Ron Alcott Chez-Nous !

     L'expression "art" est utilisée dans le montage de mouches depuis le début du 19ième siècle. L'art est un talent acquis et mis en valeur par la pratique et l'expérience. Chaque métier requiert une habileté particulière. Le montage de mouches implique les deux, mais il est certain que c'est un art.

RON ALCOTT CHEZ-NOUS !
     Le but poursuivi par Ron Alcott dans le montage de mouches n'a jamais été la rechercher de la gloire comme telle, il espère simplement que les pêcheurs de saumon se souviendront de lui. Pour qu'on se rappelle d'un artiste, il faut que celui-ci possède à fond son art. Par contre, il importe encore plus qu'un tel artiste du montage de mouches veuille bien partager ses connaissances et qu'on se rappelle de lui parce qu'il donnait aux autres. Il ne peut parler pour les autres qui enseignent mais il est quand même en toute humilité flatté de recevoir le compliment ultime : être imité.

     Autodidacte à ses débuts, il demandait à un Écossais : combien d'années sont nécessaires pour devenir un grand monteur de mouches à saumon. On lui répondait :" Au moins 15 ans pour être le moindrement connu". Ron se dit que pour quelqu'un approchant la cinquantaine, 15 années additionnelles peuvent paraître très, et même trop longues, pour atteindre ce but-là. C'est à ce moment qu'il prit une année sabbatique de son poste d'officier dans l'armée américaine pour étudier et monter des mouches et pour faire une recherche dans le domaine du montage des mouches à saumon du type classique. Son travail de recherche l'a mené en Écosse où il a pu y rencontrer Madame Megan Boyd, monteuse de réputation internationale. C'est dans ce pays qu'il a réussi à obtenir, entre autres, des livres d'origine écrits par des monteurs et auteurs des temps passés tels que Bainbridge, Blacker, Francis-Francis, Haie, Kelson, Hardy, Pryce-Tannatt et Taverner. Dans chacun de ces livres, il a puisé des renseignements à propos des matériaux, en plus d'essayer de déchiffrer les techniques et styles de montage particuliers à chacun.

     Il a ensuite adapté ces techniques à son propre style. La chose n'était pas facile, car plusieurs informations étaient désuètes et non compatibles avec les outils et matériaux modernes. Avec tout ça, il a développé un style de montage bien à lui. Ron croit très fortement que chaque monteur doit avoir son style propre ou qu'il le développera avec le temps. Alors, pourquoi avoir des secrets?

     Depuis plusieurs années maintenant, Ron trouve une détente dans le confection méticuleuse des plus complexes et des plus belles mouches à saumon de style classique, domaine dans lequel il est reconnu comme un expert de renommée internationale. Il est aussi une autorité dans la connaissance des plumes rares et des matériaux utilisés dans ces magnifiques mouches. Ses mouches sont en démonstration à des endroits prestigieux comme le Musée américain de la pêche à la mouche de Manchester au Vermont, le Musée du saumon atlantique à Doaktown au Nouveau-Brunswick et le Musée du saumon de la Margaree en Nouvelle-Écosse. Il a été animateur d'atelier à tous les conclaves de la FSA et sera au conclave 1992 tenu près de la rivière St-Marys en Nouvelle-Écosse l'été prochain.

     Ron est très en demande comme professeur pour les groupes comme pour les monteurs seuls. Il a déjà donné une multitude de cours à travers les états de la Nouvelle-Angleterre, à Terre-Neuve et en Nouvelle-Écosse. Cette année, il a déjà donné un cours à l'île-du-Prince-Edouard. Il anime un atelier de montage de mouches classiques à Halifax dans le cadre de leur carnaval d'hiver.

     J'ai demandé à Ron s'il croyait que son style de montage avait influencé un ou plusieurs monteurs. Il n'a pas voulu prendre crédit de l'amélioration de ses élèves. Cependant, une évaluation de ses étudiants avant et après une session avec lui démontre toujours des changements positifs des proportions et de la symétrie dans son ensemble.

     Lorsqu'il est question de montage, Ron croit en cette philosophie de base: "Il est impossible pour quiconque de tout savoir sur l'art du montage de mouches. De plus, personne n'a jamais monté une mouche parfaite et jamais personne ne le fera". Donc, pour s'améliorer, le monteur doit toujours continuer à étudier, à faire des recherches, à pratiquer, pratiquer et pratiquer encore !

     Ne vous en déplaise, Ron n'aime pas manger le saumon, il préfère les gracier.

référence

» Par Claude Bernard
» Salmo Salar #27, Printemps, Mai 1992.
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