Destination, La Miramichi

     Considérée comme l'une des meilleures rivières à saumon du Nouveau-Brunswick, la Miramichi permet de prolonger la saison jusque tard l'automne.

rivières à saumon du Nouveau-Brunswick, la Miramichi
     Si l'on me demandait d'établir une liste de rivières à fréquenter pour la pêche du saumon atlantique, j'y inclurais assurément celles du bassin de la Miramichi. Considérée jadis comme la capitale mondiale de la pêche du saumon atlantique, la Miramichi et ses tributaires demeurent toujours une destination de choix. Accessibles aux pêcheurs sportifs durant six mois, la cinquantaine de rivières faisant partie de ce bassin accueillent d'importantes montaisons annuelles. L'eau très claire s'écoule sur un lit de gravier et de roches sombres tout en ne procurant qu'un faible débit, et il est donc facile d'y pêcher.

     Je pêche le saumon dans des rivières du Nouveau-Brunswick depuis plusieurs années. Parmi les plus fréquentées, j'avoue avoir un penchant pour la Little South West Miramichi. Cette rivière comporte certes des fosses dites classiques, lesquelles retiennent du saumon durant toute la saison, mais aussi plusieurs fosses en coulée, soit des lieux de repos temporaires où le poisson a tendance à être plus preneur. Elle accueille des montaisons de saumons durant toute la saison qui débute le 15 avril pour se terminer le 15 octobre. Au printemps, à partir du 15 avril jusqu'au 15 mai, il est possible d'y récolter les saumons qui dévalent vers la mer après avoir passé toute la saison hivernale dans la rivière, leur poids moyen se situant entre 10 et 12 lb (4,5 et 5,5 kg).

    Compte tenu de la hauteur de l'eau à cette période de l'année, la pêche se pratique en embarcation. En juin, les saumons frais à livrée argentée dont le poids oscille entre 8 et 15 lb (3,6 et 6,8 kg) entrent dans la rivière, et en juillet ceux dont le poids se situe entre 4 et 6 lb (1,8 et 2,7 kg) les suivent. À l'automne, entre la mi-septembre et la fin de ce mois, selon Dame nature, de petits et de gros spécimens entreprennent leur montaison, et cela jusqu'en novembre. À ce temps de l'année, on récolte souvent des saumons de plus de 25 Ib (11,3 kg).

     Sans hésitation, je peux vous dire que je préfère pêcher en fin de saison sur cette rivière. Il est intéressant d'y leurrer le saumon durant les autres périodes de l'année, mais à l'automne le décor y est des plus enivrants. De plus, les nuits étant plus fraîches et les pluies faisant habituellement monter le niveau d'eau dans les rivières, les saumons y sont beaucoup plus mordeurs que durant la canicule. D'ailleurs, il y a quelques années lors d'une visite en octobre sur la Little South West, des confrères saumoniers et moi avons récolté plusieurs saumons avec des imitations d'éphémères montées sur des hameçons n° 14 et 16. Croyez-le ou non, les saumons se nourrissaient d'insectes adultes dérivant en surface. C'est l'une des plus belles expériences de pêche au saumon que j'aie vécues.

La pourvoirie Miramichi Inn

rivières à saumon du Nouveau-Brunswick, la Miramichi
     L'automne dernier, en compagnie de ma conjointe, j'ai séjourné à la pourvoirie Miramichi Inn située à Halcomb, près de Red Bank dans le centre-sud du Nouveau-Brunswick. C'était la troisième fois que j'habitais à cette auberge appartenant à Susan et André Godin, où l'ambiance est toujours chaleureuse et l'accueil des plus personnalisés. Et quel magnifique pavillon! Construit en pin rouge et en pierres des champs, il est érigé sur un promontoire offrant une vue imprenable sur la rivière Little South West Miramichi. Tout comme moi, ma femme a été impressionnée par le luxe, l'ameublement, la décoration et le confort incomparable de ce pavillon qui peut accueillir jusqu'à 14 clients simultanément.

    On y retrouve un salon avec foyer, une salle de séjour, une bibliothèque, une vidéothèque, un comptoir pour la vente d'équipement de pêche, une salle d'habillage, etc. Pour plus d'intimité, il est possible de réserver le petit cottage (pour six personnes) construit à proximité. Quant à la nourriture, j'ai été agréablement surpris de la succulente cuisine préparée par le chef Patrice Rainville, un citoyen de Sainte-Brigitte-de-Laval qui a déjà travaillé au restaurant Paris Brest de Québec et dont les plats sont aussi exquis que beaux.

Réalisation d'un rêve

     Voilà plus de 40 ans, André Godin, un adepte de pleine nature, de chasse et de pêche originaire de Trois-Rivières, a passé ses vacances dans le centre-sud du Nouveau-Brunswick. Il a tellement aimé cette région qu'à l'âge de 22 ans il a délaissé sa province natale pour s'y établir, au grand désespoir de son père qui lui avait confié la gestion de ses commerces. Mais André Godin voulait réaliser le rêve de sa vie : se consacrer à la chasse et à la pêche, tout en faisant découvrir cet éden qu'est le Nouveau-Brunswick à ses futurs clients. Au fil des ans, il a patiemment agrandi et aménagé sa propriété avec goût, puis en 1985 il a pris la décision de l'exploiter en pourvoirie. André Godin est maintenant propriétaire d'une auberge à laquelle le Programme d'évaluation des gîtes touristiques Canada Select décerne, depuis quelques années, dans la catégorie chasse et pêche, la mention 4 étoiles.

Pêche de qualité

rivières à saumon du Nouveau-Brunswick, la Miramichi
     Saviez-vous que le réseau des rivières Miramichi a déjà été la destination par excellence pour la pêche du saumon atlantique? Dans les années 50, on prétendait que la moitié de tous les saumons récoltés sportivement en Amérique du Nord provenait de ces rivières. Cependant, la pêche commerciale et le braconnage ont décimé les stocks, si bien qu'au début des années 80 les sportifs ne les fréquentaient presque plus. Puis, en 1984, des mesures draconiennes ont été instaurées pour redonner aux rivières leurs couleurs d'antan.

    Encore en vigueur de nos jours, cette gestion rigoureuse a entraîné une amélioration notable des stocks. Depuis quelques années, selon les évaluations des biologistes, les rivières du bassin de la Miramichi accueilleraient une montaison de plus de 30 000 saumons annuellement. Ce n'est certes pas comparable aux contingents de la belle époque, mais il y a assez de poissons dans ces rivières pour que la pêche sportive y soit de qualité. D'ailleurs, la moyenne quotidienne de saumons récoltés par les pêcheurs fréquentant la pourvoirie Miramichi Inn est de trois poissons par jour, un taux de succès appréciable. Quant à la moyenne des prises journalières à la pêche du printemps, elle est de 10 saumons par pêcheur. Il faut savoir que la Little South West Miramichi est considérée comme l'une des cinq meilleures rivières parmi toutes celles du bassin de la Miramichi. Mentionnons que le Miramichi Inn ne détient pas de droits exclusifs de pêche sur la Little South West, mais vous n'aurez aucune impression de promiscuité.

     Vous serez souvent seul dans la fosse, les pêcheurs locaux se faisant plutôt discrets.

Pas de veine!

     Lors de mon séjour au cours de l'avant-dernière semaine de septembre 2001, les conditions de pêche étaient exécrables. J'avais l'impression de pêcher en plein cœur du mois d'août. La période de canicule battait encore son plein, et les gros géniteurs n'avaient pas encore entrepris leur remontée. Ils étaient encore en mer, à l'entrée de la Miramichi, attendant qu'il y ait un peu plus d'eau dans la rivière pour entreprendre leur montaison. Tout comme au Québec, du milieu jusqu'à la fin de la saison 2001 les conditions de pêche ont été exceptionnellement difficiles en raison des températures extrêmes et surtout de l'absence quasi totale de précipitations.

     J'aurais bien aimé me retrouver dans de belles conditions de pêche, mais malheureusement je ne pouvais rester que quelques jours à la pourvoirie. La journée de mon départ, la pluie s'est mise de la partie, ce qui a haussé le niveau de l'eau. Le succès de pêche a augmenté en flèche et s'est maintenu jusqu'à la fin de la saison. En fait, le lendemain et les jours suivants, selon les dires de Godin qui s'est d'ailleurs empressé de me le confirmer par courrier électronique, les saumoniers clients de l'auberge ont récolté plusieurs saumons dont certains dépassaient les 10 kg (22 Ib).

Réglementation

     Au Nouveau-Brunswick, les pêcheurs doivent remettre à l'eau les saumons de plus de 25 po (63 cm). Selon le temps de l'année et le type de permis de pêche acheté, ils peuvent garder un ou deux madeleineaux par jour, jusqu'à un maximum de huit par année. Jusqu'au 16 mai, c'est-à-dire durant la saison de pêche du saumon du printemps, il n'y a aucune limite quant au nombre de saumons que les pêcheurs peuvent remettre vivants à l'eau chaque jour, à la condition qu'ils n'aient pas gardé la limite de deux madeleineaux. Et du 16 mai au 30 octobre il leur est possible de prendre et gracier jusqu'à quatre saumons quotidiennement à la condition qu'ils n'aient pas pris et gardé la limite d'un ou deux madeleineaux (selon le type de permis de pêche). Les sportifs peuvent acheter soit un permis de saison pour non-résident au coût de 149,50 $, lequel donne le droit de garder huit madeleineaux annuellement, soit un permis de pêche de 7 jours (80,50 $) remis avec 4 étiquettes, ou soit un permis pour 3 jours de pêche avec 2 étiquettes (40,25 $). À l'achat d'un permis de pêche pour 3 ou 7 jours, vous ne pouvez garder qu'un seul madeleineau quotidiennement.

     Notez que les non-résidents doivent retenir les services d'un guide local accrédité par la province. Ce sont Xavier Le Breton et Peter Poplar, deux guides expérimentés au service du Miramichi Inn, qui nous ont accompagnés durant notre séjour. L'expérience acquise dans des conditions variées combinée à un sens aigu de l'observation en font des guides émérites. Et ils ont l'œil averti, soyez-en assuré. Étant donné qu'il y a plus de 40 kilomètres de rivière accessibles, ils choisiront les fosses qui n'ont pas été fréquentées récemment par d'autres pêcheurs, ou si peu, et où les chances de récolter Salar sont les meilleures. À propos, si vous êtes plus familier avec la langue de Molière qu'avec celle de Shakespeare, réservez Xavier Le Breton, un Acadien sympathique, jovial et des plus perspicaces.

Les mouches

rivières à saumon du Nouveau-Brunswick, la Miramichi
     Il va sans dire que seule la mouche artificielle est autorisée pour la pêche du saumon atlantique dans cette province. Quels modèles sont les plus productifs? À l'exception de la pêche du printemps ou lors de crues, André Godin et les guides du Miramichi Inn suggèrent surtout l'emploi de toutes petites mouches noyées claires, soulignant que des éléments verts dans les composantes s'avèrent très efficaces. Godin pourrait vous donner la liste des mouches les plus usuelles pour la pêche au printemps, durant les mois de juin, juillet et août, de même qu'à l'automne.

    Lors de mon prochain séjour, je me propose bien d'attacher à mon bas de ligne la Same Thing Murray, une artificielle qui aurait été conçue spécialement par Doug Hasting pour pêcher sur la Little South West Miramichi. C'est Jacques Héroux, un artisan monteur de Dieppe au Nouveau-Brunswick, qui me l'a fait connaître l'hiver dernier lors d'un forum sur la pêche à la mouche au Québec. Pour en connaître la parure, consultez la chronique «Boîte à mouches» du mois dernier (SCP juin 2002). Quant aux mouches sèches, on utilise surtout la série Wulff, les Bombers et les Oiseaux.

Chasse de la bécasse

     Les environs de la pourvoirie Miramichi Inn sont situés dans un corridor de migration de la bécasse. Alors, la chasse de cet oiseau débutant presque en même temps que la montaison des grands saumons, pourquoi ne pas faire d'une pierre deux coups? Sans compter que les limites de prises et de possession sont très libérales dans cette province et qu'en plus, généralement, les gelinottes huppées y sont aussi présentes en bonne quantité. Quotidiennement, il est permis de récolter 8 bécasses et 6 gelinottes huppées. D'ailleurs les Godin possèdent des chiens d'arrêt, des Irish setters, spécialement entraînés par André Godin pour cette chasse, et ils sont très efficaces. Pour vous donner une idée de la qualité de chasse, du 23 au 28 octobre 2000, pour un total de 69 heures de chasse, 258 bécasses et 181 gelinottes ont été levées par les chiens, une moyenne de 6,33 oiseaux aperçus à l'heure. De ce nombre, 73 bécasses et 37 gélinottes furent récoltées, et cette moyenne est pratiquement la même chaque année.

     Lorsqu'on pense pêcher le saumon atlantique à l'automne, les rivières du bassin de la Miramichi viennent assurément à l'esprit du saumonier aguerri. La Little South West étant l'une des cinq plus productives, arrêter son choix sur cette rivière est certes judicieux, et d'autant plus si vous logez à la pourvoirie Miramichi Inn où vous serez reçu par un personnel courtois et compétent. Sans compter qu'il est aussi possible d'y chasser la bécasse et la gelinotte huppée. Soyez assuré que vous reviendrez enchanté de votre séjour.

Références

» Texte & Photo: Gilles Aubert (Juillet 2002).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.
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