L'Oie des Neiges

     L'oie des neiges, que l'on appelle aussi la grande oie blanche, ne manque pas de susciter l'admiration. Les groupes d'oies volant en adoptant une formation en V et leur migration bi-annuelle qui les amène à se déplacer sur des milliers de kilomètres à l'automne et au printemps, font partie des caractéristiques qui rendent cet oiseau admirable.

L'oie des neiges
     Succintement, le cycle de vie de l'oie des neiges se présente ainsi. Au début juin, le troupeau d'oies atteint les sites de reproduction situés dans certaines îles de l'Arctique. Peu de temps après, les femelles matures pondent entre 4 et 7 œufs. La couvaison dure un peu plus d'une vingtaine de jours, tant et si bien que les oisons, les «bébés» oies, voient le jour au cours de la première quinzaine de juillet. Les oisons entièrement couverts de duvet jaune quittent rapidement le nid à la recherche de nourriture. Leur croissance sera rapide. Lorsque les premiers signes de l'hiver arctique surviennent, généralement vers les premiers jours de septembre, les oisons ont atteint une taille se rapprochant de celle des adultes.

     Les oies amorcent alors un long voyage au terme duquel elles auront atteint leurs quartiers d'hiver dans les États américains du Maryland, de la Virginie et de la Caroline du Nord. Mais pour notre plus grande joie, elles font une halte de plusieurs semaines à Montmagny, au Cap Tourmente et en bien d'autres endroits le long du fleuve Saint-Laurent. Cependant ces dernières années, en raison de l'importance du troupeau d'oies, on les a observées de plus en plus loin du fleuve, à l'intérieur des terres. Les oies en profitent alors pour se nourrir et se reposer avant de continuer leur route. Il est relativement facile d'identifier les oies. En vol, elles paraissent entièrement blanches, sauf l'extrémité des ailes qui est noire. Au sol, si tu disposes d'une bonne paire de jumelles, tu remarqueras que la tête et une partie du cou affichent une légère teinte de rouille. Quant aux jeunes oies, le gris domine la coloration de leur plumage; de plus, leurs pattes et leur bec sont noirâtres.

     Au cours des 25 dernières années, la population d'oies des neiges a connu une forte croissance. Des relevés effectués l'an dernier estiment leur nombre à 600 000 alors qu'il se situait à environ 120 000 au début des années 70. Plus tôt, je te soulignais que cette croissance phénoménale du troupeau d'oies avait entraîné une modification de leur comportement lors de leur migration. Par exemple, dans Portneuf où j'ai chassé la sauvagine durant ma prime jeunesse, on ne voyait jamais d'oies. Maintenant, des volées d'oies s'y arrêtent régulièrement. Mais elles ont découvert, avec le temps, l'abondance de nourriture que leur offrent les champs et la culture... au grand dam des agriculteurs. Dernièrement, un reportage à la télévision montrait des agriculteurs de la région de Saint-Vallier, non loin de Montmagny, réclamant des mesures de la part des autorités gouvernementales afin d'empêcher les oies de détruire leurs cultures.

LE SAVAIS-TU?

     Dès le début de la colonie, les grandes oies blanches ont attiré l'attention; d'ailleurs, en 1535, Jacques Cartier relate leur présence sur les berges du fleuve. Mais elles ont par la suite fait l'objet d'une chasse intensive, tant à l'automne qu'au printemps, à un point tel qu'au début des années 1900, leur nombre oscillait entre 2 000 et 3 000 individus seulement. Devant cette situation, un chasseur du nom de Charles Frémont obtint du Séminaire de Québec le droit exclusif de chasse des oies au Cap Tourmente, endroit où les oies blanches s'arrêtaient, et s'arrêtent encore, au printemps et à l'automne afin de se nourrir et de se reposer.

     En acquérant ainsi les droits exclusifs de chasse, Frémont limitait radicalement la pression de chasse à un endroit stratégique lors des migrations bi-annuelles des oies. Quelques années plus tard, la chasse printanière devint illégale aux États-Unis et au Canada. Par la suite, les autorités américaines ont décrété la protection des oies lors de leur séjour hivernal. Ces mesures ont évidemment entraîné assez rapidement un accroissement du nombre d'oies, phénomène qui s'est poursuivi sans arrêt jusqu'à nos jours avec les résultats que l'on connaît.

Références

» Texte & Photo: Gérard Bilodeau (Octobre 1995).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.

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