Ouananiches; Du Croissant à la Côte par Gérard Bilodeau

     Dans la communauté des pêcheurs, il est généralement admis que la capture d'un poisson en lac représente une expérience moins excitante que si cette même espèce est prise en rivière. Comme principal motif, les pêcheurs avancent que le poisson qui doit lutter contre le courant de la rivière développe une meilleure aptitude à se battre. Je crois plutôt que la combativité d'un poisson est beaucoup plus une affaire d'attitude ou de «caractère», indépendamment du milieu où il habite. D'ailleurs, la ouananiche le prouve bien.

     J'ai déjà eu l'occasion, comme bon nombre d'entre vous, de capturer des ouananiches tant en rivière qu'en lac. Dans chaque cas, la bataille que ce saumon m'a livrée a rendu hommage à sa réputation. En aucun cas les «ouananiches de lac» n'ont eu à envier les «ouananiches de rivière» sur le plan de l'ardeur et de l'énergie déployées à se défendre. C'est pourquoi la pêche de la ouananiche en lac peut représenter une expérience unique.

     Ces dernières années, j'ai eu l'occasion de visiter à quelques reprises deux endroits renommés pour la pêche de la ouananiche en lac : le lac Duhamel, dans le Croissant vermeil, et le lac Watshishou, au nord de Havre Saint-Pierre.

Le Duhamel

Ouananiches; Du Croissant à la Côte
     Le lac Duhamel est géré par une pourvoirie à droits exclusifs. Il se trouve à près de 225 km au nord du lac Saint-Jean, à la tête du bassin de la rivière Péribonka. Le Duhamel prend naissance au confluent des rivières Manouane et Duhamel et s'étend sur environ 14 km de long, avant de redevenir une rivière. Une vue aérienne de Duhamel révèle une étendue d'eau, pas très large. Dans les faits, ce lac est ni plus ni moins qu'un élargissement des rivières Manouane et Duhamel.

     De hautes murailles, comme les gorges qui bordent la rivière Malbaie, dans Charlevoix, ou la rivière Jacques-Cartier, dans la vallée du même nom, se dressent de part et d'autre du lac. Ces murailles, combinées à l'orientation nord-sud du plan d'eau, protègent le lac Duhamel des vents dominants. Ainsi, ses eaux sont presque toujours calmes, ce qui ajoute beaucoup à la quiétude et à la beauté des lieux.

     Vers la fête de la Saint-Jean-Baptiste, les éclosions d'insectes débutent vraiment et observer les ouananiches en train de chasser les insectes présents près de la surface de l'eau : leur dorsale fendant les eaux calmes du lac révèle leur présence. Michel Trudel, de Val-Bélair, co-propriétaire de la pourvoirie, m'a confié que de plus en plus de pêcheurs choisissent de pêcher à la mouche en raison de ce comportement des ouananiches. Comment procèdent-ils? Avec leur embarcation, ils se rendent près du secteur où les ouananiches marsouinent, arrêtent le moteur et se laissent tout simplement dériver lentement. De cette manière, les pêcheurs à la mouche n'éveillent pas les soupçons des ouananiches méfiantes.

     Les meilleures mouches? Au début de la saison (fin juin), les imitations d'éphémères adultes sont recommandées. Trudel utilise une mouche de son cru surnommée La Claudette. C'est une mouche sèche au corps allongé. Une plume de flanc de malard, de teinte jaune, forme la dernière partie du corps et la queue. Un dubbing jaune moutarde constitue le centre du corps. Les ailes sont fabriquées avec des fibres d'une plume de flanc de malard jaune. Le tout est complété avec un hackle brun. Plus tard en saison, les Hornberg, les mouches sans hackle figurent parmi les plus populaires.

     Mais certains pêcheurs à la mouche préfèrent les streamers. Les Magog Smelt, Black Nose Dace et Grey Ghost comptent parmi les plus utilisés. La pêche à la traîne devient alors la meilleure façon de les présenter. Les adeptes du lancer léger y trouvent aussi leur compte. Michel Trudel soutient que le Rapala est le meilleur leurre. Qu'il soit articulé ou standard, le Rapala au dos orangé et l'autre avec dos noir (aux flancs argentés) sont les plus populaires. Mais Trudel a une nette préférence pour ce dernier en raison de sa ressemblance avec le corégone, présent en grand nombre dans le lac. Le poids moyen des ouananiches varie entre 1 et 2 kg (2 et 4 lb, environ). Des ouananiches de 4 kg et plus sont capturées à chaque saison. Si vous désirez pêcher les ouananiches de ce lac, composez le (418) 652-0552 pour obtenir toute l'information nécessaire.

Le Watshishou

     Je conserve de très beaux souvenirs de mes journées passées à pêcher les ouananiches du lac Watshishou. Ce grand lac, situé dans l'arrière-pays sur la moyenne Côte-Nord, est d'une beauté indescriptible. Ses eaux pures et foncées s'étalent sur plus de 35 km. Elles sont habitées par une quantité phénoménale de ouananiches sauvages, combatives à souhait, dont le poids moyen oscille entre 1 et 2 kg (2 à 4 lb, environ) mais dépasse régulièrement 3 kg (environ 6 lb).

     C'est la pourvoirie du lac Holt qui gère la pêche sur ce lac. Les pêcheurs seront accueillis par Lisette Bouchard et Gilles Marquis, les sympathiques propriétaires, tous deux «maniaques» de chasse et de pêche. Des embarcations sécuritaires sont à la disposition des pêcheurs. Ils pourront ainsi explorer les dizaines de baies qui occupent le contour du lac.

     La pêche à la traîne est largement utilisée là-bas. Étant donné la vaste étendue du «territoire» à couvrir, il est préférable d'avoir un sonar dans l'embarcation. Ainsi, les pêcheurs disposent de l'information sur la localisation des ouananiches, la profondeur où elles se trouvent et la température de l'eau. Cela permet de choisir la technique appropriée. À ce sujet, je me rappelle qu'un jour, en fin d'après-midi, André-A. Bellemare et moi avions choisi de laisser dériver lentement notre embarcation sur les eaux calmes d'une des innombrables baies du Watshishou. De temps à autre, je jetais un coup d'œil sur l'écran du sonar. Tout à coup, l'écho m'indiqua qu'un groupe de ouananiches passait sous l'embarcation, à moins de 10 pi de profondeur. Sans hésiter, je saisis ma canne à moucher et lançai un Magog Smelt à une trentaine de pieds. La soie à bout calant entraîna rapidement le streamer sous l'eau. Je commençai à récupérer par saccades quand une ouananiche saisit violemment la mouche. Je vous laisse deviner la suite...

     La plupart des pêcheurs du Watshishou utilisent le lancer léger. Le Rapala à dos orangé et la Toronto Wobbler, agrémentée d'un ver, représentent les leurres les plus productifs. Les pêcheurs à la mouche jettent leur dévolu sur les modèles de strea¬mers les plus populaires.

     Si vous désirez plus d'information pour pêcher sur le Watshishou, communiquez avec Lisette Bouchard ou Gilles Marquis, de la Malbaie, au (418) 665-7760.

Références

» Texte & Photo: Gérard Bilodeau (Mai 1996).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.

Page 3 sur 5