Souvenirs de la petite rivière

Souvenirs de la Petite Rivière
     Les pêcheurs partagent l'avis que la rivière qui coulait mois de juin représente la période vers les champs idéale pour aller à la pêche dans à peu près toutes les régions du Québec. La crue printanière s'est définitivement résorbée, et l'eau des lacs et des rivières a atteint une température confortable pour la plupart des espèces de poisson préférées des pêcheurs sportifs. En fait, l'arrivée du mois de juin m'a rappelé de beaux souvenirs.

     J'ai passé une partie de ma jeunesse à la campagne. Du fond des bois émergeait une petite rivière qui coulait en serpentin à travers les champs avant de se jeter dans le fleuve Saint-Laurent. Je dois beaucoup à ce petit cours d'eau, car j'y ai fait mes premières classes. Il m'a permis d'apprendre un tas de choses sur la pêche, mais il m'a surtout appris à l'aimer. Cette petite rivière m'a donné ma première mouchetée, ma première carpe, mon premier brochet et mon premier doré. Évidemment, je ne pourrai jamais l'oublier.

     À partir de la mi-mai et durant une bonne partie de juin, chaque fin de semaine voyait mes frères, mes cousins et moi partir à l'aventure, canne sur l'épaule, afin de pêcher la petite rivière. C'est au cours de cette période que nous y faisions nos plus belles pêches. Chaque espèce de poisson avait son propre habitat; la méthode utilisée dépendait de l'espèce recherchée. Je t'invite donc à une partie de pêche dans la petite rivière. Ce cours d'eau ressemble à plusieurs autres qui coulent un peu partout au Québec; il y en a peut-être un près de chez toi. Tu verras qu'une petite rivière recèle de nombreux trésors; il n'en tient qu'à toi de les découvrir.

Eaux vives et truites

Souvenirs de la Petite Rivière
     En plus d'augmenter passablement le débit de l'eau, la crue printanière salissait les eaux de la petite rivière. Pas question de pêcher la truite dans de telles conditions. Pour nous, le signal du départ de la pêche de la truite sonnait véritablement quand l'eau devenait claire en même temps que son débit baissait.

    Mes compagnons et moi nous rendions alors dans le bois, non loin de la voie ferrée. Il y avait une succession de beaux rapides et des fosses suffisamment profondes pour que de belles truites puissent s'y cacher. La plupart du temps, nous utilisions des cannes à lancer léger. Nos leurres préférés? Un hameçon bien caché par un ver dodu et grouillant. Un petit plomb donnait à cet attirail un poids suffisant pour obtenir une certaine maîtrise du lancer et pour rejoindre la truite en profondeur. Pour l'avoir souvent expérimenté, je peux t'assurer que ce petit plomb faisait toute la différence entre le succès et l'échec. Je me rappelle avoir aussi utilisé une grosse canne à mouche en fibre de verre. Mais à l'époque je manquais d'expérience; les mouches ne calaient pas assez sous l'eau.

    On n'avait pas besoin d'équipement compliqué. Une paire de bottes de caoutchouc, une petite boîte pour traîner les vers, et une autre que l'on glissait dans la poche du pantalon et qui contenait quelques hameçons et des petits plombs.

    On prenait bien soin de faire nager le ver autour des roches qui coupaient le courant en deux ou encore dans les longs rapides dans lesquels les truites prenaient place pour saisir la nourriture charriée par le courant. Malgré nos «jeunes» efforts les prises étaient peu nombreuses, mais le plaisir de se déplacer sur les roches, de lancer en travers du courant, d'anticiper l'attaque d'une truite, sans égard à sa grosseur, nous comblait de bonheur.

Eaux calmes et carpes

Souvenirs de la Petite Rivière
     À un demi-kilomètre environ du confluent de la petite rivière avec le fleuve, un barrage retenait les eaux de la rivière. Le lac ainsi formé contenait de la carpe et d'autres espèces de poisson que l'on nommait, faute de mieux les connaître, des poissons «blancs».

     C'est là que j'ai appris à pratiquer la pêche avec un flotteur. Qu'est ce que c'est? Il s'agit d'attacher un hameçon et d'y piquer un ver de terre. De 40 à 60 centimètres de l'hameçon, tu attaches une grosse boule blanche et rouge, faite de plastique, qui flotte très bien. À défaut d'avoir un flotteur de plastique, un bouchon de liège coloré en rouge ou en blanc peut aussi très bien faire l'affaire.

     Pourquoi utiliser un flotteur? Pour détecter plus facilement le moment où le poisson tire sur l'appât pour l'avaler. Essaie-le, tu verras comme c'est captivant. Je me souviens que mes compagnons et moi passions des après-midi entiers à taquiner la carpe et les «poissons blancs». Je t'avoue bien franchement que nous avions autant de plaisir à voir nos flotteurs s'agiter à la surface de l'eau qu'à capturer des poissons.

Références

» Texte & Photo: Gérard Bilodeau (Juin 1998).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.

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