Réal Hebert; Trois Quarts de Siècle de Chasse et de Pêche par André-A Bellemare

     Hébert: un nom bien connu des lecteurs de cette revue. Pour cause! Ce Sherbrookois, maintenant âgé de 83 ans, écrivait dans le tout premier numéro de Québec Chasse & Pêche, voilà 20 ans. 11 n'a jamais cessé d'y collaborer!

Réal Hebert; Trois Quarts de Siècle de Chasse et de Pêche
     Mais ce que la majorité d'entre vous ignorez, c'est que le doyen (en âge) des journalistes chroniqueurs spécialisés en chasse et pêche du Québec pratique la pêche, la chasse et le piégeage depuis 75 ans cette année! Les Québécois qui peuvent en prétendre autant sont rarissimes.

     Le jour de son huitième anniversaire de naissance, en 1916, Réal Hébert a reçu en cadeau un équipement de pêche de son père, marchand général à Lac-des-16-Iles, petite municipalité située dans les Laurentides, au nord de Montréal (à 25 km à l'ouest de Saint-Sauveur-des-Monts). Cet équipement a permis à Réal, qui s'en souvient comme si c'était hier, de prendre sept truites mouchetées lors de sa première sortie: il a alors subi la piqûre de la pêche et il n'a jamais voulu guérir de cette «maladie» au cours des 75 dernières années...

     Une autre circonstance, durant l'enfance de Réal Hébert, a fait qu'il allait s'intéresser de plus en plus à la nature, à la faune et à la vie en forêt. En 1918, alors qu'il n'est âgé que de 10 ans, l'épidémie de «grippe espagnole» provoque la fermeture du Collège commercial de Saint-Jérôme, où il étudiait. Recherchant l'air sain de la forêt, il apprend les techniques de piégeage et devient trappeur professionnel. Il se souvient qu'il vendait des lièvres (0,75 $ le couple...) à un restaurateur de Montréal, ce qui lui a permis de s'acheter un canot (35$).

     Durant sa vie adulte, Réal Hébert a d'abord été propriétaire d'un petit hôtel à Cowansville, en Estrie, avant d'acheter un magasin général dans cette ville en 1938. Puis, il est entré au service de la compagnie Glidden (les peintures), où il fut successivement représentant et gérant des ventes en Estrie. Glidden lui a ensuite demandé «d'ouvrir» le territoire de l'Est du Québec: il a déménagé à Rimouski, où il a demeuré pendant sept ans. Dans ce «paradis» de pêche et de chasse, Réal Hébert travaillait le jour et consacrait ses soirées à la pêche du saumon.

     Lorsque la compagnie Glidden l'a promu, en 1958, gérant de son usine à Sherbrooke (où il vit toujours), Réal Hébert n'a pas mis grand temps à se faire des amis et à explorer les meilleurs endroits de pêche et de chasse de l'Estrie. Son expérience a rapidement été reconnue et on lui a demandé de donner des cours de lancer à la mouche, de montage de mouches à pêche, d'orientation et de survie en forêt pour les Services récréatifs de la ville de Sherbrooke. Il a aussi accepté l'offre de diffuser une chronique sur la pêche, la chasse et la vie en plein air au poste radiophonique CJRS (six jours par semaine, pendant 13 ans). Depuis, il n'a cessé d'écrire pour une multitude de publications: Perspectives, L'Almanach de Kuyper, Québec Chasse & Pêche, Sentier Chasse-Pêche, pour n'en nommer que quelques-unes parmi les plus connues. Encore aujourd'hui, Réal Hébert est le fidèle chroniqueur (depuis maintenant 14 ans) du quotidien sherbrookois The Record.

     Depuis quelques années, l'emphysème l'empêche de s'adonner autant qu'il le désire à la chasse et au piégeage. Mais ses problèmes de santé ne l'empêchent nullement de pratiquer la pêche avec son inséparable compagnon Jean-Benoît-Sirice (J.-B.-S.) Huard, son «jeune ami» âgé de 75 ans, qui fut chroniqueur de chasse, de pêche et de vie en plein air pendant près de 40 ans pour le quotidien sherbrookois La Tribune.

     Après trois quarts de siècle dans le domaine, Réal Hébert a la satisfaction d'avoir accompli son devoir de protecteur du patrimoine faunique et des habitats de la faune du Québec, ainsi que celui d'éducateur des nouvelles générations. Mais il n'a aucune envie de prendre sa retraite! «Pensez-vous que je vais m'asseoir dans un fauteuil et attendre patiemment la mort?», interroge-t-il. Nenni! Il a la tête et le coeur remplis d'idées, de projets, de combats. Il veut assurer la «relève», comme son père le fit en 1916.

     Il ne faut donc pas se surprendre que l'ancien ministre du MLCP, M. Yvon Picotte, ait baptisé en 1989 l'édifice «Hébert-Huard» qui abrite, sur la rue Goretti de Sherbrooke, le bureau régional de conservation de la faune du Ministère en Estrie. Le gouvernement a ainsi reconnu qu'il fallait marquer, d'une façon indélébile, l'oeuvre accomplie par ce chroniqueur, qui fut l'un des premiers présidents de l'Association des chroniqueurs de la vie au grand air du Québec.

Références

» Texte & Photos: André-A Bellemare (Décembre 1991).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.

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