Prospective

Un regard sur l'avenir

    La pêche sportive du saumon atlantique, toute fascinante qu'elle soit, ne doit pas vous faire oublier que l'avenir de Salar est menacé. Il est essentiel que vous en preniez conscience. Malgré les pressions de plus en plus forte  auxquelles le saumon est soumis, depuis les débuts de la colonisation du Québec, Salar est encore présent, en quantité variable, dans plus d'une centaine de rivières de l'est de la province… mais, pour combien de temps encore…?
 
PROBLÉMATIQUE
 
     C'est depuis le milieu du siècle dernier que divers observateurs remarquent un déclin des populations de saumons atlantiques du Québec. D'après la documentation que nous avons consultée à ce sujet, ce phénomène serait attribuable à des pêches commerciales intensives (en mer et en rivière) et à la pollution (surtout constatée près des villes et villages).

     Vers 1955, les pêcheurs commerciaux du Danemark ont découvert, tout à fait par hasard, les pâturages des saumons dans l'Atlantique Nord, près du Groenland. Ce fait a marqué un tournant dans l'histoire du saumon puisque, dès lors, les pêcheurs commerciaux danois et autres, venus d'un peu partout dans le monde, ont intensifié leurs efforts de pêche. Ils ont ainsi accéléré la baisse des stocks de saumon dans nos rivières. Pour illustrer l'ampleur de l'efficacité soudaine des pêcheurs danois, nous vous soulignons que le total de leurs prises, en 1959 , atteignait 13000 kg (28600 lb ou 13 tonnes métriques) , alors qu'il s'élevait à 1 561 800 kg (3 436 000 lb ou 1 561 tonnes métriques) en 1964!

     Au début des années 1970, la situation était devenue alarmante en Gaspésie, à un tel point que le gouvernement québécois a décrété un ban total de la pêche commerciale du saumon atlantique, dans cette partie-là de la province, de 1972 à 198. La pêche commerciale a repris, après 1981, mais sur une échelle plus réduite. Globalement, l'effet du ban fut modestement bénéfique parce que, pendant sa durée, une forme de braconnage en mer( dite «pêche accidentelle») a pris naissance. Cette pêcherie commerciale… accidentelle, consiste à capturer des saumons avec des filets ou des tentures, alors que, officiellement, ce sont d'autres espèces de poissons qui sont convoitée (morues, maquereaux). Les pêches «accidentelles» sont toujours très répandues le long des côtes gaspésiennes et nordcôtières.

     Mais il n'y a pas que le braconnage en mer qui a causé des dommages considérables aux stocks de saumons. La pêche illégale en rivière a atteint, dans certain cas, des proportions inquiétantes. Le braconnage en rivière prend plusieurs formes; l'une des plus efficace (et aussi des plus destructives), est l'utilisation de filets. Lorsque cet engin est habituellement manipulé, il permet à son utilisateur mal intentionné de «vider» une ou des fosses, en une seule nuit, ce qui réduit grandement le potentiel de reproduction des saumons d'une rivière.

     Depuis la fin des années 1970, différentes bandes d'autochtones de la Gaspésie et de la Côte-Nord ont intensifié leurs efforts de pêche au filet afin, soutiennent-ils, d'assurer leur «subsistance». Malheureusement, certaines bandes pratique ainsi une pêche commerciale déguisée et sans restriction, sans respect des ententes conclues avec le gouvernement québécois. Cette pêche est d'autant plus dévastatrice qu'elle est généralement faite à l'embouchure des rivières, tôt en saison, ce qui empêche une bonne partie des gros géniteurs de gagner les frayères.

    Ajoutons à la liste précédente de tous les maux que subit Salar (comme si ce n'était pas assez!...) les prises faites par des pêcheurs commerciaux de Terre-Neuve à même une partie des stocks de saumons atlantique migrant vers les rivières du Québec. En agissant ainsi, les pêcheurs commerciaux terreneuviens bénificient des restrictions imposées aux pêcheurs québécois; ils bénicifient également des montants d'argent et du temps investis par les Québécois pour la restauration des rivières et pour la lutte contre le braconnage. Par conséquent, les interceptions des saumons atlantique «québécois» représentent un sérieux handicap à tout programme visant à augmenter le nombre de saumons dans les rivières du Québec.

     Nous ne pouvons évidemment passer sous silence des événements qui nous permettent d'espérer des jours meilleurs pour Salar. Ainsi, en 1976, conscients qu'il était plus que temps de s'occuper de la conservation de la ressource saumon, des pêcheurs sportifs ont fondé l'Association des pêcheurs sportifs de saumon du Québec (A.P.S.S.Q.). Les buts de cette association: la conservation du saumon, la promotion de la pêche sportive et la défense des intérêts des pêcheurs sportifs. Au fil des ans, ce groupement a acquis une haute crédibilité auprès des autorités gouvernementales, en raison du dynamiste de ses dirigeants. En 1984, l'A.P.S.S.Q. est devenue la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (F.Q.S.A.) afin de confirmer le rôle de représentante des pêcheurs sportifs et des  gestionnaires  des rivières que l'A.P.S.S.Q. jouait déjà depuis quelques temps.

     La création de l'A.P.S.S.Q. a démontré que des groupes de citoyens étaient bien souvent utiles pour faire agir les autorités gouvernementales. D'autres associations ont été formées dans les régions du Québec, la presque totalité affiliées à la F.Q.S.A. Certaines de ces associations ont entrepris de restaurer et/ou d'aménager des rivières afin d'y introduire du saumon ou bien d'y en augmenter le nombre. Citons en exemples le Comité de restauration de la Jacques-Cartier, l'Association pour la conservation de la vallée du Gouffre et la Société d'aménagement et de développement de la rivière Ouelle.

UN REGARD SUR L'AVENIR
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