité à s'adapter à divers types d'habitats permet de rencontrer le lièvre dans toutes les régions du Québec, jusqu'à la limite nord des régions couvertes de forêt. On le retrouve aussi partout au Canada de même qu'en Alaska.

Le lièvre
     Le lièvre, c'est bien connu, raffole principalement des secteurs couverts de conifères. Si, en plus de cela, se trouvent des arbres renversés, des jeunes pousses serrées, bref, toutes les embûches qui font damner plus d'un chasseur, alors là tu peux être quasiment certain d'y trouver un ou plusieurs lièvres. Ceux-ci fréquenteront aussi tous les endroits où ils sont susceptibles de trouver de jeunes pousses comme le bord des champs de culture, les clairières en forêt et aussi les jeunes «bûchés».

     Durant l'été, la robe du lièvre affiche une couleur brun grisâtre sur le dos pour passer au blanc sous le menton, sous le ventre et sous la queue. L'hiver venu, son pelage devient entièrement blanc, lui permettant ainsi de mieux se confondre avec la neige qui recouvre le sol. Malgré cela, si tu as l'œil averti, tu pourras quand même voir un lièvre en hiver car le fond de son pelage blanc est gris, ce qui contraste légèrement avec la pureté du blanc de la neige (évidemment, je pense ici à la neige de nos forêts et non pas à la gadoue que l'on retrouve en ville).

     La période de reproduction du lièvre commence un peu avant le printemps, en mars. Les femelles donneront naissance à leurs petits au début de mai. À sa naissance, le levraut, nom donné au petit du lièvre, aura les yeux ouverts et sera recouvert de poils. Au bout de quelques heures, il gambadera clans les environs. Près de sept jours plus tard, il tirera sa subsistance de la végétation environnante mais il continuera aussi de se nourrir du lait maternel. Afin de ne pas attirer l'attention des prédateurs, la femelle se tiendra à l'écart de ses petits durant le jour. Le soir venu, elle les rejoindra afin de leur donner du lait. Les levrauts seront sevrés au bout d'environ quatre semaines après leur naissance. À partir de ce moment, ils deviendront entièrement autonomes. La femelle peut donner naissance à trois portées au cours de l'été, ce qui représente près de huit levrauts en moyenne.

     Il est généralement reconnu que la population de lièvres fluctue selon un cycle moyen d'environ dix ans. Ce cycle naturel peut être différent d'une région à l'autre. L'action de prédateurs peut avoir des conséquences significatives sur la population de lièvres. Le renard, le coyote et même la petite belette, dont je t'ai parlé, exercent une prédation qui peut être intensive. Il y a quelques années, je me rappelle qu'après l'arrivée des coyotes en Gaspésie, la population de lièvres a subi une baisse radicale dans le secteur de la rivière Bonaventure.

     Les sens du lièvre sont très développés, lui permettant ainsi d'anticiper l'arrivée prochaine d'un prédateur. À la course, sa vitesse de pointe peut atteindre 45 km/h et les sauts qu'il effectuera peuvent faire de quatre à cinq mètres de long. Ses larges pattes arrière font office de raquettes dans la neige, lui donnant ainsi un avantage marqué par rapport aux prédateurs.

LE SAVAIS-TU?

     L'an passé à pareille date, je te mentionnais que la période des Fêtes était propice pour installer des collets en forêt. J'espère que tu en profiteras aussi cette année. Mais savais-tu que le colletage du lièvre représente une activité économique importante? Une étude du défunt ministère des Loisirs, de la Chasse et de la Pêche publiée en 1985 établit à 3,6 millions de dollars les retombées économiques découlant de cette activité. Ce sont les régions du Saguenay/Lac-Saint-Jean, de Québec et de la Côte-Nord où la pratique du colletage du lièvre est la plus forte. Les chiffres révélés dans l'étude montrent que parmi l'ensemble des personnes pratiquant le colletage, 6% ont 18 ans et moins. Je te signale toutefois que cette donnée ne tient pas compte des jeunes qui accompagnent un parent ou un autre adulte.

Références

» Texte & Photo: Gérard Bilodeau (Décembre 1995).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.

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