Le Touladi

     Le touladi, ou truite grise, est une espèce indigène de l'Amérique du Nord, y compris le Québec. Cela signifie que ses origines se trouvent ici, contrairement à une espèce comme la truite brune, par exemple, qui est originaire de l'Europe et dont la présence dans nos cours d'eau découle des ensemencements qui ont été faits. La truite grise habite dans bon nombre de régions du Québec, mais elle est plus largement distribuée dans le nord. Au sud du Saint-Laurent, sa présence est très limitée. Par exemple, on la retrouve dans des lacs de l'Estrie et du Bas Saint-Laurent, ainsi que dans le lac Etchemin, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Québec. Il y a quelques années, un groupe de pêcheurs, dont faisait partie Jeannot Ruel. a réalisé un projet d'aménagement des habitats de la truite grise dans le lac Etchemin, avec le concours de biologistes et techniciens du Service d'aménagement de la faune de Québec.

Le touladi
     Le touladi porte aussi le nom commun de truite de lac, même si parfois on le retrouve en rivière, particulièrement dans le nord. Son corps est allongé, sa tête trapue, et sa queue forme un V quelque peu ouvert. De façon générale, sa tête, son corps et ses nageoires montrent des taches pâles sur un fond foncé variant du gris au vert foncé en passant par le quasi noir. Comme ses soeurs les ombles, son ventre est pâle.

     Le touladi peut atteindre un poids hors du commun. Des biologistes du gouvernement québécois rapportent qu'une truite grise capturée dans le lac Supérieur a fait osciller la balance à 63 lb (28.6 kg). Mais tiens-toi bien, le plus gros spécimen connu a été pris au filet dans un lac nordique de la Saskatchewan et pesait 103 lb (46,7 kg). Habituellement, les pêcheurs capturent des touladis dont le poids varie entre 2 et 6 lb (1 et 2,7 kg).

     La truite grise adore les eaux froides. D'ailleurs, tu sais peut-être que des pêcheurs n'attendent que l'ouverture de la pêche, au printemps, pour aller taquiner la grise alors que les eaux froides la retiennent quelques jours près de la surface. Des pêcheurs à la mouche réussiront même à en capturer en utilisant de gros streamers. Mais dès que la température commence à grimper de façon significative, le touladi gagne les profondeurs, là où la température de l'eau lui convient mieux: généralement, il y restera tout l'été.

     Comme ces milieux sont généralement pauvres en nourriture, il s'ensuit que la croissance du touladi est plutôt lente. Évidemment, le rythme de croissance du touladi varie d'une région à l'autre, et même d'un plan d'eau à l'autre en raison des conditions diverses qu'ils offrent. Des pêcheurs ont déjà eu la surprise de leur vie en capturant, dans des cours d'eau du nord, des grises dont la grosseur de la tête était disproportionnée par rapport au reste du corps. Selon les biologistes, c'est un signe éloquent de carence alimentaire.

     Tout ceci a un effet sur sa longévité. En effet, la truite grise peut vivre jusqu'à 20 ans dans le sud, alors qu'elle peut dépasser 40 ans dans certains plans d'eau du nord. À titre de comparaison, la truite mouchetée à l'état sauvage dépasse rarement 5 ans: exceptionnellement, elle atteindra 8 ans. Cette croissance lente du touladi influence aussi sa maturité sexuelle: en d'autres termes, cela prendra de nombreuses années avant que la truite grise puisse se reproduire. Les biologistes indiquent que dans le sud du Québec, cette maturité survient vers l'âge de 6 ans, alors que dans le nord, il leur faudra attendre entre 10 et 14 ans avant de pouvoir se reproduire. Chez la mouchetée, la reproduction est possible dès l'âge d'un an dans bien des cas.

Références

» Texte & Photo: Gérard Bilodeau (Avril 1996).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.

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