Pensez Achigan

125 ans de pêche à l’Achigan Et l’évolution dans La création des Artificielles

Par Jacques Juneau 
Et photos de l’auteur


     En 1881, James Alexander Henshall M. D., écrit son premier volume sur la pêche à l’achigan intitulé « Book of the Black Bass ». Il sera réédité pendant 40 ans et l’auteur ne cessera de l’améliorer en présentant les récents apprentissages et découvertes qu’il fait au début du siècle.

     Sur 543 pages plus de 130 sont consacrées à la morphologie, la distribution géographique et les ensemencements faits en Amérique de ce poisson. C’est que la pêche à l’achigan commence à être connu. Mais l’auteur doit présenter l’équipement de pêche où il profite de l’occasion pour faire l’équipement de la pêche à la mouche ce qui n’est pas courant à l’époque pour ce type de pêche. L’auteur avait pris soin de rencontrer partout dans le monde les fabricants de cannes à moucher en bambou. L’évolution de ces cannes s’est faite en même temps que celle des moulinets, des lignes et soies, des hameçons et autres.


     Il rencontre Mary Orvis et il recommande alors l’utilisation des grosses mouches à truites de ce début de siècle (probablement pour l’achigan à petite bouche), dans le style que monte la dame Orvis, pour tromper l’achigan (la Polka, l’Oriole, l’Oconomowoc, la Coachman). Henshall créera sa propre mouche en plume la Henshall.


    De gauche à droite : La Oconomowoc, la Lord Baltimore, au centre la Henshall, en bas la Polka et la Juno.


     Les autres artificielles existaient cependant depuis près d’une centaine d’année. L’auteur fait remonter jusqu’en 1764 l’existence de mouche nommées « The Bob » qu’un naturaliste (Bartram) avait décrites telles que vues chez les amérindiens dans les états du sud (probablement pour l’achigan à grande bouche en Floride). C’étais des leurres dont les pattes et les ailes étaient faites de poils de queue de chevreuil. Le corps était en bois de cèdre et l’aile reposait en delta sur le dessus en plume de flanc de canard.

     « The Bob » était un nom général pour ce genre de leurre à corps durs. La prochaine évolution notée est celle de véritables « Bass Bugs ». Cela remonte en 1893 où un dénommé M. D. Butler d’Indianapolis présenta sa création à monsieur Henshall lors de la Foire mondiale de Chicago. En 1906, m. E. h. Peckinpaud développe ce qui semble les premiers bass bug avec le corps en liège sur hameçon double pour l’équilibrer en surface. On raconte qu’il cherchait à faire mieux flotter ses Bobs de chevreuil. Le hasard voulu qu’après une journée infructueuse de pêche à l’achigan à grande bouche, m. Peckinpaugh arrêta pour se reposer et prendre un café. En enlevant le bouchon de liège qui fermait son thermos de café, le bouchon lui glissa des doigts et tomba à l’eau. Quelques secondes après avoir touché l’eau, un achigan à grande bouche l’aurait engouffré. Il continua à monter ses bugs qu’il avait d’abord nommé « Bream Bugs » pour le Blue Gills, le nomma alors « Night Bugs » qui fut offert dans le catalogue de Hilderbrant dès 1913 et ensuite par la compagnie Abby & Imbrie de New-York. Peckinpaugh se consacra entièrement à sa production et à la pêche.


Night Bug, montage de l’auteur

     Les monteurs de la ville de Chicago ont à la suite de leur Foire collaboré avec les fabricants de leurres pour établir des standards dans ces types de mouches faite avec des corps en liège, des plumes, de la soie floche, de longues ailes, des hackles, des queues en plumes. On y retrouve la « Peet’s Favorite » (avec un corps blanc, raies brunes, ailes de dinde blanche, queue blanche), la « Dilg’s Gem » (corps orange brûlé, raies noires, ailes dinde brune, queue brune et grise), la « Clarke’s Fancy » (corps blanc, ailes dinde blanche, queue jaune et rouge), la « Wilder’s Discovery » (corps jaune, raies rouges, ailes dinde jaune et rouge). La « St John’s Pal » (corps rouge, raies noires, ailes mallard, queue jaune, la « Hadley’s Choice » (corps jaune, raies noires, aile dinde jaune et blanche, queue blanche).

     La « Chadwick’s Sunbeam » (corps jaune, raies noires, ailes oeil de paon, queue rouge).

     La « Alex Friend » (corps or, ailes dinde jaune et rouge, queue noire), la « Bob Davis » (corps jaune, ailes dinde jaune, queue jaune), la « Zone Grey » (corps gris, raies grises, ailes dinde grise, queue grise), la « Carter Harrison » (corps brun, raies jaunes, ailes écureuil-renard, queue écureuil-renard), la « Dr. Henshall » (corps tan, raies rouges, ailes dinde blanche et rouge, queue brune), la « Brann’s Ranger » (corps argent, ailes faisan avec queue de chevreuil jaune, queue rouge-vin) et la « Hank,s Creation » (corps argent, ailes canard rouge-vin, queue blanche). Ces modèles de base firent autorité pendant qu’ailleurs d’autres séries se développaient.

     Le Cork bug fut développé en 1911 d’après un modèle de monsieur Adams de New-York par monsieur B. F. Wilder aussi de New-York. C’est le même homme qui créa les bugs avec la queue et collerette en hackle (feather minnow) de 1917 à 1921, permettant une plus grande animation dans l’action de l’artificielle. Le drôle d’hameçon avec une bosse est aussi l’invention d’un compagnon de Wilder. Cela donna la série de bugs de Wilder et de Dilg montés sur des hameçons à tige bossue du monteur avec lequel ils s’étaient associés; Cal MacCarthy. On nomma les bugs « Calmac Bug ».

     D’autres sources signalent qu’en 1917 monsieur Peckinpaugh commercialisa une artificielle de John M. Parker sous le nom de « Parker Minnow » qui était le premier véritable « Feather Minnow » utilisant des saddles dans la queue, des plumes de paon et un hackle comme colerette. La tête était carrée avec deux yeux sur les côtés. En 1928 on retrouve notre ami monsieur Peckinpaugh qui utilisa une fraise de dentiste afin d’obtenir une tête concave (à l’horizontale) à ses bugs. En 1913 les premiers « Popping Bug » sont commercialisés.

     James Heddon montait commercialement des artificielles dans le Michigan. Il commercialisa les « Wilder Dilgs bugs » en substituant un corps en plastique transparent à l’original puis ajouta d’autres modèles pour faire la série « Bass Bug Spooks » (à gauche la Bass Bug Spook et à droite la Wilder Dilg Spook, de type glisseur).


     Dans cette ligne il créa par la suite une grenouille avec un anti-herbe, la Popeye. Vers la même époque retour de monsieur Peckinpaugh, sans la série des Popping Bugs, où il introduit la création de la « Grasshopper », de la « Dragon Bug » et de la « Martin Minnow » qui est la version ancienne du Popper d’aujourd’hui.

     Dans le groupe des artificielles qui sont des imitations de nourriture vivante de l’achigan on retrouve les grenouilles, les libellules, les papillons de nuit et les crippet minnow.

     Monsieur S. Longendyke créa à la même époque que la série des Bass Bug Spook une grenouille qui devint un classique avec un corps en liège et pattes en poils de queue de chevreuil.

     Le premier pensil bug visant à reproduire les poissons fourrages sont des créations modernes inspirées de bug minnow créés au début du siècle. Ils étaient utilisé dans le sud de la Floride dans la rivière St-John pour pêcher l’achigan mais ce petit « Marm minnow bug » était inconnu du reste de l’Amérique. Les pêcheurs en attachaient trois sur leur ligne lorsque les achigans chassaient les écoles de petits poissons fourrages près de la surface.

     Les bullet bug étaient montés pour imiter les Alewife minnows (argentés et blancs de 3 pouces de long) servant de nourriture aux Bars rayés dans la baie de Chesapeake et ses estuaires. Ils sont à l’origine des « Bullet Head Bug » d’aujourd’hui de des célèbres sliders.

     En 1920, Tom Loving inventa un « Gerbubble Bug » qui était constitué de deux morceaux plats de balsa enfermant des fibres de hackle dépassant sur les côtés et avec une queue. Mais c’était difficile à lancer et on devait le faire déposer sur un nénuphar pour ensuite le ramener dans l’eau.

     En 1947 Ray Bergman développe le « Bergman Design Bass Bug » rouge et blanc avec la queue de chevreuil rouge et les ailes à 90 ° de queue de chevreuil blanc.

     Au début des années 70 on redécouvre peu à peu les Poppers et c’est Tom McNally qui sonna le réveil en créant la « McNally Frog » il fit connaitre aussi la « McNally Bullet Bug » et fit découvrir au monde de la pêche à la mouche le Marm Minnow aussi connu comme Pencil Popper.
 
     À la même époque, Lefty Kreh, pêcheur des caines de Floride, détenteur de records de pêche mondiaux, développe et popularise le « Lefty’s Bug », dénudé car constitué uniquement d’une queue en poils de queue d’écureuil et d’un corps en liège avec rien d’autre, dégageant bien la pointe de l’hameçon. Le dessous est plat et monté dans le style Popper (face à l’angle) ce qui donne une position plus basse sur l’hameçon et permet de le ramener sans qu’il plonge.


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