Succès de pêche avec ma « FQSA '93 »

     Enfin, me voilà, le samedi 31 juillet 1993, impatiente et un peu anxieuse devant les locaux de la SADRO. Un pêcheur du matin arrive aussi. Il vient d'attraper un beau saumon. Mes espoirs prennent forme. On enregistre le poisson. Puis, c'est mon tour. Je reçois mon permis de pêche au saumon accompagné des étiquettes réglementaires. Elles vont rejoindre, dans une des multiples poches de ma veste, tous les autres articles indispensables qui s'y trouvent déjà.

     Les deux cent trente-et-une marches qui me conduisent à la fosse «La Cavée» sont descendues allègrement malgré la quantité impressionnante d'objets que j'apporte avec moi. Tout est prêt: canne et moulinet (empruntés) sont sortis de leur étui. C'est ma mouche «FQSA» qui contribuera à ma première expérience. Élégante et colorée, elle s'élance dans le vent. Légère et brillante, elle effleure l'eau claire de la Ouelle. Le turquoise, l'argent, le jaune, le noir virevoltent à travers la limpidité des cascades. L'endroit est superbe! Je lance... faisant confiance à ma merveilleuse moucheté lance... tâchant de me rappeler les conseils reçus lors de récentes pratiques; je lance... en admirant, en espérant, patiemment. Soudain, je les vois, ils sont deux énormes saumons tapis dans l'ombre, immobiles, n'attendant que le moment propice pour mordre à la mouche que je leur présente et qui leur caresse le dos à maintes reprises. Après trente minutes, le vent a diminué, le soleil est de la partie... et mes deux amis sont toujours là dédaignant ma «FQSA». Je lance en observant plus attentivement la soie de maligne lorsqu'elle touche l'eau. Il me semble que ma merveilleuse mouche est moins brillante, moins colorée. Encore quelques lancers, puis je décide de la retirer de l'eau. J'enroule ma soie sur le moulinet et, oh surprise! plus rien. Ma « FQSA » avec laquelle j'étais assurée d'attraper mon premier saumon n'a pas tenu le coup! Et moi qui taquine inlassablement mes deux saumons sans mouche et sans hameçon depuis dix, quinze minutes peut-être?

     Je me suis résignée à utiliser pour le reste de la journée, les nombreuses autres mouches accrochées à ma veste à côté de mon épinglette FQSA. Où est ma belle mouche « FQSA »? Je préfère rêver qu'un des deux saumons, charmés par les couleurs vives d'une « FQSA » maladroitement fixée par une pêcheuse amateur, garde en son repaire la mouche qui m'était si précieuse puisqu'elle devait suppléer à mon inexpérience et attirer mon premier saumon.

     J'ai péché pendant toute la journée sans rien attraper. J'ai cependant adoré l'expérience que je désire renouveler incessamment. Début septembre, je me rendrai pêcher le saumon à la rivière Matane. D'autres excursions de pêche au saumon sont également prévues pour l'an prochain sur d'autres rivières du Québec. Et pourquoi-pas faire l'acquisition d'une canne et d'un moulinet bien personnels? Je me propose également de suivre des cours qui aideront sûrement une pêcheuse inexpérimentée à concrétiser son rêve: attraper un saumon.

     Cette première expérience de pêche au saumon demeurera pour moi un merveilleux souvenir.

     En repassant à la SADRO, je me suis procurée, pour ajouter à ma collection, une tasse à café sur laquelle un fringant saumon sautant les rapides, semble me narguer au-dessus de l'inscription: Rivière Ouelle, Kamouraska.