Le Carcajou

     Voilà un animal qui a causé bien des maux de tête aux trappeurs du nord québécois, il y a de cela des décennies. Le regretté Paul Provencher, un des derniers ingénieurs forestiers à pratiquer son métier en se déplaçant en raquettes et en traîneau à chien, a souvent rencontré des trappeurs autochtones désespérés parce qu'un carcajou s'employait à voler leurs appâts et à déclencher les pièges... sans s'y laisser prendre, évidemment.

Le carcajou
     Ces comportements du carcajou sont à l'origine de bien des contes et légendes, que les trappeurs se racontaient autour d'un poêle à bois au cours des longues soirées d'hiver. Évidemment, ce contexte stimulait l'imagination tant et si bien qu'avec le temps, la carcajou se voyait affublé de toutes les qualités mais aussi de tous... les vices du monde. Mais qu'en est-il au juste du carcajou?

     Observer un carcajou dans son habitat naturel relève de la chance. En effet, je te signale tout de suite que le carcajou est très rare. Qui plus est, il habite le nord québécois et canadien. Il se trouve à l'aise tant dans la toundra que dans les forêts clairsemées de la taïga. D'ailleurs, selon mes informations, il y a longtemps que sa présence a été officiellement signalée au Québec.

     Le carcajou fait partie de la famille des mustélidés. Les animaux de cette famille ont de petites oreilles, des pattes courtes et un corps fin et allongé. À titre d'exemple, la mouffette, la belette et le vison font eux aussi partie de cette famille. Le corps du carcajou est recouvert de poils longs et touffus de couleur brun sombre. Une bande d'un brun clair apparaît jusque sur ses épaules. Quelques poils brun clair ornent aussi son visage.

     Le carcajou adulte peut atteindre la taille d'un ourson, ce qui représente une longueur de 1,5 mètre environ. Il vit en solitaire. Le mâle occupe un territoire immense qui peut couvrir une surface de 2000 km2. Marcheur infatigable, il peut parcourir son domaine en une dizaine de jours; on signale que le carcajou peut franchir près de 150 km en 24 heures.

     Le carcajou mâle ne tolère pas la s présence d'un congénère du même sexe sur son territoire mais a il accepte, avec plaisir sans doute, celle des femelles. Pour signaler sa présence, le mâle prend soin de marquer son territoire en expulsant un liquide provenant de ses glandes ventrales, ou en déposant ses excréments ou son urine en des endroits choisis. De plus, si le carcajou se sent menacé, il peut projeter jusqu'à une distance de 3 mètres environ un liquide dont l'odeur fortement nauséabonde ne laisse pas de choix à son destinataire.

     Le carcajou est davantage omnivore que Carnivore. Il consomme des fruits, des racines mais aussi des petits mammifères, des poissons et aussi, de temps à autre, de l'orignal ou du caribou. De plus, il ne recule pas devant de la charogne, sa structure dentaire lui permettant de nettoyer les carcasses.

LE SAVAIS-TU?

     Au début de la colonie, la chasse avait pour but de se procurer de la nourriture. Mais avec le progrès, la raison d'être de la chasse a changé. Fondamentalement, la chasse sportive telle qu'on la pratique maintenant est une activité de loisir qui contribue, comme tout autre activité, à stimuler l'économie du pays. Mais savais-tu que la chasse constitue aussi un puissant outil d'aménagement auquel les biologistes recourent régulièrement pour assurer l'équilibre au sein de certaines populations animales? 

     En réglementant adéquatement la chasse, on peut ainsi mieux contrôler la croissance d'une population animale ou, à l'inverse, stimuler cette croissance en limitant les captures à un segment particulier de la population. Au Québec, la loi sur la conservation de la faune et de ses habitats, et les règlements qui en découlent, assurent que les diverses populations de gibiers soient exploitées de manière à promouvoir leur conservation tout en permettant l'accès au plus grand nombre de personnes possible. Je t'encourage donc à chasser dans le plus grand respect des règlements édictés par le ministère de l'Environnement et de la Faune afin que tu puisses bénéficier de ce loisir pendant encore longtemps.

Références

» Texte & Photo: Gérard Bilodeau (Novembre 1995).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.

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