La Pêche Sportive au Québec

Texte Serge Deyglun
Maquette de la couverture Jacques Gagnier.
Préface de Richmond Pelletier
Éditeur Éditions du Jour Inc. (1972)
Québec Chasse et Pêche.

    A toi, ami-pêcheur mon compagnon mon frère ...

     Rares sont les pêcheurs qui sont experts à la mouche, au lancer léger, au lancer à l'appât, à la traîne, etc. Le pêcheur concentrera plutôt ses efforts à maîtriser une ou deux méthodes pour devenir, à la longue, expert dans ces domaines.

     L'auteur de ce livre a voulu, au cours des dix dernières années, se consacrer entièrement à l'étude de la pêche sportive dans les eaux québécoises. Il ne prétend pas, et n'a jamais prétendu tout connaître dans le vaste domaine de la pêche sportive. Mais, grâce à sa détermination, à son talent d'écrivain aussi, à ses lectures, voyages, entrevues et reportages aux quatre coins de notre pays, il a su nous communiquer d'une façon vivante les fruits de son expérience. Dans une forme très condensée, c'est ce qu'il nous offre aujourd'hui.

     Je pense que ses nombreux lecteurs, auditeurs ou télé spectateurs trouveront dans ce recueil de chroniques de pêche beaucoup plus que des conseils, des méthodes, de la technique ou des trucs quelconques pour capturer beaucoup de poissons. Ils y trouveront l'amour sincère de la vie au grand air, et cela me paraît plus important encore.

     Étant responsable, en quelque sorte, de la publication de ce recueil (c'est moi qui ai collectionné ses chroniques, l'auteur étant trop négligent et peut-être trop paresseux pour le faire!), je suis en mesure de vous assurer qu'il y a mis le meilleur de lui-même.

     RICHMOND PELLETIER (Directeur du Club de Pêche Molson Adjoint au Président de la Fédération québécoise de la faune).

     Carte d'identité du scribe, futur encyclopédiste : DEYGLUN, Serge, né en 1929. Nationalité : québécoise. Profession : journaliste, cinéaste, commentateur radiophonique ; auteur de quelque 2,600 chroniques de chasse et de pêche, de 1,000 émissions de radio (au moins!), de 100 et quelques films — pour la télévision — traitant de vie au grand air ; conférencier, auteur de La chasse dans la province de Québec, de Guerre aux loups ; éditeur et éditorialiste en chef de la revue Québec Chasse et Pêche, etc.

     Pendant qu'on y est, on pourrait ajouter que j'aime les caleçons de nylon vert, que je danse à claquettes, que je joue de la guitare ... Pourquoi pas ? Le curriculum vitae d'un pêcheur digne de ce nom doit être des plus complets. Parce que la pêche n'est pas une science exacte, il faut avoir beaucoup de diplômes pour se permettre d'en parler. Comme la météorologie. Oui, voilà : être spécialiste, être expert d'une science inexacte. Est-ce à dire que depuis quinze ans, je parle dans le vent et j'écris sur la glace ? OUI ! Et j'ajoute qu'il est heureux qu'il en soit ainsi, car autrement... Oui, autrement on n'irait plus à la pêche — par manque d'intérêt. La pêche, c'est comme l'amour.

     « Tu peux m'ouvrir cent fois les bras, C'est toujours la première fois...» (JEAN FERRAT)

     La pêche, ça se fait à deux. La difficulté pour bien pêcher réside dans le fait que votre partenaire habite un autre monde. Le Monde du silence, dit Cousteau.

     La truite est muette. Oui, faire la cour aux poissons présente certaines difficultés... et c'est le moins qu'on puisse dire. Il faut être aussi fou qu'un homme amoureux pour y croire. Or, amis lecteurs, si vous n'êtes pas amoureux de la pêche, ne lisez pas plus loin — ça n'a aucun intérêt.

     Je ne crois pas aux livres qui vous expliquent comment faire l'amour. Cette activité humaine la plus ancienne ne se montre pas, elle s'apprend. Elle se découvre, à deux.

     « Si les hommes connaissaient nos moments de faiblesse, ils nous prendraient toujours...» (NINON DE LENCLOS)

     Il n'y a que les goujats et les prétentieux qui disent « connaître les femmes ». On ne réussit jamais une femme car c'est toujours elle qui vous aura choisi. Or, si vous êtes d'accord avec ces quelques réflexions, vous serez d'accord avec moi. Vous lirez ces quelques chroniques amoureuses comme il se doit : à savoir qu'il s'agit de pensées, de réflexions, d'observations, rien de plus.

     Je ne veux PAS écrire un livre sur la pêche. Tout au plus, et c'est l'unique but de cet ouvrage, je veux vous dire que j'aime la pêche. Je ne vous dis pas : faites comme moi. Je vous raconte tout simplement comment, moi, je pêche. Je me mets en scène. C'est du théâtre.

     « Souviens-toi que les professeurs sont tous mauvais et qu'ils n'enseigneront jamais que leurs défauts...» (SACHA GUITRY)

     Le Québec est la plus vaste, la plus riche, la plus grandiose scène du monde ! Il n'en tient qu'à vous de passer la rampe. Alors, vous serez un homme heureux. Il n'y aura pas de bravos cependant. . . car il n'y a pas de vedettes, de champions de la pêche. C'est bien comme l'amour, le vrai amour, le bel amour.

     Montréal, février 1972.

     Afin de vous faciliter certains retours en arrière — au cas où ça vous intéresserait de le faire — j'ai adopté le plan suivant que nous appellerons tentativement parties. Il y en a trois.

     Estimant que pour être bon pêcheur, il importe de bien connaître le poisson, j'ai groupé en ce premier chapitre les poissons qui m'intéressent et je vous raconte ce que je sais de leur vie, leurs moeurs et leurs diverses réactions en certaines circonstances. Ce n'est pas un traité de biologie, c'est une opinion de pêcheur.

     Comme la plupart des Québécois, j'ai commencé avec une branche d'arbre, un bout de ligne et un hameçon esché d'un ver. J'avais sept ans. Depuis, j'ai essayé d'autres méthodes. Je parle un peu de ce que j'ai découvert au cours de 36 années d'observation, de lectures et d'expérimentation.

     Je consacre 8 heures par semaine à faire des recherches dans tous les domaines qui touchent à la pêche en eau douce. Un échantillon de ces recherches est soumis à votre attention.