La « Saumonite » Frappe Encore

     A la fin du mois d'août, mon père et moi partons pour la pêche au saumon sur la Matane. Nous sommes accompagnés par quatre amis de mon père. Parmi ceux-ci, André Ouellet, notre future victime de la « saumonite ». André a déjà capturé des saumons noirs à la cuillère, mais ce sera la première fois qu'il affrontera Salar à la mouche.

La « Saumonite » Frappe Encore
     Après avoir fait quelques fosses et pris un bon déjeuner à l'hôtel Métropole, nous nous rendons à la fosse 48, souvent appelée la fosse des roches blanches. André commence à couvrir la fosse avec un muddler.

     Vers le centre de celle-ci, un saumon marsouine tout près de sa mouche. André se retourne alors vers mon père et lui dit qu'il pense qu'un saumon est venu voir son muddler. Il laisse la mouche compléter sa dérive puis il fait un autre lancer. Cette fois-ci, le saumon la prend à toute vitesse en provoquant un incroyable fracas à la surface de l'eau. La ligne se tend mais André reste figé.

     Mon père lui crie alors: « envoyé pique ». Laissez-moi vous dire que c'est ce qu'il a fait. Le saumon se met alors à sauter de tous les côtés. Le moulinet, qui est d'ailleurs plutôt conçu pour combattre une truite qu'un saumon de cette taille, ne cesse de siffler. André est terriblement nerveux. Après quelques minutes de combat, je prépare le queutard puis je descends dans la rivière. André a très hâte de voir son saumon sur la berge. Je tiens à être prudent car je ne veux pas qu'il perde son premier saumon par ma faute.

     Le moment de vérité arrive, le saumon s'approche tranquillement mais je lui accroche le bout de la queue avec le queutard. Il repart illico pour une autre balade au centre de la rivière. Cependant, la seconde fois sera la bonne. André a pris son premier saumon.

     Un beau mâle de douze livres arborant fièrement le bec crochu des mâles à l'approche de la fraie. Vous auriez dû voir André, sauter de joie. Il a même donné un bec sur la joue de mon père afin de remercier son compagnon-guide.

     Je l'ai revu cet automne et, en lui parlant de son saumon, on pouvait encore voir l'étincelle qu'il avait dans les yeux ce jour-là. Ai-je besoin d'ajouter qu'il ne se fera pas prier pour revenir tenter sa chance l'an prochain?

référence

» Texte et photo Christian Landry
» Salmo Salar #39, Été 1995.
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